Front., Strat., 4, 1, 21 : Domitius Corbulo in Armenia duas alas et tres cohortes, quae ad castellum Initia hostibus cesserant, extra uallum iussit tendere, donec adsiduo labore et prosperis excursionibus redimerent ignominiam.
Domitius Corbulon, en Arménie, ordonna à deux ailes et trois cohortes, qui avaient lâché pied devant l’ennemi près de la forteresse d’Initia, de camper hors du retranchement jusqu’à ce qu’elles eussent, par de constants efforts et des raids heureux, racheté leur déshonneur (trad. P. Laederich, Economica).
En 58-59, Cn. Domitius Corbulo dirigeait la guerre contre les Parthes pour la reconquête de l’Arménie[1]. La campagne était difficile et lors d’une bataille à proximité de la forteresse d’Initia, sans doute à l’été 59, près du tiers d’une légion prit la fuite. Pour restaurer la disciplina qu’il avait eu bien du mal à instaurer[2], Corbulon décida d’infliger à ceux qu’il jugeait lâches une punition humiliante, sanction plus à même de remobiliser les troupes. Aussi ordonna-t-il aux deux ailes et trois cohortes qui avaient fui, soit environ deux mille hommes, de camper hors du retranchement jusqu’à ce qu’elles se fussent rachetées. Ce châtiment, nous l’avons vu, aguerrissait les soldats en leur imposant des conditions de vie plus difficiles et plus dangereuses, et les stigmatisait également puisque chaque soir ils devaient quitter le camp sous les regards du reste de l’armée[3]. La punition résultait d’une mauvaise conduite des légionnaires, elle devait durer jusqu’à ce que, par leurs actes (adsiduo labore) ils fissent changer l’opinion de leur général à leur égard, ainsi que du reste de la troupe. Ils ne pourraient revenir dans le camp qu’à la condition d’en être redevenus dignes.
Bur 2018 : Bur C., La Citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 avant J.-C. – 96 après J.-C.), Rome, 2018.
Heil 1997 : Heil M., Die orientalische Außenpolitik des Kaisers Nero, 1997.