Raepsaet-Charlier 1987, p. 677, n° 868.
Attention ! L'épisode est seulement daté du règne de Tibère.
Suet., Tib., 35, 4 : Alium e quaestura remouit, quod uxorem pridie sortitionem ductam postridie repudiasset.
À un autre, il [Tibère] retira la charge de questeur, parce qu’il avait répudié le lendemain du tirage au sort la femme qu’il avait épousée le jour d’avant (trad. H. Ailloud, CUF).
En conclusion du paragraphe sur la surveillance des mœurs accomplie par Tibère, Suétone rapporte une anecdote sur un questeur déchu par le Prince pour avoir répudié le lendemain du tirage au sort des provinces une femme qu’il avait épousée la veille de ce même tirage[1]. L’histoire n’est transmise que par Suétone et il n’y a aucun indice pour identifier notre personnage. La lecture correcte et l’interprétation du passage avaient déjà été suggérées par A. Turnèbe qui écrivait au XVIe siècle : Nam e sortitione cum amplissimas speraret diuitias, uxoris ut pauperis contubernium despicere cepit[2]. Il faut ainsi comprendre que le magistrat romain avait eu la chance de se voir attribuer une province laissant espérer des profits juteux et que son mariage, contracté la veille, lui semblait d’un seul coup indigne de sa richesse à venir. M. Humbert a montré que les questions financières jouaient un rôle important dans les mariages romains sans que cela fût perçu comme honteux[3]. Or les blâmes visaient à punir des comportements scandaleux et, généralement, peu communs. À défaut d’être dans la nature de l’acte du questeur, il faut peut-être chercher dans sa manière. En effet, Suétone insiste sur la rapidité des événements. Le mariage et le divorce survinrent en l’espace de quelques jours ! Tibère sanctionnait certainement l’excès du questeur, incapable d’attendre le tirage au sort pour se marier et d’attendre la suite des événements pour s’assurer de l’utilité de divorcer. Son intempérance le rendait indigne de sa fonction et une fois de plus un comportement excessif était châtié. La privation de sa charge était non seulement humiliante, mais l’empêchait à terme d’entrer au Sénat. Le blâme décidé par l’empereur dut certainement mettre un terme à sa carrière qui venait de commencer et qui ne pouvait s’appuyer sur d’importantes ressources ainsi qu’en témoignaient son mariage et ses espoirs.
[1] Suet., Tib., 35, 4.
[2] Turnèbe, Aduersariorum, 14, 17, 30-32 (éd. 1604, p. 265).
[3] Humbert 1972, p. 100 et n. 34 en particulier
Humbert 1972 : Humbert M., Le Remariage à Rome. Étude d’histoire juridique et sociale, Milan, 1972.
Raepsaet-Charlier 1987 : Raepsaet-Charlier M.‑T., Prosopographie des femmes de l’ordre sénatorial, Louvain, 1987.