Attention ! L'épisode est seulement daté du règne d'Auguste.
Suet., Aug., 24, 5 : pro cetero delictorum genere uariis ignominis adfecit, ut stare per totum diem iuberet ante praetorium, interdum tunicatos discinctosque, nonnumquam cum decempedis, uel etiam caespitem portantes.
pour les autres fautes, il leur [aux centurions] infligea diverses peines infamantes, les condamnant par exemple à rester debout toute une journée devant la tente du général, parfois vêtus d’une simple tunique, sans ceinturon, parfois tenant à la main une perche de dix pieds ou même une motte de gazon (trad. H. Ailloud, CUF).
Polyen, 8, 24, 3 : Σεβαστὸς τοὺς ἐπὶ στρατοπέδου τι ἁμαρτόντας ἐκέλευσε πρὸ τοῦ στρατηγείου λυσιζώνους ἑστάναι, ἔστι δὲ ὅτε καὶ πλινθοφορεῖν δι’ ὅλης ἡμέρας.
Ceux qui faisaient quelque faute dans le camp, Auguste les faisait tenir debout et sans ceinturon devant la tente du général ou même il leur faisait porter des briques tout le jour.
Suétone et Polyen, qui tire peut-être son information du premier, rapportent une pratique d’Auguste pour punir ses soldats : l’exposition humiliante. Cette punition s’adressait aux soldats ayant commis un delictum, c’est-à-dire une infraction aux normes militaires en vigueur. Toutefois, celle-ci ne devait pas être d’ordre juridique, ne pas consister en un véritable délit sanctionné par une peine définie, mais plutôt en une mauvaise conduite du soldat, en un mauvais accomplissement de ses devoirs militaires. Pour punir les soldats fautifs, Auguste les obligeait à se tenir debout au centre du camp, lieu le plus fréquenté, dans une tenue efféminée (discinctus)[1]. Il s’agissait de les offrir en pâture aux regards moqueurs de leurs camarades pour blesser leur amour propre, et ainsi les inciter à ne plus recommencer. Cette présence d’hommes humiliés au cœur du camp servait aussi d’avertissement au reste de la troupe. Le châtiment en soi ne fut pas imaginé par Auguste, mais il y joignit des facteurs aggravants comme le port de briques, qui rendait la station plus pénible et ajoutait une dimension rétributive plus forte. En revanche, la tenue d’une perche de dix pieds ou d’une motte de gazon semblent être des parodies des récompenses militaires, hasta pura et corona obsidionalis, destinées à insister sur la faible valeur de ces hommes qui étaient bien loin d’être dignes de tels honneurs. Les deux récits semblent présenter ce qui apparaît comme une pratique habituelle d’Auguste. Cependant, bien que ce dernier recourût fréquemment à cette punition, nous ne savons pas s’il l’avait institutionnalisée dans ces légions ou si Octavien-Auguste avait simplement une préférence pour celle-ci lorsqu’il commandait des armées.
[1] Cf. Bur 2018, chapitre 1.3.1.
Bur 2018 : Bur C., La Citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 avant J.-C. – 96 après J.-C.), Rome, 2018.