Infames Romani

Chevalier mutilé

Numéro
70
Identité
Catégorie
Procédures censoriales
Sous catégorie
Retrait du cheval public
Date de l'épisode
47
Source
Source

Suet., Claud., 16, 7 : Plures notare conatus, magna inquisitorum neglegentia sed suo maiore dedecore, innoxios fere repperit […] eo quidem, qui sibimet uim ferro intulisse arguebatur, inlaesum corpus ueste deposita ostentante.


Il voulait en noter davantage, mais grande fut la négligence des enquêteurs et plus grande encore sa propre confusion, […] certain même, que l’on accusait de s’être donné un coup de poignard, fit bien voir, en quittant ses habits, que son corps était sans blessure (trad. H. Ailloud, CUF).

Notice
Notice

Lors de sa censure de 47-48[1], Claude voulut épurer l’ordre équestre et Suétone rapporta ses efforts qui furent parfois tournés en ridicule à l’instar de notre épisode. Mal informé par les inquisitores du bureau a censibus[2], le Prince accusa à tort un chevalier de s’être donné un coup de poignard et dut renoncer à lui retirer le cheval public. Y. Grisé supposait que Claude, dont les goûts d’antiquaire, notamment en matière religieuse sont bien connus[3], avait décidé de dégrader le chevalier « par son respect des traditions religieuses archaïques qui frappaient de tabou celui qui avait attenté à ses jours »[4]. Mais peut-être soupçonnait-il simplement le chevalier d’avoir voulu se mutiler pour échapper au service militaire[5] ou à certaines fonctions[6]. En effet, le texte ne dit pas que le chevalier avait voulu se tuer. Aussi l’exemple de la rigueur avec laquelle Auguste avait puni le père qui avait coupé les pouces de ses fils pour qu’ils échappent au service militaire, rapporté également par Suétone, nous semble-t-il plus éclairant. Claude, voulant ici imiter son ancêtre et le fondateur du Principat, aurait donc cru que le chevalier s’était mutilé pour ne pas accomplir son service militaire, comportement indigne d’un citoyen et qui plus est d’un membre de l’ordre équestre.






[1] Suolahti 1963, p. 507-513.


[2] Cf. Bur 2018, chapitre 6.2.2.


[3] Voir entre autres Momigliano 1932, p. 13-41 ; Levick 1978.


[4] Grisé 1982, p. 252-253 n. 28.


[5] Suet., Aug., 24, 3.


[6] D.C., 54, 26, 8 affirme qu’Auguste ne recruta pas au Sénat les chevaliers mutilés.

Bibliographie
Bibliographie

Bur 2018 : Bur C., La Citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 avant J.-C. – 96 après J.-C.), Rome, 2018.


Grisé 1982 : Grisé Y., Le Suicide dans la Rome antique, Paris, 1982.


Levick 1978 : Levick B., « Antiquarian or Revolutionary ? Claudius Caesar’s Conception of His Principate », AJPh, 1978, 99, p. 79-105.


Momigliano 1932 : Momigliano A., L’opera dell’imperatore Claudio, Florence, 1932.


Suolahti 1963 : Suolahti J., The Roman censors : a study on social structure, Helsinki, 1963.


Clément Bur, Infames Romani n°70, Albi, INU Champollion, Pool Corpus, 2018, mis à jour le