F. Münzer, RE, 4/1, 1900, col. 1431-1433, n° 325 s. v. Cornelius ; K.-L. Elvers, Neue Pauly, 3, 1997, col. 177, [I 66] ; Etcheto 2012, p. 171-172, n° 18 ; DPRR n° CORN1331.
Liv., 41, 27, 1-2 (a. 174) : De senatu nouem eiecerunt ; insignes notae fuerunt […] L. Corneli Scipionis praetoris, cuius tum inter ciuis et peregrinos iurisdictio erat
Ils exclurent neuf sénateurs du Sénat ; dignes d’être relevés sont les blâmes adressés […] au préteur L. Cornelius Scipio, chargé à cette date de connaître des rapports entre citoyens et pérégrins (trad. P. Jal, CUF).
Val. Max., 3, 5, 1 : Quid enim monstro similius quam superioris Africani filius Scipio, qui in tanta domestica gloria ortus a paruulo admodum regis Antiochi praesidio capi sustinuit, cum ei uoluntaria morte absumi satius fuerit quam inter duo fulgentissima cognomina patris et patrui, altero [maiori] oppressa Africa iam parto, altero maiore ex parte recuperata Asia surgere incipiente, manus uinciendas hosti tradere eiusque beneficio precarium spiritum obtinere, de quo mox L. Scipio speciosissimum deorum hominumque oculis subiecturus erat triumphum.
Idem praeturae petitor candidam togam adeo turpitudinis maculis obsolefactam in campum detulit, ut, nisi gratia Cicerei, qui patris eius scriba fuerat, adiutus esset, honorem a populo impetraturus non uideretur. Quamquam quid interfuit utrum repulsam an sic adeptam praeturam domum referret ? Quam cum propinqui ab eo pollui animaduerterent, id egerunt, ne aut sellam ponere aut ius dicere auderet, insuperque e manu eius anulum, in quo caput Africani sculptum erat, detraxerunt.
En effet qu’est-ce qui ressemble plus à un monstre que Scipio, le fils du premier Africain, lui qui, après être né dans la gloire si grande de cette maison, a accepté d’être pris par un petit groupe de soldats du roi Antiochus, alors que le suicide qui l’aurait anéanti eût mieux valu pour lui qu’une situation où, placé entre les surnoms resplendissants de son père et de son oncle, - l’un déjà acquis par l’écrasement de l’Afrique, l’autre en train de se former pendant qu’était reprise la plus grande partie de l’Asie -, il offrait ses mains à l’ennemi pour qu’il les enchaînât et il lui devait de conserver une vie bien précaire, quand bientôt L. Scipio allait offrir aux yeux des dieux et des hommes le triomphe particulièrement éclatant qu’il célèbrerait sur celui-ci.
C’est lui encore qui, briguant la préture, avait si bien souillé des taches nées de ses turpitudes la toge de candidat qu’il amenait au Champ de Mars que, sans l’aide que lui valut l’influence de Cicereius, ancien scribe de son père, il ne semblait pas près d’obtenir du peuple une charge. Mais quelle différence entre un échec électoral et une préture acquise dans ces conditions, quand il faut les ramener chez soi ? Et lorsque ses proches se rendirent compte qu’il la profanait, ils firent en sorte qu’il n’osât ni installer son siège sur le tribunal ni rendre la justice et ils allèrent jusqu’à lui enlever du doigt l’anneau qui portait gravée la tête de l’Africain (trad. R. Combès, CUF).
Les sources nous confrontent immédiatement à une première difficulté, celle du prénom de notre personnage. Le fils de l’Africain présenté par Valère Maxime[1], Cn. Scipio, capturé par Antiochos, puis empêché par ses proches d’exercer la préture obtenue grâce au soutien de l’ancien scribe de son père est-il le même que L. Cornelius Scipio, préteur pérégrin de 174 chassé du Sénat par les censeurs de la même année d’après Tite-Live[2] ? L’identification a été proposée de longue date par F. Münzer dans sa notice de la Realencylopädie[3] et adoptée par la plupart des historiens[4] : dans ce cas, un fils de Scipion l’Africain nommé Cneius n’aurait pas existé, et il faudrait voir une erreur de Valère Maxime dans le praenomen[5].
