Infames Romani

Q. Fabius Q. f. Q. n. Maximus [107]

Numéro
185
Identité
Catégorie
Autres cas
Sous catégorie
-
Date de l'épisode
-91
Références prosopographiques

F. Münzer, RE, 6/2, 1909, col. 1790 n° 107 s. v. Fabius ; DPRR n° FABI4142.

Source
Source

Cic., Tusc. 1, 81 : Omitto dissimilitudines. Vellem adesse posset Panaetius (uixit cum Africano) ; quaererem ex eo cuius suorum similis fuisset Africani fratris nepos, facie uel patris, uita omnium perditorum ita similis, ut esset facile deterrimus ;


Je ne dis rien des dissemblances. Je voudrais que nous ayons ici Panetius : c’était le familier de Scipion l’Africain. Je lui demanderais à qui des siens ressemblait le petit-fils du frère de l’Africain ; de figure, il se peut qu’il ait ressemblé à son père, mais dans sa conduite il ressemblait si fort à tous les gredins qu’il en était sans difficulté le plus pervers (trad. G. Fohlen et J. Humbert, CUF).


 


Val. Max. 3, 5, 2 : Age Q. Fabi Maximi Allobrogi<ci> et ciuis et imperatoris clarissimi filius Q. Fabius Maximus quam perditam luxuria uitam egit ! Cuius ut cetera flagitia obliterentur, tamen abunde illo dedecore mores nudari possunt, quod ei Q. Pompeius praetor urbanus paternis bonis interdixit, neque in tanta ciuitate qui illud decretum reprehenderet inuentus est : dolenter enim homines ferebant pecuniam, quae Fabiae gentis splendori seruire debebat, flagitiis dissici. Ergo quem nimia patris indulgentia heredem reliquerat publica seueritas exheredauit.


Voyez Q. Fabius Maximus, le vainqueur des Allobroges, qui, en tant que citoyen aussi bien que chef d’armée, eut tant de célébrité, et son fils Q. Fabius Maximus dont la vie s’est si profondément perdue dans la débauche ! On peut bien cacher tous ses autres esclandres, la honte que voici suffit amplement à dévoiler ses mœurs, le fait que Q. Pompeius, quand il était préteur chargé des affaires urbaines, lui a interdit la libre disposition des biens venus de son père et que, dans un corps civique si vaste, il ne s’est trouvé personne pour critiquer cet arrêt. C’est qu’on souffrait de voir l’argent qui aurait dû servir à la splendeur de la famille des Fabii se dissiper dans les esclandres. Ainsi cet homme que l’indulgence excessive de son père avait laissé recevoir son héritage vit la sévérité de l’État le priver d’héritage (trad. R. Combès, CUF, modifiée).

Notice
Notice

Q. Fabius Maximus est le fils, vraisemblablement aîné, de Q. Fabius Maximus Allobrogicus[1], le consul de 121, et le petit-fils de Q. Fabius Maximus Aemilianius[2], le consul de 145, fils de Paul Émile adopté par Q. Fabius Maximus, préteur en 181[3]. Bien qu’étant l’héritier d’une gens extrêmement puissante de la fin de la République, nous ne lui connaissons aucune magistrature, ni rang sénatorial. Son appartenance à l’ordre équestre est vraisemblable en raison de son origine familiale, mais non certaine. Les sources n’ont gardé son souvenir qu’à travers l’humiliation que lui fit subir Q. Pompeius, préteur urbain de 91[4]. D’après Valère Maxime, Q. Pompeius lui refusa en effet la bonorum possessio de l’héritage de son père à cause de ses flagitia. Cicéron témoigne également du scandale qui l’entourait en le désignant d’une manière particulièrement alambiquée (le petit-fils du frère de Scipion Émilien), peut-être pour ne pas froisser les Fabii contemporains. À notre connaissance, aucun texte de loi ne précisait qu’un débauché notoire était frappé d’une quelconque incapacité. Il faut dire qu’une telle notion aurait été relativement floue et aurait laissé une grande marge d’appréciation au magistrat. D’ailleurs, aux dires de Valère Maxime, aucun citoyen ne vint remettre en cause la décision de Q. Pompeius, signe qu’elle ne reposait sur aucune règle juridique[c1] . Cela suggère donc que Q. Pompeius agit ici arbitrairement, à la manière des censeurs, dont il reprenait d’ailleurs un motif de dégradation : Q. Fabius mettait en danger le patrimoine familial et il ne menait pas la vie qu’on attendait d’un rejeton de la noblesse[5]. Mieux, le préteur se substituait au père de famille car ce dernier aurait dû le déshériter pour le bien de sa lignée.


Malgré cet esclandre, son fils, Q. Fabius Maximus[6], devint consul en 45, et ses petit-fils, Paullus Fabius Maximus[7] et Africanus Fabius Maximus[8], consuls ordinaires en 11 et 10 avant J.-C.






[1] F. Münzer, RE, 6/2, 1909, col. 1794-1796 n° 110 s. v. Fabius et K.-L. Elvers, Neue Pauly, 4, 1998, col. 371 [I 24].


[2] F. Münzer, RE, 6/2, 1909, col. 1792-1794 n° 109 s. v. Fabius et K.-L. Elvers, Neue Pauly, 4, 1998, col. 370‑371 [I 23].


[3] Voir le tableau généalogique dans Neue Pauly, 4, 1998, col. 370.


[4] MRR, 2, p. 20.


[5] Cf. Bur 2018, chapitres 5.3-4.


[6] F. Münzer, RE, 6/2, 1909, col. 1792-1794 n° 108 s. v. Fabius et K.-L. Elvers, Neue Pauly, 4, 1998, col. 368‑370 [I 22].


[7] E. Groag, RE, 6/2, 1909, col. 1780-1789 n° 102 s. v. Fabius et PIR², 3, 1943, p. 103-105, F 47 et W. Eck, Neue Pauly, 4, 1998, col. 377 [II 14].


[8] E. Groag, RE, 6/2, 1909, col. 1779-1780 n° 101 s. v. Fabius et PIR², 3, 1943, p. 102-103, F 46 et W. Eck, Neue Pauly, 4, 1998, col. 377 [II 13].

Bibliographie
Bibliographie

Bur 2018 : Bur C., La Citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 avant J.-C. – 96 après J.-C.), Rome, 2018.


Clément Bur, Infames Romani n°185, Albi, INU Champollion, Pool Corpus, 2018, mis à jour le