E. Klebs, RE, 1/2, 1894, col. 2547, n° 17 s. v. Antistius ; Nicolet 1966-1974, 2, p. 778-779, n° 25 ; DPRR n° ANTI4495.
Cic., de Orat., 2, 287 : ut censor Lepidus, cum M. Antistio Pyrgensi equum ademisset amicique [cum] uociferarentur et quaererent, quid ille patri suo responderet, cur ademptum sibi equum diceret, cum optimus colonus, parcissimus, modestissimus, frugalissimus esset, « me istorum » inquit « nihil credere ».
Le censeur Lepidus avait rayé de la liste des chevaliers M. Antistius de Pyrgi, et les amis de la victime se récriaient contre cette rigueur : « Que répondra Antistius, quand son père lui demandera comment a pu être dégradé un colon comme lui, si honnête, si rangé, si sage, si tempérant ? – Eh bien ! répliqua Lepidus, il lui répondra que je ne crois pas un mot de tout ce qu’on dit là » (trad. E. Courbaud, CUF).
M. Antistius de Pyrgi est un chevalier romain à qui le censeur M. Aemilius Lepidus, avec l’assentiment de son collègue M. Fulvius Nobilior, ôta le cheval public en 179[1]. Voilà les informations certaines que le texte de Cicéron nous apprend. C. Nicolet a également pu inférer de l’absence du père à la recognitio equitum que notre personnage était le premier de sa famille à être entré dans l’ordre équestre[2]. La famille était originaire de la colonie de Pyrgi où elle avait dû prospérer de sorte que le jeune homme avait été recruté dans l’ordre équestre à une lectio précédente. En effet, il fut exclu de façon ignominieuse par les censeurs en 179 comme le laisse entendre la réplique de Lepidus. Nous n’avons qu’un maigre indice dans ce texte quant au motif du blâme : Antistius n’est pas considéré comme optimus, parcissimus, modestissimus ni même comme frugalissimus. Il est évident qu’il faut voir dans la négation de cet éloge des amis d’Antistius[3] une allusion à une conduite honteuse, sans que nous puissions aller plus loin. Sans autre source, nous ne pouvons que supposer avec prudence que le retrait du cheval public résultait des vices d’Antistius de Pyrgi dans sa vie privée. Toujours est-il que ce fut une humiliation publique d’autant plus grave qu’elle se déroulait devant les habitants et surtout les notables de Pyrgi[4]. À son retour, le jeune homme, qui n’avait pas été capable de poursuivre l’ascension sociale entamée depuis peu, dut subir la colère de son père et la honte d’avoir été humilié à Rome devant ses compatriotes.
[1] MRR, 1, p. 392 et Suolahti 1963, p. 358-366.
[2] Nicolet 1966-1974, 1, p. 91 et 2, p. 778-779.
[3] Sur la présence de ces derniers, certainement d’autres chevaliers originaires également de Pyrgi, donc inscrits dans la même tribu qu’Antistius et recensés au même moment que lui : cf. Bur 2018, chapitre 3.1.1. Il pouvait également s’agir d’aduocati présentés par Antistius pour attester son honorabilité.
[4] Sur ce point cf. Bur 2018, chapitre 4.6.
Bur 2018 : Bur C., La Citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 avant J.-C. – 96 après J.-C.), Rome, 2018.
Nicolet 1966-1974 : Nicolet C., L’Ordre équestre à l’époque républicaine (312-43 av. J.-C.), Paris, 1966-1974 (2 vol.).
Suolahti 1963 : Suolahti J., The Roman censors : a study on social structure, Helsinki, 1963.