Nous ne disposons d’aucune autre information sur la carrière de ce Lucius Cornelius Scipio et T. R. S. Broughton le présente uniquement comme le préteur pérégrin de 174[6]. Pour comprendre la sanction des censeurs de 174[7], nous devons donc revenir sur les différents éléments dont nous disposons. Tite-Live nous apprend que les censeurs de senatu eiecerunt Lucius qui reçut de ce fait une nota[8]. Le verbe utilisé, eicere, indique que Lucius et les huit autres individus furent exclus, donc qu’ils appartenaient au Sénat avant 174. Le plus probable est que Lucius n’exerçait pas alors sa première magistrature, qu’il en avait revêtu une inférieure à la préture, sans doute la questure, avant la lectio de 179, ce qui lui permit, avec son illustre naissance, d’être inscrit dans l’album par les censeurs et ainsi d’être bien exclu (eiectus) et non omis (praeteritus) en 174[9].
Cependant, pour bien comprendre notre épisode et les débuts de Lucius, il est essentiel de rappeler la situation des Cornelii dans ces années 180-170. Scipion l’Asiatique puis son frère, Scipion l’Africain, avaient été poursuivis en justice par des membres du parti de Caton. Le vainqueur d’Antiochos III fut vraisemblablement accusé de péculat en 187 et condamné à payer une très lourde amende qui ruina sa famille[10]. Peu après, sans doute vers 186-185, l’attaque porta contre l’Africain lui-même, et on songe aujourd’hui à une accusation de proditio. Malgré ses efforts, le héros de la deuxième guerre Punique sentit le vent tourner et préféra s’exiler à Literne[11]. C’est à l’occasion de ce procès que la capture de son fils, Lucius, fut abondamment discutée : qu’Antiochos III le lui eût rendu sans rançon paraissait suspect, d’autant plus que le roi lui avait également proposé de fortes sommes pour intervenir en sa faveur[12]. Ainsi à la mort de l’Africain durant l’été 183[13], la famille avait perdu beaucoup de son prestige et de sa fortune. En outre, lors de sa censure, Caton avait privé l’Asiatique de son cheval public, vraisemblablement pour une raison infamante[14]. Toutefois, sa présence dans la mission diplomatique auprès de Prusias en 183 montre que les Scipions participaient toujours activement à la vie publique.
G. Bandelli nuance cependant ce désastre : certains parents des Scipions, tels Nasica le consul de 191, et Hispallus, consul en 176, tous les deux cousins de l’Africain, ne pâtirent pas de la ruine des deux frères, mais il est indéniable que leurs enfants en furent les premières victimes[15]. G. Bandelli suppose que Publius, fils aîné de l’Africain, doté d’une constitution fragile, renonça à la vie politique pour cette raison mais aussi et surtout parce que sa famille était dans une situation difficile. Il préféra s’investir dans l’otium littéraire et préserver les capitaux social et symbolique pour un membre de la famille plus à même de les utiliser. Au contraire, face à ces difficultés, son frère cadet, Lucius, qui avait, lui, accompagné son père et son oncle en Asie, aurait malgré tout tenté de faire honneur à sa naissance. Il tenta donc d’exploiter les ressources familiales. Le plus probable est qu’il saisit l’occasion apportée par la mort de son père, toujours en exil à Literne en 183, pour briguer la questure en s’appuyant sur le souvenir du grand homme et l’intense émotion qui régnait à Rome. Lui qui était encore un adulescens lors de la campagne d’Asie de son oncle[16], devait désormais remplir les conditions requises pour démarrer son cursus. Questeur vers 182-181, il fut certainement recruté au Sénat lors de la lectio senatus de 179[17].
Nous retrouvons Lucius en 175 alors qu’il briguait la préture. La situation difficile de sa famille apparaît de nouveau puisqu’il fut élu grâce à l’intervention d’un de ses concurrents, C. Cicereius, ancien scribe de son père qui se désista en sa faveur[18]. G. Bandelli considère que C. Cicereius, certainement homo nouus car ancien scriba, devait jouir néanmoins d’appuis importants et d’une fortune confortable[19]. Il brigua de nouveau la préture l’année suivante et fut élu pour 173[20]. Il est donc possible qu’il ait vu un avantage à se mettre au service du fils de son patronus défunt afin de cueillir les fruits de sa pietas l’année suivante[21]. G. Bandelli fait ainsi de Lucius Scipion un individu chanceux qui parvint à la préture avec l’aide d’un ancien client paternel, lui permettant de nouveau, selon Valère Maxime, de réactiver la glorieuse mémoire de son héros de père[22]. Élu de façon inespérée en 175, le sort lui donna la préture pérégrine.
