Infames Romani

M. Furius Flaccus [58]

Numéro
133
Identité
Catégorie
Exclusions d'un collège
Sous catégorie
-
Date de l'épisode
-56
Références prosopographiques

F. Münzer, RE, 7/1, 1910, col. 353, n° 58 s. v. Furius ; Nicolet 1966-1974, 2, p. 891-892, n° 162 ; DPRR n° FURI4425.

Source
Source

Cic., Q. F., 2, 5, 2 (9 avril 56) = Shackleton Bailey, CLQ, n° 10 : M. Furium Flaccum, equitem Romanum, hominem nequam, Capitolini et Mercuriales de collegio eiecerunt praesentem ad pedes unius cuiusque iacentem.


M. Furius Flaccus, chevalier romain, un malhonnête homme, s’est vu expulser de leur collège par les Capitolini et par les Mercuriales, alors qu’il assistait à la séance et se traînait aux pieds de chacun de ses confrères (trad. L.-A. Constans, CUF).

Notice
Notice

M. Furius Flaccus est un chevalier romain qui fut chassé du collège des Mercuriales et des Capitolini par ses pairs aux dires de Cicéron. L’anecdote, signalée par Cicéron à son frère pour une raison inconnue et portant sur un personnage inconnu par ailleurs, est certainement authentique. Le texte de Cicéron est limpide sur l’appartenance de Flaccus à l’ordre équestre. En outre, qu’il soit membre de deux anciens collèges sacerdotaux de Rome, les Capitolini, créés pour s’occuper des Jeux Capitolins à la suite de la prise de Rome par les Gaulois[1], et les Mercuriales, collège fondé en même temps que le temple de Mercure en 495[2], atteste une certaine situation sociale[3]. Il est probable que les Mercuriales et les Capitolini furent associés en un seul et même collège lorsque la fonction des premiers, chargés de garantir l’aspect sacré de l’échange commercial, tendit à disparaître[4]. Par conséquent, nous devons être prudents pour utiliser l’appartenance de Flaccus aux Mercuriales pour conjecturer une activité de grand négociant.


Cicéron dépeint un Flaccus se jetant aux pieds de ses collègues, ce qui laisse entendre qu’il fut exclu de façon humiliante de ce collège. En revanche, il ne précise pas le motif de cette expulsion, se contentant d’indiquer qu’il était un nequam. Cet adjectif peut aussi bien se rapporter à ses capacités qu’à sa conduite et à ses mœurs, de sorte que seules des hypothèses peuvent être émises quant à la raison de son renvoi. C. Nicolet et D. R. Shackleton Bailey ont proposé de lier son exclusion à la crise frumentaire de Rome en supposant que les Mercuriales jouaient un rôle dans la gestion de l’approvisionnement de la Ville[5]. La remarque de D. R. Shackleton Bailey sur le fait qu’il est curieux que Cicéron ne mentionne pas le motif pourrait aller dans ce sens : la faute était évidente, sinon bien connue, et le collège aurait pu désigner Flaccus comme bouc-émissaire ou le juger réellement coupable de n’avoir pas su faire face à la crise. La procédure d’exclusion pourrait avoir pris la forme d’un vote au cours d’une séance du collège où Flaccus aurait pu tenter de susciter la pitié par ses supplications après, ou au lieu s’il était réellement fautif, s’être défendu.




[1] Liv., 5, 50, 4 et 52, 11.


[2] Liv., 2, 27, 5.


[3] Treggiari 1969, p. 187.


[4] Combet Farnoux 1981, p. 477-481.


[5] Nicolet 1966-1974, 2, p. 891-892, n° 162 et Shackleton Bailey, CLQ, n° 10.

Bibliographie
Bibliographie

Combet Farnoux 1981 : Combet Farnoux B., « Mercure romain, les Mercuriales et l’institution du culte impérial sous le principat augustéen », ANRW, 2, 17/1, 1981, p. 457-501.


Nicolet 1966-1974 : Nicolet C., L’Ordre équestre à l’époque républicaine (312-43 av. J.-C.), Paris, 1966-1974 (2 vol.).


Shackleton Bailey, CLQ : Shackleton Bailey D. R., Cicero : Epistulae ad Quintum fratrem et M. Brutum, Cambridge, 1980.


Treggiari 1969 : Treggiari S., Roman Freedmen during the Late Republic, Oxford, 1969.


Clément Bur, Infames Romani n°133, Albi, INU Champollion, Pool Corpus, 2018, mis à jour le