Infames Romani

Acilius Buta [27]

Numéro
40
Identité
Catégorie
Procédures censoriales
Sous catégorie
Eviction du Sénat
Date de l'épisode
17
Références prosopographiques

P. von Rohden, RE, 1/1, 1893, col. 254 s. v. Acilius, n° 27 ; E. Groag, PIR², 1, 1933, p. 7, A 53.

 

Attention ! L'épisode eut lieu sous le règne de Tibère, sans plus de précisions.

Source
Source

Sen., Epist., 122, 10 : et Acilium Butam, praetorium, cui post patrimonium ingens consumptum Tiberius paupertatem confitenti : « Sero, inquit, experrectus es ».


Acilius Buta, ancien préteur : ayant mangé un énorme patrimoine, il avouait sa gêne à Tibère, qui répliqua : « Tu t’es éveillé trop tard » (trad. F. Préchac et H. Noblot, CUF).

Notice
Notice

Acilius Buta n’est connu qu’à travers les quelques bons mots dont il est l’objet dans une lettre de Sénèque. Prétorien sous Tibère (praetorius), nous pouvons en déduire qu’il appartenait au Sénat et qu’il avait déjà bien entamé son cursus honorum, peut-être débuté déjà sous Auguste. Il apparaît surtout dans la lettre 122 comme l’exemple-type du noceur au point que, bien des années après le règne de Tibère, circulent encore plusieurs anecdotes à son propos[1]. Ce mode de vie lui fit dévorer son patrimoine presque entièrement – Sénèque utilise en effet le verbe consumere et présente l’engloutissement comme accompli avec post. À la suite de sa faillite, Acilius confessa sa situation à Tibère qui le blâma. Le verbe utilisé, confiteri, conviendrait assez mal à la revue par le Prince de l’ordre sénatorial puisqu’il n’y avait pas d’entretien entre le Prince et les sénateurs[2]. Il s’agit sans doute d’un aveu fait par Acilius avant la révision annuelle du Sénat[3] dans le but d’obtenir du Prince une aide financière. La réponse de Tibère, dont sero est le cœur, se comprendrait alors comme le refus de la lui accorder[4] mais aussi comme l’application de la conséquence inévitable due à sa faillite, l’exclusion de l’ordre. Une telle fin s’accorderait avec la célébrité d’un personnage utilisé depuis lors comme un archétype, le contre-exemple du sénateur. Ainsi que l’illustrent les deux autres anecdotes, Buta vivait la nuit et négligeait par conséquent ses devoirs de sénateur qui se situaient la journée[5]. Une telle opposition était un topos de la morale romaine et un individu si décrié pour ses mœurs fut certainement radié de l’ordre sans ménagement par Tibère, à l’image d’Appius Appianus, Cornelius Sylla, Marius Nepos et Q. Vitellius[6]. Bien qu’Acilius Buta n’apparût pas ailleurs dans nos sources, nous pouvons supposer qu’une telle chute mît un terme à sa carrière. Ses éventuels descendants, sur lesquels nous n’avons aucune trace, durent également en subir les conséquences puisqu’il avait dilapidé le patrimoine qu’il devait leur léguer et qu’il avait sali leur nom.






[1] Sen., Epist., 122, 10 ; 12 et 13.


[2] Cf. Bur 2018, chapitre 6.2.2.


[3] Cf. Bur 2018, chapitre 6.2.3.


[4] Pour les aides financières accordées par Auguste et Tibère à des sénateurs : Talbert 1984, p. 50-52.


[5] Sen., Epist., 122, 12-13.


[6] Cf. notices n° 35-39.

Bibliographie
Bibliographie

Bur 2018 : Bur C., La Citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 avant J.-C. – 96 après J.-C.), Rome, 2018.


Talbert 1984 : Talbert R. J. A., Senate of Imperial Rome, Princeton, 1984.


Clément Bur, Infames Romani n°40, Albi, INU Champollion, Pool Corpus, 2018, mis à jour le 2018-09-19