D.C., 54, 11, 5 : τέλος δέ ποτε συχνοὺς μὲν ἀποβαλὼν τῶν στρατιωτῶν, συχνοὺς δὲ καὶ ἀτιμώσας ὅτι ἡττῶντο (τά τε γὰρ ἄλλα καὶ στρατόπεδον ὅλον Αὔγουστονἐπωνομασμένον ἐκώλυσεν οὕτως ἔτι καλεῖσθαι).
Mais finalement Agrippa fut victorieux : après avoir perdu beaucoup de ses soldats et déshonoré beaucoup d’autres parce qu’ils n’arrêtaient pas d’être vaincus (par exemple, il donna l’ordre que la légion Augusta entière, comme elle était appelée, ne devrait plus porter ce nom).
Dion Cassius nous apprend qu’Agrippa rencontra de nombreuses difficultés dans sa guerre contre les Cantabres, en 19, qui l’obligèrent à prendre certaines mesures que l’historien regroupe sous le verbe ἀτιιμάω. En raison de son sens, il est difficile de ne pas voir ici des peines infamantes infligées par le général en campagne. Les autres occurrences de ce verbe chez Dion Cassius confirment cette interprétation puisque dans tous ces passages ἀτιιμάω désigne le fait d’attacher une marque officielle de déshonneur à quelqu’un[1]. L’exemple donné par l’historien va dans ce sens puisqu’Agrippa ôta le nom d’Augustiana à une légion entière, proclamant qu’elle n’était plus digne de porter le nom du Prince. Comme Dion Cassius ne mentionne que des soldats dans un contexte difficile, nous pouvons supposer qu’ils furent punis à cause de leur manque de combativité et leur lâcheté. Malheureusement, le texte de Dion Cassius est trop laconique pour que nous puissions en tirer autre chose.
[1] D.C., 46, 40, 5 : οὔτε γὰρ ἐπαινέσαι τε καὶ τιμῆσαι πάντας αὐτοὺς ἠθέλησαν, μὴ καὶ τὸ φρόνημα αὐτῶν ἐπὶ μεῖζον ἄρωσιν, οὔτ’ ἀτιμάσαι καὶ παριδεῖν πάντας (« il [le Sénat] ne voulut ni donner des éloges et des honneurs à tous [les soldats d’Octavien], pour ne pas accroître leur arrogance, ni les priver tous d’honneurs et d’attention », trad. V. Fromentin et E. Bertrand, CUF) ; 52, 33, 7 : Καὶ τοὺς μὲν τυχόντας τῆς γνώμης καὶ ἐπαίνει καὶ τίμα (τοῖς γὰρ ἐκείνων ἐξευρήμασιν αὐτὸς εὐδοκιμήσεις), τοὺς δ’ ἁμαρτόντας μήτ’ ἀτιμάσῃς ποτὲ μήτ’ αἰτιάσῃ (« Que ceux qui obtiendront ton assentiment reçoivent des éloges et des honneurs (car ce qu'ils auront trouvé servira à ta gloire) ; quant à ceux qui se seront trompés, ne les méprise jamais et ne leur adresse jamais de reproche, car il faut considérer l'intention et non condamner l'irréussite », trad. E. Gros, Firmin Didot 1845-1870) ; 59, 3, 7 : Tόν τε Τιβέριον αὐτόν, ὃν καὶ πάππον προσωνόμαζε, τῶν αὐτῶν τῷ Αὐγούστῳ τιμῶν παρὰ τῆς βουλῆς τυχεῖν ἀξιώσας, ἔπειτ’ ἐπειδὴ μὴ παραχρῆμα ἐψηφίσθησαν (οὔτε γὰρ τιμῆσαι αὐτὸν ὑπομένοντες οὔτ’ ἀτιμάσαι θαρσοῦντες, ἅτε μηδέπω τὴν τοῦ νεανίσκου γνώμην σαφῶς εἰδότες, ἐς τὴν παρουσίαν αὐτοῦ πάντα ἀνεβάλλοντο) (« Il décida que Tibère, qu’il appelait son aïeul, obtiendrait du conseil les mêmes honneurs qu’Auguste ; mais ensuite, comme ces honneurs n’étaient pas immédiatement décrétés (les sénateurs ne voulaient pas assumer la responsabilité d’honorer Tibère mais n’osaient pas non plus le taxer d’infamie car ils ne connaissaient pas encore clairement les idées du jeune homme ; aussi retardaient-ils tout jusqu’à son arrivée) », trad. J. Auberger, La Roue à Livres) ; 68, 5, 2 : Ὡς δὲ αὐτοκράτωρ ἐγένετο, ἐπέστειλε τῇ βουλῇ αὐτοχειρίᾳ ἄλλα τε καὶ ὡς οὐδένα ἄνδρα ἀγαθὸν ἀποσφάξοι ἢ ἀτιμάσοι, καὶ ταῦτα καὶ ὅρκοις οὐ τότε μόνον ἀλλὰ καὶ ὕστερον ἐπιστώσατο (« Lorsqu’il [Trajan] fut devenu empereur, il écrivit au sénat de sa propre main, entre autres choses, qu’il ne ferait périr ou ne noterait d’infamie aucun homme de bien ; et ces promesses, il les confirma par serments, tant sur le moment que dans la suite », trad. E. Gros, Firmin Didot 1845-1870) (nous soulignons).