F. Münzer, RE, 18/3, 1949, col. 1021-1022, n° 35 s. v. Papirius ; J. Fündling, Neue Pauly, 9, 2000, col. 290, [I 7] ; Zumpt 1871, p. 546 ; Alexander 1990, p. 120‑121, n° 244 ; David 1992, p. 793-794 ; DPRR n° PAPI2235.
Val. Max., 5, 4, 4 : Hanc pietatem aemulatus M. Cotta eo ipso die, quo togam uirilem sumpsit, protinus ut a Capitolio descendit, Cn. Carbonem, a quo pater eius damnatus fuerat, postulauit peractumque reum iudicio adflixit, et ingenium et adulescentiam praeclaro opere auspicatus.
Voilà la conscience avec laquelle M. Cotta a rivalisé le jour même où il a revêtu la toge virile : dès qu’il fut descendu du Capitole, il lança contre Cn. Carbo, qui avait condamné son père, une plainte en justice et, après l’avoir fait traduire devant les tribunaux, il l’y a fait condamner, donnant ainsi à ses capacités et à son adolescence, par cet exploit, d’heureux débuts (trad. R. Combès, CUF).
Memnon., 39 = FGH 3 B pp. 366-367 (ap. Phot., Bib., 224, 239a-b) : Ὁ δὲ δὴ Κόττας ὡς εἰς τὴν Ῥώμην ἀφίκετο, τιμῆς παρὰ τῆς συγκλήτου τυγχάνει Ποντικὸς αὐτοκράτωρ καλεῖσθαι, ὅτι ἕλοι τὴν Ἡράκλειαν. Διαβολῆς δὲ εἰς τὴν Ῥώμην ἀφικνουμένης, ὡς οἰκείων κερδῶν ἕνεκα τηλικαύτην πόλιν ἐξαφανίσειε, μῖσός τε δημόσιον ἐλάμβανε, καὶ ὁ περὶ αὐτὸν τοσοῦτος πλοῦτος φθόνον ἀνεκίνει· διὸ καὶ πολλὰ τῶν λαφύρων εἰς τὸ τῶν Ῥωμαίων εἰσεκόμιζε ταμιεῖον, τὸν ἐπὶ τῷ πλούτῳ φθόνον ἐκκρούων, εἰ καὶ μηδὲν αὐτοὺς πραοτέρους ἀπειργάζετο, ἀπὸ πολλῶν ὀλίγα νέμειν ὑπολαμβάνοντας. Ἐψηφίσαντο δὲ αὐτίκα καὶ τοὺς αἰχμαλώτους τῆς Ἡρακλείας ἀφίεσθαι. Θρασυμήδης δὲ τῶν ἐξ Ἡρακλείας εἷς κατηγόρησεν ἐπ’ ἐκκλησίας τοῦ Κόττα, τάς τε τῆς πόλεως εἰσηγούμενος πρὸς Ῥωμαίους εὐνοίας, καὶ εἴ τι ταύτης ἀποκλίνοιεν, οὐχὶ γνώμῃ τῆς πόλεως τοῦτο δρᾶν, ἀλλ’ ἤ τινος τῶν ἐφεστηκότων τοῖς πράγμασιν ἐξαπάτῃ ἢ καὶ βίᾳ τῶν ἐπιτιθεμένων· ἀπῳκτίζετο δὲ τόν τε τῆς πόλεως ἐμπρησμὸν, καὶ ὅσα τὸ πῦρ ἀφανίσαι· ὅπως τε τὰ ἀγάλματα Κόττας καθῄρει καὶ λείαν ἐποιεῖτο, τούς τε ναοὺς κατέσπα, καὶ ὅσα ἄλλα δι’ ὠμότητος ἐλθὼν ἐπεπράγει· τόν τε χρυσὸν καὶ τὸν ἄργυρον τῆς πόλεως ἀναγράφων ἀναρίθμητον, καὶ τὴν ἄλλην τῆς Ἡρακλείας ἣν ἐσφετερίσατο εὐδαιμονίαν.