C’est lors de cette magistrature qu’il fut exclu du Sénat d’après Tite-Live qui ne nous conserva pas cependant le motif indiqué dans la nota[23]. Nous avons en revanche un récit intéressant de Valère Maxime sur cette préture[24]. Immédiatement après avoir rappelé le déshonneur de sa capture lors de la campagne d’Asie, Valère Maxime affirme que Lucius avait candidam togam adeo turpitudinis maculis obsolefactam. Il ajoute qu’il fut empêché par ses proches d’exercer sa magistrature pour ne pas la polluere et qu’ils lui ôtèrent sa bague représentant son père. Nous ne pensons pas qu’il faille, comme le laisse entendre Valère Maxime, lier l’indignité d’être préteur et sénateur à la capture. En effet, seul le moraliste juge sévèrement cette affaire, alors que les autres sources en font plutôt un hasard malheureux, courant en temps de guerre[25]. Une capture était évidemment pour le fils de l’Africain un très mauvais début de carrière, surtout qu’elle fut rappelée publiquement quelques années plus tard lors du procès des Scipions. Lucius ne pouvait donc pas miser sur ses exploits militaires pour se lancer dans la vie politique comme l’avaient fait son père et tant d’autres jeunes ambitieux, et compenser ainsi les difficultés que connaissait sa famille. Cependant l’épisode ne pouvait pas justifier son exclusion du Sénat : il était déjà connu en 184 lors de la censure de Caton qui aurait ainsi pu le priver de son cheval. Lui qui l’avait fait pour Scipion l’Asiatique[26] n’aurait certainement pas laissé passer une telle occasion d’humilier un représentant la nouvelle génération des Scipions. Si l’exclusion n’était pas due à sa capture, il nous reste deux autres causes possibles suggérées par Valère Maxime dans notre passage : l’élection et la préture en elle-même.
Que l’élection remportée grâce au désistement d’un client ait été indigne d’un nobilis, cela est assuré. G. Bandelli suggère d’ailleurs qu’il pouvait s’agir d’une manipulation avec la complicité de Cicereius qui voyait là une occasion de se poser en exemplum pietatis[27]. Dans tous les cas, aucune infraction ne semble avoir été commise lors du vote et le retrait de Cicereius était certes humiliant pour Lucius, mais ne suffisait pas, croyons-nous, à justifier une expulsion de la curie. En revanche Valère Maxime précise qu’il avait maculé sa toge blanche de sa turpitudo. Ce terme est très général et on ne comprend pas bien à quoi renvoie Valère Maxime. Nous ne disposons d’aucune source pour éclairer cette turpitudo et nous serions plutôt portés à croire que Valère Maxime fait simplement preuve ici de rhétorique et qu’il insiste sur la dégénérescence du fils, thème de ce chapitre. Plus sévère que les contemporains, Valère Maxime jugeait L. Cornelius indigne de son père et indigne, en raison de sa capture préalable et des moyens qu’il n’hésitera pas à employer pour y parvenir, d’être magistrat du peuple romain. Nous pensons donc pouvoir écarter un motif lié à l’élection à la préture et il ne reste plus que la gestion de la préture pour expliquer l’exclusion du Sénat de Lucius.
