E. Groag, RE, 3/1, 1897, col. 1170 s. v. Cadius et PIR², 2, 1936, p. 1-2, C 6 ; W. Eck, Neue Pauly, 2, 1997, col. 881, s. v. Cadius ; Brunt 1961, p. 225, n° 16 ; Bleicken 1962, p. 160, n° 8 ; Talbert 1984, p. 508, n° 11 ; Thomasson 1984, col. 244, 27/8 ; Rémy 1989, p. 26-27, n° 9.
Tac., Hist., 1, 77, 3 : Redditus Cadio Rufo, Pedio Blaeso, Scaeuino Paquio senatorius locus ; repetundarum criminibus sub Claudio ac Nerone ceciderant ; placuit ignoscentibus, uerso nomine, quod auaritia fuerat uideri maiestatem, cuius tum odio etiam bonae leges peribant.
Cadius Rufus, Pedius Blaesus, Scaevinus Paquius furent réintégrés dans l’ordre sénatorial ; ils avaient été condamnés pour concussion sous Claude et sous Néron, mais ceux qui les absolvaient jugèrent bon de changer de grief, en faisant passer leur cupidité pour lèse-majesté, terme en haine duquel on laissait alors périr même de bonnes lois (trad. P. Wuilleumier et H. Le Bonniec, CUF).
Tac., Ann., 12, 22, 3 : Damnatus et lege repetundarum Cadius Rufus, accusantibus Bithynis.
On condamne aussi, en vertu de la loi sur la concussion, Cadius Rufus, accusé par les Bithyniens (trad. P. Wuilleumier, CUF).
C. Cadius Rufus n’est connu que par deux passages de Tacite[1] et quelques monnaies qui permettent d’établir son prénom[2]. Proconsul de Bithynie entre 43 et 48[3], il fut accusé à son retour à Rome, en 49[4], par les provinciaux, bien qu’il fût leur patron[5], d’après la lex repetundarum comme le précise Tacite à deux reprises[6]. Condamné d’après la loi Julia, il perdit sa place au Sénat et le droit de briguer une magistrature ainsi que certains droits judiciaires et dut également réparer le préjudice financier[7]. Rien ne laisse entendre que Rufus s’exila. Une vingtaine d’années plus tard, Othon, durant son court règne, le restitua dans l’ordre sénatorial (redditus locus senatorius). Il fit croire que Cadius, et d’autres, étaient tombés pour maiestas afin d’effacer la mauvaise réputation née de leur condamnation[8]. Une telle mascarade ne peut s’expliquer que si Othon les restituait non seulement dans l’ordre sénatorial mais également au Sénat, d’autant plus que Cadius et les deux autres bénéficiaires, Pedius Blaesus et Scaevinus Paquius, avaient exercé de hautes charges[9]. Othon, à la recherche de soutiens, se lançait dans une opération de séduction d’une partie de l’aristocratie grâce à l’amnistie et surtout en effaçant l’infamie subie par ceux qu’ils présentaient comme d’innocentes victimes de mauvais princes. Cadius, blanchi et redevenu digne de donner son avis au Sénat, pouvait à nouveau siéger dans la curie. Nous ne savons pas quelle fut la fin de vie de Cadius et notamment si les Flaviens maintinrent ces restitutions. Nous ne lui connaissons aucun descendant.
[1] Tac., Ann., 12, 22, 3 et H., 1, 77, 3.
[2] On a suggéré qu’une inscription le mentionne : CIL, 6, 1508 = CIG, 3, 5894 = IGI, 1077 « … us L. f. Rufus ». Cependant Bosch 1935, p. 82 et Moretti 1979, p. 1585-1587 ont réfuté l’identification.
[3] Magie 1950, p. 1591 ; Thomasson 1984, col. 244, 27/8. Rémy 1989, p. 26-27, n° 9 situe son proconsulat en 47-48.
[4] Talbert 1984, p. 508 n° 11.
[5] Voir B. Rémy pour les sources numismatiques attestant son patronat sur la province et notamment sur Nicomédie.
[6] Une telle précision est peu fréquente chez l’historien.
[7] Cf. Bur 2018, chapitre 10.9.
[8] C’est le sous-entendu qui ressort du texte de Tacite. Cf. Carré 1999, p. 153 en particulier la note 5.
[9] Cf. notices n° 153 et 155.
Bleicken 1962 : Bleicken J., Senatsgericht und Kaisergericht. Eine Studie zur Entwicklung des Prozeßrechtes im frühen Prinzipat, Göttingen, 1962.
Bosch 1935 : Bosch C., Die Kleinasiatischen Münzen der römischen Kaiserzeit, 2/1, Stuttgart, 1935.
Bur 2018 : Bur C., La Citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 avant J.-C. – 96 après J.-C.), Rome, 2018.
Carré 1999 : Carré R., « Othon et Vitellius, deux nouveaux Néron ? », dans Croisille J.-M., Martin R. et Perrin Y. (éd.), Neronia V. Néron : histoire et légende, Bruxelles, 1999, p. 152-181.
Magie 1950 : Magie D., Roman Rule in Asia Minor, Princeton, 1950.
Moretti 1979 : Moretti L., « A proposito di Pirro Ligorio e di IGUR 71 », dans Φιλίας Χάριν, Miscellanea di studi classici in onore di Eugenio Manni, 5, Rome, 1979, p. 1583-1592.
Rémy 1989 : Rémy B., Les Carrières sénatoriales dans les provinces romaines d’Anatolie au Haut-Empire, Istanbul – Paris, 1989.
Talbert 1984 : Talbert R. J. A., Senate of Imperial Rome, Princeton, 1984.
Thomasson 1984 : Thomasson B. E., Laterculi praesidum, 1, Göteborg, 1984.