W. Eck, RE, Suppl. 14, 1974, col. 598 s. v. Sariolenus ; Rivière 2002, p. 542-543, n° 63 ; M. Heil, PIR², 7/2, 2006, p. 75‑76, S 189.
Tac., Hist., 4, 41, 1-2 : Senatus inchoantibus primoribus ius iurandum concepit quo certatim omnes magistratus, ceteri, ut sententiam rogabantur, deos testis aduocabant, nihil ope sua factum quo cuiusquam salus laederetur, neque se praemium aut honorem ex calamitate ciuium cepisse, trepidis et uerba iuris iurandi per uarias artis mutantibus, quis flagitii conscientia inerat. Probabant religionem patres, periurium arguebant ; eaque uelut censura in Sariolenum Voculam et Nonium Attianum et Cestium Seuerum acerrime incubuit, crebris apud Neronem delationibus famosos.
Le Sénat, sur l’initiative de ses principaux membres, prononça un serment que répétèrent à l’envi tous les magistrats, puis tous les autres sénateurs, à mesure qu’on leur demandait leur avis : ils prenaient les dieux à témoin qu’ils n’avaient jamais prêté la main à une action qui pût nuire à la sûreté de quiconque, et qu’ils n’avaient tiré profit ni honneur des malheurs des citoyens ; dans leur désarroi, ceux qui n’avaient pas la conscience tranquille s’ingéniaient à modifier la formule du serment. Les sénateurs approuvaient l’honnêteté scrupuleuse, dénonçaient le parjure, et cette espèce de censure s’exerça avec le plus de rigueur contre Sariolenus Vocula, Nonius Attianus et Cestius Severus, décriés pour leurs nombreuses délations auprès de Néron (trad. H. Le Bonniec, CUF).
Sariolenus Vocula subit le même sort que Cestius Severus et Nonius Attianus[1]. Au cours de la séance du 1er janvier 70 où tous les sénateurs durent prêter serment de ne pas avoir tiré profit des crimes des règnes précédents, ce délateur notoire commit un parjure et fut dénoncé pour cela. Sénateur de faible rang[2], il fut l’un des boucs-émissaires servant à satisfaire le désir de vengeance des aristocrates incapables de lancer une véritable épuration et il est fort probable qu’il fut exclu du Sénat. Cependant Vocula se distingue parce qu’il avait apparemment continué d’agir comme délateur sous Vitellius[3]. Ses dernières fautes étant plus récentes, son parjure provoqua l’ire générale au point qu’il fût contraint de quitter la curie par les sénateurs qui brandissaient leur poing (nec destitit senatus manus intentare Voculae, donec curia excederet écrit Tacite[4]). M. Heil considère que les termes de Tacite ne permettent pas d’affirmer qu’il fût chassé de l’ordre sénatorial[5], mais, à la lumière de ce que nous avons dit pour Cestius Severus et Nonius Attianus, il nous paraît au contraire que l’exclusion de Vocula est la plus sûre des trois. Il quitta la curie définitivement et il est difficile d’imaginer qu’après une telle scène, ce sénateur, que Y. Rivière classe aussi parmi les infirmi[6] et qui aida Vitellius, l’ennemi des Flaviens, dans ses basses besognes, ait pu revenir siéger parmi ceux qui l’avaient tant maltraité. Aussi, quand bien même il aurait continué d’appartenir à l’ordre sénatorial après avoir été chassé du Sénat de cette façon, Vocula ne remit-il vraisemblablement plus jamais les pieds dans la curie.
En définitive, nous pensons que Vocula fut chassé du Sénat lors de la séance du 1er janvier 70, à l’instar de Cestius Severus et Nonius Attianus mais de manière plus humiliante, et qu’il perdit son rang à cause de son activité de délateur et du parjure commis pour la couvrir.
Quoique nous n’ayons aucune information pour la suite de sa vie, comme Cestius et Nonius, Vocula dut voir sa carrière brisée par cet épisode. Nous ne lui connaissons aucun descendant.
[1] Pour les sources et la démonstration, nous renvoyons à la notice de Cestius Severus n° 128.
[2] Le fait que Vocula fût amené à prêter serment avant C. Paccius Africanus, consul suffect en 67 ou 68 (notice n° 130) pourrait signaler que Vocula avait été consul avant cette date puisque les sénateurs jurèrent ut sententiam rogabantur. Cependant, la séance fut chaotique et il nous paraît plus probable que soit les sénateurs revinrent au cas de Paccius soit ne respectèrent pas l’ordre de préséance comme l’indiquerait la fin du passage où Vibius Crispus devint leur nouvelle cible après que Paccius eut détourné l’attention sur lui.
[3] Tac., Hist., 4, 41, 2.
[4] Tac., Hist., 4, 41, 2.
[5] M. Heil, PIR², 7/2, 2006, p. 75‑76, S 189.
[6] Rivière 2002, p. 413.
Rivière 2002 : Rivière Y., Les Délateurs sous l’Empire romain, Rome, 2002.