Τοιαῦτα τοῦ Θρασυμήδους μετ’ οἰμωγῆς καὶ δακρύων διεληλυθότος, καὶ τῶν ἡγεμόνων ἐπικλασθέντων τῷ πάθει (καὶ γὰρ παρῆλθε καὶ τὸ τῶν αἰχμαλώτων πλῆθος, ἄνδρες ὁμοῦ καὶ γυναῖκες μετὰ τέκνων, ἐν πενθίμοις ἐσθήσεσι, θαλλοὺς ἱκεσίους μετ’ ὀλοφυρμῶν προτείνοντες), ἀντιπαρελθὼν ὁ Κόττας βραχέα τῇ πατρίῳ διελέχθη γλώττῃ, εἶτα ἐκαθέσθη. Καὶ Κάρβων ἀναστὰς, « Ἡμεῖς, ὦ Κόττα, » φησὶ, « πόλιν ἑλεῖν ἀλλ’ οὐχὶ καθελεῖν ἐπετρέψαμεν ». Μετ’ αὐτὸν δὲ καὶ ἄλλοι ὁμοίως Κότταν ᾐτιάσαντο. Πολλοῖς μὲν οὖν ἄξιος ὁ Κόττας ἐδόκει φυγῆς· μετριάσαντες δ’ ὅμως ἀπεψηφίσαντο τὴν πλατύσημον αὐτοῦ· Ἡρακλεώταις δὲ τὴν χώραν καὶ τὴν θάλασσαν καὶ τοὺς λιμένας ἀποκατέστησαν, καὶ μηδένα δουλεύειν ψῆφον ἔθεντο.
Rentré à Rome, Cotta se vit décerner par le Sénat le titre d’imperator pontique parce qu’il avait pris Héraclée. Mais quand arriva à Rome le bruit fâcheux que c’était pour son profit personnel qu’il avait anéanti une ville aussi ancienne, le ressentiment public s’attacha à lui et l’opulence qu’il étalait suscita l’envie. C’est pourquoi il versa au trésor romain une grosse part du butin afin de détourner la jalousie que lui valait sa richesse sans pourtant mieux disposer les gens à son égard, parce qu’on le soupçonnait de ne donner qu’une petite partie de ses grands biens. On décida aussitôt de libérer les prisonniers d’Héraclée.
Thrasymède, un d’entre eux, mit Cotta en accusation devant les comices ; il alléguait les bonnes dispositions de sa cité en faveur des Romains et affirmait que, si on s’en était écarté, ce n’était pas à cause d’une détermination de la cité, mais par l’effet ou bien d’une duperie imputable à l’un de ses dirigeants ou bien de la contrainte ennemie. Il déplorait l’incendie de la ville et tout ce que le feu avait détruit, la façon dont Cotta volait les statues pour se les approprier et détruisait les temples ; il déplorait aussi tous les actes auxquels l’avait conduit sa dureté ; il faisait le compte de l’or et de l’argent que la ville possédait en quantités infinies et celui de tous les autres biens qui faisaient la prospérité d’Héraclée et dont Cotta s’était emparé.
Après que Thrasymène eut passé en revue tous ces malheurs en gémissant et en pleurant et qu’il eut éveillé la pitié chez les dirigeants romains par l’évocation de cette infortune – on avait fait défiler, en effet, la foule des captifs, hommes, femmes et enfants en vêtements de deuil et tendant devant eux avec des cris plaintifs des rameaux de suppliants – Cotta comparut à son tour ; il dit quelques mots dans la langue de son pays et se rassit. Et Carbon se leva et dit : « Pour nous, Cotta, nous t’avions donné mission de prendre une ville et non de la détruire ». Après lui, beaucoup d’autres encore accusèrent Cotta de la même façon. Beaucoup donc le jugeaient passible d’une sentence d’exil ; toutefois, on usa de modération et on lui interdit le port de la toge laticlave. Les Romains rendirent aux Héracliotes leur territoire et la liberté de navigation et leurs ports ; de plus, ils décrétèrent que personne d’entre eux ne vivrait esclave (trad. R. Henry, CUF).