Or Lucius était préteur pérégrin en 174, à une époque où l’Empire romain était en pleine expansion et où les richesses commençaient à affluer de toute la Méditerranée. Les premières affaires de repetundis surgirent témoignant de l’évolution des pratiques liées à l’exercice d’une charge[28]. Aussi pourrions-nous supposer que Lucius Scipion tenta de mettre à profit sa préture pérégrine pour renflouer les caisses familiales, cherchant lui aussi à tirer profit de la Conquête, et que ce fut cette attitude qui provoqua la réaction de ses proches. En effet, Valère Maxime précise que ces derniers agirent « lorsqu’ils se rendirent compte » (cum animaduerterent) ce qui signifie bien que ce sont les agissements de Lucius comme préteur qui les poussèrent[29]. Ses actes risquaient de souiller (polluere) la magistrature, verbe significatif[30]. Or ce terme ne revient qu’à trois autres reprises sous la plume de Valère Maxime : lorsque le sang du serpent géant, tué en Afrique par les troupes de Regulus, contamine l’eau d’une rivière[31] ; pour soutenir un décret de Mamercus Aemilius Lepidus, le consul de 77, qui interdisait à Genucius, un prêtre de Cybèle, de maculer un tribunal par sa présence[32] ; et enfin pour dénoncer la cruauté des Carthaginois qui avaient jeté par-dessus bord les prisonniers romains capturés après une bataille navale, souillant ainsi la mer[33]. Dans ces trois passages, nous retrouvons l’idée de souillure par un corps impur ou par un corps rendu impur par un acte atroce. Il y a la monstruosité, réelle (le serpent, l’eunuque qui est rendu contre-nature) ou figurée (la barbarie du crime), donc quelque chose de foncièrement contraire à l’esprit romain et à la nature même du monde. Dans les trois cas, c’est un terme mêlant le sacré et le naturel très fort, d’où sa rareté dans l’œuvre de Valère Maxime. Le deuxième exemple offrirait à première vue le meilleur parallèle. Un eunuque est indigne de postuler en justice et Lucius aurait des mœurs qui le rendraient semblables à cet individu et donc incapable d’être préteur. Le terme est toutefois trop fort pour caractériser seulement un débauché. Ici Genucius est atteint dans son corps même, il est contraire à la nature et à la représentation que les Romains se font de l’homme. Surtout, jamais Lucius n’aurait pu être préteur s’il était aussi scandaleusement opposé aux valeurs romaines. Aussi c’est plutôt l’idée d’une faute impardonnable, contraire à la fonction qu’il occupe dans ce qu’elle a à son fondement, c’est-à-dire à l’idée même de justice sans doute, et qui menace tout l’édifice de la préture. Valère Maxime ferait ainsi allusion à un crime presque impie, peut-être celui de vendre le caput de certains citoyens, comme le fit un Verrès des années plus tard. Cela expliquerait la dureté du terme employé par Valère Maxime et la réaction de ses proches.
En effet, ceux-ci agirent aussitôt : ne aut sellam ponere aut ius dicere auderet, c’est-à-dire qu’ils l’empêchèrent d’exercer sa magistrature et plus précisément de tenir son tribunal. En agissant ainsi, ils rendaient publiques les malversations et mettaient en danger la situation de Lucius. Et, effectivement, le scandale parvint aux oreilles des censeurs qui décidèrent d’exclure du Sénat un magistrat indigne. Rien cependant n’indique que Lucius fût démis de sa magistrature, mais peut-être que ses propinqui l’obligèrent à abdiquer et que les censeurs ne firent que confirmer leur action. Les deux humiliations et dégradations successives mirent d’autant plus sûrement un terme à sa carrière que, comme le remarquait A. H. J. Greenidge, l’exclusion du Sénat d’un magistrat en charge était excessivement rare[34].
Il nous reste à nous demander pour quelle raison des propinqui de Lucius agirent de la sorte, mettant en danger la dignitas d’un proche. Certes, comme le rappelait Y. Thomas, le père, et à sa mort le conseil de famille, était le garant du bon exercice de la magistrature par son fils[35]. Toutefois, ici nous devons nous intéresser à la seconde action signalée par Valère Maxime : insuperque e manu eius anulum, in quo caput Africani sculptum erat, detraxerunt. En lui ôtant de force sa bague représentant son père, les propinqui le proclamaient indigne d’un tel ancêtre et le rejetaient en quelque sorte de la famille pour en protéger l’image[36]. L’héritage de Scipion l’Africain était un enjeu de taille, notamment pour celui qui avait été adopté par le frère aîné de Lucius. Publius, qui soit venait d’adopter le fils de Paul Émile soit était sur le point de le faire d’après G. V. Sumner[37], ne pouvait tolérer que Lucius l’exploitât à son seul compte et qu’il risquât de souiller la mémoire de leur père par son comportement. Aidé peut-être des Aemili, il agit donc afin de le bannir symboliquement de la famille et surtout de la descendance de l’Africain dont il voulait conserver seul l’héritage. C’est pourquoi ils provoquèrent un scandale pour mettre un terme définitif à ses aventures et préserver ainsi la mémoire de l’Africain pour qu’elle soit réactivée par celui qui disposait de meilleurs atouts, le jeune Scipion Émilien[38].
