Infames Romani

Jeunes réfractaires du milieu de la 2e guerre punique

Numéro
74
Identité
Catégorie
Procédures censoriales
Sous catégorie
Aerarium facere et/ou tribu mouere
Date de l'épisode
-209
Source
Source

Liv., 27, 11, 15 (a. 209) : Magnum praeterea numerum eorum conquisiuerunt qui equo merere deberent, atque ex iis qui principio eius belli septemdecim annos nati fuerant neque militauerant omnes aerarios fecerunt.


Ils firent rechercher en outre un grand nombre de ceux qui devaient servir dans la cavalerie ainsi que ceux d’entre eux qui, au début de cette guerre, étaient âgés de 17 ans et n’avaient pas fait de service et firent de tous des aerarii (trad. P. Jal, CUF).

Notice
Notice

Les censeurs de 214 avaient déjà fait la chasse aux jeunes Romains qui évitaient le service militaire[1]. Or, en 209, les censeurs blâmèrent également des jeunes gens qui étaient en âge d’être soldats depuis le début de la guerre (principio eius belli septemdecim annos nati)[2]. Il est curieux que les personnes visées en 209 soient si proches de celles de 214, aussi pouvons-nous envisager deux hypothèses. La première, comme nous l’avions déjà signalé pour les complices de M. Caecilius Metellus[3], est que l’absence de clôture du lustre en 214, en raison de la mort prématurée de P. Furius, empêcha l’entrée en vigueur des dégradations. Les jeunes réfractaires de 214 avaient bien été envoyés servir de façon ignominieuse en Sicile car la décision avait été prise par le Sénat, mais ce furent les censeurs de 209 qui les reléguèrent finalement parmi les aerarii[4]. L’autre possibilité est que les censeurs de 209 poursuivirent la tâche de ceux de 214 en recherchant les nouveaux réfractaires depuis 214 et ceux qui avaient pu passer entre les mailles du filet la première fois. Cette dernière option est plus séduisante parce que M. Cornelius Cethegus et P. Sempronius Tuditanus blâmèrent tout particulièrement une catégorie de citoyens qui devaient equo merere. Ces derniers n’étaient pas des chevaliers ainsi que l’a démontré C. Nicolet, mais des cavaliers légionnaires qui possédaient un cens comparable sans avoir reçu l’honneur de l’equus publicus[5]. Par conséquent, il nous semble peu vraisemblable que cette catégorie de citoyens, jouissant d’une situation privilégiée dans la société romaine, ait été négligée par les censeurs de 214 et il faut conclure que les censeurs de 209 poursuivirent l’action de leurs prédécesseurs. D’ailleurs, la non-clôture du lustre n’empêchait probablement pas les dégradations d’être valides[6]. Tuditanus et Cethegus recherchèrent ceux qui avaient échappé à la vigilance des censeurs de 214 et surtout ceux qui avaient atteint l’âge de prendre la toge virile depuis 214 et qui, malgré l’exemple des blâmes de la dernière censure, avaient tout fait pour éviter le service. Ils châtièrent tous les citoyens qui ne participaient pas activement à la défense de la cité en les reléguant parmi les aerarii. Ces citoyens, qui refusaient l’impôt du sang, n’étaient pas dignes de participer au fonctionnement de la République et les jeunes cavaliers légionnaires virent certainement les portes de l’ordre équestre se fermer définitivement devant eux.






[1] Cf. notice n° 73.


[2] Liv., 27, 11, 15.


[3] Cf. notice n° 48.


[4] Liv., 24, 18, 9.


[5] Nicolet 1966-1974, 1, p. 53-54.


[6] Cf. Bur 2017.

Bibliographie
Bibliographie

Bur 2017 : Bur C., « Une refondation ordinaire : lustrum condere et recensement dans la Rome républicaine », dans Gervais-Lambony P., Hurlet F. et Rivoal I. (dir.), (Re)fonder. Les modalités du (re)commencement dans le temps et dans l’espace, Paris 2017, p. 269-279.


Nicolet 1966-1974 : Nicolet C., L’Ordre équestre à l’époque républicaine (312-43 av. J.-C.), Paris, 1966-1974 (2 vol.).


Clément Bur, Infames Romani n°74, Albi, INU Champollion, Pool Corpus, 2018, mis à jour le