D.C., 36, 40, 3-4 : Τό τε σύμπαν οὕτως ἐπιμελὲς τοῖς Ῥωμαίοις κατὰ τὸν χρόνον ἐκεῖνον τὸ μηδὲν δωροδοκεῖσθαι ἐγένετο ὥστε πρὸς τῷ τοὺς ἐλεγχομένους κολάζειν καὶ τοὺς κατηγοροῦντας αὐτῶν ἐτίμων. Τοῦ γοῦν Κόττου τοῦ Μάρκου τὸν μὲν ταμίαν Πούπλιον Ὄππιον ἐπί τε δώροις καὶ ἐπὶ ὑποψίᾳ ἐπιβουλῆς ἀποπέμψαντος, αὐτοῦ δὲ πολλὰ ἐκ τῆς Βιθυνίας χρηματισαμένου, Γάιον Κάρβωνα τὸν κατηγορήσαντα αὐτοῦ τιμαῖς ὑπατικαῖς, καίπερ δεδημαρχηκότα μόνον, ἐσέμνυναν. Καὶ οὗτος μὲν τῆς τε Βιθυνίας καὶ αὐτὸς ὕστερον ἄρξας, καὶ μετριώτερον οὐδὲν τοῦ Κόττου πλημμελήσας, ἀντικατηγορήθη ὑπὸ τοῦ υἱέος αὐτοῦ καὶ ἀνθεάλω.
D’une manière générale, à cette époque, les Romains étaient si soucieux d’éviter toute corruption qu’ils associaient châtiment des coupables et marques d’honneur pour leurs accusateurs. Par exemple, Marcus Cotta avait renvoyé le questeur Publius Oppius pour corruption et parce qu’il était soupçonné de complot, tout en s’étant lui-même bien enrichi en Bithynie ; eh bien, ils accordèrent les honneurs consulaires à Gaius Carbo, son accusateur, bien qu’il n’ait été que tribun de la plèbe. Quand, plus tard, Carbo fut lui-même gouverneur de Bithynie et se conduisit de manière tout aussi répréhensible que Cotta, il fut à son tour accusé par le fils de ce dernier et à son tour condamné (trad. G. Lachenaud et M. Coudry, CUF).
Petit-fils de consul et fils de préteur, C. Papirius Carbo[1], apparaît dans nos sources lorsque, après son tribunat de la plèbe entre 69 et 67, il fit condamner de repetundis M. Aurelius Cotta, le consul de 74, et reçut à titre de praemium son rang consulaire[2]. Fort de ce succès, il revêtit la préture en 62 et partit ensuite gouverner la province de Pont-Bithynie[3]. À son retour en 59, le fils homonyme de M. Aurelius Cotta, qui venait de prendre la toge virile, vengea son père en l’accusant également de repetundis et le fit condamner[4]. En raison de la date du procès, il est probable que Carbo fut condamné d’après la toute nouvelle lex Iulia de repetundis. Outre la restitution des sommes extorquées (au double ?), il subit les différentes conséquences infamantes prévues par la loi Julia, l’excluant du Sénat, du droit de parler dans une contio, le privant du ius honorum et de certains droits judiciaires[5]. Nous n’avons aucune raison de supposer qu’il partit en exil. Une allusion de Cicéron permet de supposer en revanche qu’il fut restitué par César avant 46[6]. Son fils était peut-être C. Papirius Carbo[7], questeur proprétorien au début de la période augustéenne et sénateur avant 31[8].
[1] Le prénom C. est attesté par des monnaies de Bithynie cf. Head 1911, p. 497 et 516-518.
[2] Cf. notice n° 143.
[3] MRR, 2, p. 173 puis 181, 185 et 191.
[4] Pour les sources de cet épisode, nous renvoyons à la notice de M. Aurelius Cotta, n° 143.
[5] Cf. Bur 2018, chapitre 10.9.
[6] Shackleton Bailey 1960, p. 259 n. 13 qui s’appuie sur Cic., Fam., 9, 21, 3.
[7] M. Hofmann, RE, 18/3, 1949, col. 1022, n° 36 s. v. Papirius.
[8] MRR, 3, p. 154.
Alexander 1990 : Alexander M. C., Trials in the late Roman Republic, 149 BC to 50 BC, Toronto, 1990.
Bur 2018 : Bur C., La Citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 avant J.-C. – 96 après J.-C.), Rome, 2018.
David 1992 : David J.-M., Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome, 1992.
Head 1911 : Head B. V., Historia Nummorum. A Manual of Greek Numismatics, Oxford, 1911².
Zumpt 1871 : Zumpt A. W., Der Criminalprocess der römischen Republik, Leipzig, 1871.