En conclusion, nous pensons que le préteur de 174 était L. Cornelius Scipion, le second fils de Scipion l’Africain, et qu’il fut exclu du Sénat par les censeurs alertés sur sa gestion criminelle de la préture par les Aemilii et une partie des Cornelii qui entendaient préserver pour le jeune fils adoptif de Publius Scipion l’héritage de l’Africain. Cette exclusion signa vraisemblablement la fin de sa carrière politique et ne fut pas la seule dégradation subie puisque Tite-Live nous apprend que les censeurs de 174 changèrent de tribu et reléguèrent parmi les aerarii tous ceux qu’ils avaient exclus du Sénat ou privés de leur cheval[39]. Enfin, nous ne disposons d’aucune information sur d’éventuels descendants de Lucius[40], tandis que son neveu, Scipion Émilien, mena la brillante carrière que l’on sait.
[1] Val. Max., 4, 5, 3.
[2] Liv., 41, 27, 1-2.
[3] F. Münzer, RE, 4/1, 1900, col. 1431-1433, n° 325 s. v. Cornelius. C’est aussi l’opinion de Briscoe 1981, p. 339.
[4] Récemment, seule Botteri 1971 a refusé de faire du préteur de 174 un fils de l’Africain, à tort selon nous. Sa théorie s’appuyait principalement sur l’hypothèse que l’Africain s’était marié en 213 et que son second fils aurait été trop jeune en 174 pour être préteur. Toutefois rien n’étaye cette date du mariage et il suffirait qu’il soit antérieur de quelques années pour que cela convienne.
[5] Sumner 1973, p. 35-37 n. 18 ; Bandelli 1974-1975b, p. 130 propose également d’identifier les deux mais ne conclut pas sur le prénom de ce second fils de l’Africain. Nous préférons suivre Tite-Live, dont on sait qu’il utilisa Polybe, proche des Scipion, et les archives publiques sur lesquelles devaient être consignés les noms des exclus du Sénat, et suivre F. Münzer pour appeler notre personnage L. Cornelius Scipio. Voir aussi Etcheto 2012, p. 172.
[6] MRR, 1, p. 404 et 2, p. 555.
[7] MRR, 1, p. 404 et Suolahti 1963, p. 366-371.
[8] Liv., 41, 27, 1-2.
[9] Cf. Bur 2018, chapitre 4.1-2.
[10] Sur le procès des Scipions voir en particulier : Fraccaro 1956b [1911] et 1956 [1939] ; Bandelli 1974-1975a ; Adam 1980 ; Etcheto 2008, p. 648-687. Cf. notice n° 53.
[11] Cf. notice n° 5.
[12] Les sources sur la capture du fils de l’Africain et son utilisation par Antiochos III sont, outre le passage déjà mentionné de Val. Max., 3, 5, 1 : Plb., 21, 15, 2-3 ; App., Syr., 145-146 et 149 ; Liv., 37, 34, 4-7 et 36, 2-7 et 37, 6-7 ; Val. Max., 2, 10, 2a ; D.S., 29, 8 ; Plin., nat.., 35, 22 ; D.C., frg. 62, 2 ; Zonar., 9, 20, 4 ; Iust., 31, 7, 4‑6 ; Vir. Ill., 54, 3
[13] Cf. notice n° 5.
[14] Cf. notice n° 53.
[15] Bandelli 1974-1975b, p. 127-128
[16] Liv., 37, 34, 7. Suolahti 1955, p. 230, 323 et 356, suivi par Etcheto 2012, p. 172, suppose qu’il était praefectus turmae ou praefectus classis.
[17] MRR, 1, p. 392 et Suolahti 1963, p. 358-366.
[18] Val. Max., 3, 5, 1 et 4, 5, 3.
[19] Bandelli 1974-1975b, p. 131.
[20] MRR, 1, p. 408.
[21] Val. Max., 4, 5, 3 : Scipio tunc honorem adeptus est, sed [si] Cicereio magis gratulati sunt.
[22] Val. Max., 4, 5, 3 : ut scilicet praeturam melius Africani memoriae concederet.
[23] Liv., 41, 27, 2. A. O’Brien Moore, RE, Suppl. 6, 1935, s. v. Senatus, col. 689 se contente de justifier son exclusion par sa « schlechte Leben ». Scullard 1973, p. 192 est également silencieux sur le motif, reprenant simplement la conclusion de Valère Maxime : Lucius était un fils dégénéré de Scipion l’Africain.
[24] Val. Max., 3, 5, 1.
