Infames Romani

 

Présentation :

Ce catalogue prosopographique fut réalisé dans le cadre de mon doctorat : La citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 av. J.-C. – 96 apr. J.-C.). Le volume principal de cette thèse est publié dans la Collection de l’École française de Rome, n° 544, paru en 2018. La prosopographie, sur laquelle se fondait la synthèse et qui formait le volume d’annexes, est disponible sur ce site. Elle peut toutefois être consultée indépendamment de la monographie, de nombreux personnages étudiés ici ne se retrouvant pas dans d’autres prosopographies.

Clément Bur

Pour toute remarque (signaler une coquille, un lien mort…), vous pouvez m’écrire à clement.bur@univ-jfc.fr.

Contenu :

Nous avons défini l’infamie comme une situation de diminution des droits découlant de la proclamation officielle du discrédit de l’individu. C’est l’existence ou non de cette formalisation qui a guidé notre choix. À ce titre, trois facteurs ont été fondamentaux dans la définition de notre catalogue disponible en ligne :

  • le recours à une instance publique officielle, généralement un magistrat, pour actualiser l’infamie ;
  • les conséquences concrètes de l’infamie dans la vie civique telles que la perte du rang dans la hiérarchie civique et/ou de capacités liées à son statut civique ;
  • le fait de rester dans la cité et d’endurer les effets de l’infamie (pour cette raison, nous avons exclu les exilés, les suicidés et les condamnés à mort).

En somme, notre recension regroupe les personnages ayant subi une dégradation officielle, symbolique ou statutaire, pour cause d’indignité. Cette dégradation peut consister en une exclusion d’un ordre privilégié fondée sur la perte de l’honorabilité requise, mais aussi en une exposition humiliante ou une stigmatisation de l’individu à cause de sa conduite contraire aux normes et valeurs du groupe. En outre, lorsque les cas étaient anonymes et/ou collectifs, nous ne les avons retenus que si la cause d’infamie était signalée. De la sorte, notre liste comprend :

  • les victimes du regimen morum censorial (exclus du Sénat, chevaliers privés de leur cheval public, juges rayés des décuries, citoyens relégués parmi les aerarii et changés de tribu) ;
  • les soldats subissant les punitions infamantes de la disciplina militaris (peine humiliante, dégradation et renvoi ignominieux)[1];
  • les candidats aux magistratures déboutés à cause de leur indignité ;
  • les sénateurs dont l’exclusion fut votée par le Sénat ;
  • les membres d’un collège exclu par un vote de ce dernier ;
  • les condamnés dans un procès non capital provoquant l’infamie (les plus documentés étant les procès de ambitu et de repetundis) pour lesquels l’exil n’est pas mentionné, à moins qu’il ne soit nettement postérieur à la condamnation ;
  • les personnages frappés par l’application de dispositions légales infamantes comme le refus de prêter serment à une loi du peuple Romain.

En plus de quelques cas divers ne pouvant s’insérer dans aucune des catégories exposées ci-dessus, nous avons également tenu à inclure les cas où l’infamie fut parfois supposée parce qu’ils enrichissent notre connaissance de l’horizon de représentation des Romains et permettent d’affiner notre compréhension des procédures d’actualisation de l’infamie. En revanche, il nous a semblé préférable de ne pas recenser les praticiens d’une activité infamante (gladiateurs, acteurs, prostitués, hérauts, proxénètes, lanistes) signalés dans les sources. Ce ne sont bien souvent que des noms qui n’auraient fait qu’alourdir le propos alors que des études leur ont déjà été consacrées. Les aristocrates ayant participé volontairement à un spectacle public furent pris en compte car ils constituaient des cas limites susceptibles d’enrichir notre compréhension des horizons d’attente romains et du fonctionnement de l’infamie[2].

Méthode de recension :

Les personnages de ce catalogue ont été trouvés grâce au dépouillement des sources et à l’examen des prosopographies existantes. En outre, dans le cas des condamnés, pour la période républicaine, nous avons croisé la vaste recension de M. C. Alexander, Trials in the late Roman Republic, 149 BC to 50 BC, Toronto, 1990 avec l’appendice E d’E. S. Gruen dans Roman Politics and the Criminal Courts, 149-78 B.C., Cambridge (Mass.), 1968, p. 304-310 ; l’appendice 2 du même auteur dans The Last Generation of the Roman Republic, Berkeley, 1974, p. 524‑533 ; la liste signalée par D. R. Shackleton Bailey dans « The Prosecution of Roman Magistrates-Elect », Phoenix, 1970, 24/2, p. 162-165 ; et l’appendice 1 de P. Nadig dans Ardet ambitus. Untersuchungen zum Phänomen der Wahlbestechungen in der römischen Republik, Francfort, 1997, p. 145-189. Pour l’Empire, nous nous sommes servis principalement de l’appendice 9 de R. J. A. Talbert dans The Senate of Imperial Rome, Princeton, 1984, p. 506-510 ainsi que de la liste de P. A. Brunt dans « Charges of Provincial Maladministration under the Early Principate », Historia, 1961, 10, p. 189-227.

Organisation des notices :

À l’intérieur de chaque catégorie, reprenant l’ordre du plan originel de la thèse, nous avons opté pour un classement chronologique puis alphabétique lorsque nous avions des dates identiques.

Par commodité, nous avons affublé d’un surnom les cas anonymes, qu’ils soient individuels ou collectifs.

À chaque notice est associé un numéro (numérotation continue) qui lui sert de référence.

Lorsqu’un même personnage subit plusieurs dégradations, nous l’avons reporté dans chaque catégorie correspondante, avec le même numéro et en renvoyant à la notice principale exposant l’ensemble de sa vie.

Disposition de chaque notice :

Dans l’en-tête, nous avons mis le nom complet, avec la filiation lorsque celle-ci est connue, et la référence à la Realencyclopädie. Si le personnage n’est pas référencé dans la Realencyclopädie, nous l’indiquons par [*].

Pour chaque cas, nous commençons notre présentation en rappelant la nature de la dégradation et sa date. Pour des raisons techniques, la date est donnée en +/- et lorsqu’il y a une incertitude, la fourchette chronologique est indiquée en dessous. Nous avons opté pour la borne permettant d’inclure la notice le plus largement dans les recherches.

Nous indiquons ensuite les principales références prosopographiques concernant le personnage.

Nous donnons les sources, avec leur traduction (dans la CUF lorsqu’elle existe), traitant uniquement de l’épisode qui nous intéresse. Afin de mieux respecter le texte original, nous n’avons développé les prénoms que si le texte les développait, notamment lorsqu’ils soulèvent une difficulté, et nous avons homogénéisé les noms des personnages dans les traductions.

La notice en elle-même rappelle brièvement la vie du personnage avant sa dégradation et se préoccupe surtout de celle-ci. Nous concluons chacune par ce que nous savons du devenir de chaque personnage et de sa descendance.

La bibliographie est donnée ensuite, avec, lorsque cela est possible, un lien vers un article en ligne.

Enfin nous indiquons comment citer la notice.

Notes :

[1] Précisons que nous n’avons pas retenu les punitions militaires infamantes qui accompagnaient la décimation (attribution de rations d’orge, ordre de camper hors du retranchement) parce qu’elles n’étaient pas des peines per se, mais les conséquences d’une punition plus lourde.

[2] Sur les aristocrates gladiateurs, acteurs, bestiaires, voir Bur 2011 et sur les interdits un autre article devrait paraître bientôt.