[25] Les sources sur cet épisode indiquées ci-dessus se partagent principalement en deux traditions énoncées chacune dans Liv., 37, 34, 4-7 : une qui place la capture lors d’un voyage en mer au large d’Oreos vers 192 et l’autre qui la situe en marge d’opérations en Asie, vers 190. F. Münzer, RE, 4/1, 1900, col. 1431-1433, n° 325 s. v. Cornelius et K.-L. Elvers, Neue Pauly, 3, 1997, col. 177, [I 66] adoptent la première version en s’appuyant sur le témoignage de Polybe qui devait être bien informé de l’épisode : Lucius aurait été capturé en 192 et serait resté au pouvoir d’Antiochos, qui l’aurait traité avec beaucoup d’égards, jusqu’en 190, malgré les offres répétées de rançon de l’Africain. Les sources ne retiennent de l’épisode que l’utilisation de la capture par Antiochos pour tenter de faire intervenir Scipion l’Africain en sa faveur, et aucune ne dénigre le comportement du fils de l’Africain en dehors de Valère Maxime. La seconde version présentée par Tite-Live est plus favorable aux Scipions puisqu’elle fait de la capture du fils de l’Africain la conséquence d’une chute de cheval : la bravoure de Lucius n’y est donc pas mise en doute, d’autant plus que deux autres cavaliers sont faits prisonniers avec lui. Cf. Briscoe 1981, p. 339.
[26] Cf. notice n° 53.
[27] Bandelli 1974-1975b, p. 131.
[28] Brennan 2000, 1, p. 172-173 et 235-239 : la première affaire de pecuniis repetundis daterait selon Liv., 43, 2 de 171 lorsque des alliés espagnols se plaignirent de leurs anciens gouverneurs (M. Titinius, P. Furius Philus et C. Matienus), donc à une date postérieure à la préture de L. Cornelius.
[29] Contra Brennan 2000, 2, p. 663 suppose que L. Cornelius Scipio « though properly elected, may never have been able to act in his jurisdiction. Scipio allegedly suffered the double indignity of having his family prohibit him from exercising his office (Val. Max., 3, 5, 1 ; cf. Val. Max., 4, 5, 3 with wrong praenomen), and of having the censors eject him from the Senate during his actual year of office (Liv., 41, 27, 2) ».
[30] TLL, 10/1, col. 2565 s. v. Polluo : « I. generatim : A. polluntur res variae 1. potius per culpam, ignominiam, iniuriam, scelus. b. incorporea vel cuiuslibet generis > instituta = curia, tribunalia magistratuum, discplina… (item polluntur dignitates, potestas sim. Erarumve loca vel signa) » ; Oxford Latin Dictionary, p. 1398 s. v. Polluo : « 1. To make foul or dirty, soil, stain b. to infect […] 2. To make ceremonially impure, pollute ».
[31] Val. Max., 1, 8 ext., 19.
[32] Val. Max., 7, 7, 6. Cf. notice n° 186.
[33] Val. Max., 9, 2 ext., 1.
[34] Greenidge 1894, p. 80 n. 3.
[35] Thomas 2017, p. 179-180.
[36] Clemente 1990, p. 602 : « È noto il caso del figlio di Scipione Africano, costretto a non esercitare la pretura dai membri della sua famiglia, in quanto la sua inabilità metteva in pericolo lo status della famiglia medesima agli occhi di un’opinione pubblica che evidentemente esercitava un ruolo notevole ». Voir aussi Etcheto 2012, p. 139 n. 13.
[37] Sumner 1973, p. 36, n° 18 place l’adoption de Scipion Émilien par P. Cornelius Scipion, fils aîné de l’Africain, vers 174, après que son propre fils, flamen dialis, fut décédé. La préture de L. Cornelius Scipio pourrait donc se dérouler en pleine négociation pour l’adoption du fils de Paul-Emile par le fils du vainqueur d’Hannibal ou immédiatement après celle-ci.
[38] Bandelli 1974-1975b, p. 129 affirme que Paul-Émile fit adopter son fils par un personnage marginal comme P. Scipion parce qu’il comptait récupérer l’héritage de l’Africain que son fils avait conservé intact en se tenant à l’écart de la vie politique.
[39] Liv., 42, 10, 4.
[40] Le stemma de la RE, 4/1, col. 1430 n’indique aucun enfant pour Lucius Scipio.
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