A. Stein, RE, 18/2, 1942, col. 2065 n° 14 s. v. Paccius ; L. Petersen, PIR², 6, 1998, p. 5, P 18 ; Dobson 1978, p. 196, n° 64.
Tac., Ann., 13, 36 : Interim Corbulo legionibus intra castra habitis, donec uer adolesceret, dispositisque per idoneos locos cohortibus auxiliariis, ne pugnam priores auderent praedicit : curam praesidiorum Paccio Orfito primi pili honore perfuncto mandat. Is quamquam incautos barbaros et bene gerendae rei casum offerri scripserat, tenere se munimentis et maiores copias opperiri iubetur. Sed rupto imperio, postquam paucae e proximis castellis turmae aduenerant pugnamque imperitia poscebant, congressus cum hoste funditur. Et damno eius exterriti qui subsidium ferre debuerant sua quisque in castra trepida fuga rediere. Quod grauiter Corbulo accepit increpitumque Paccium et praefectos militesque tendere extra uallum iussit ; inque ea contumelia detenti nec nisi precibus uniuersi exercitus exoluti sunt.
Cependant Corbulon retint ses légions au camp jusqu’à ce que le printemps fût épanoui ; alors, ayant réparti les cohortes auxiliaires sur des positions propices, il leur recommande de ne pas prendre l’initiative de hasarder le combat. Il confie le commandement de ces postes à l’ancien primipile Paccius Orfitus. Celui-ci eut beau écrire que la négligence des barbares offrait l’occasion de remporter un succès, on lui enjoint de rester dans ses retranchements et d’attendre de plus grandes forces. Mais il enfreignit cet ordre et, comme un petit nombre d’escadrons, arrivés des forts voisins, réclamaient imprudemment le combat, il attaque l’ennemi, qui le met en déroute. Sa défaite épouvanta ceux qui auraient dû lui porter secours et qui regagnèrent chacun son camp par une fuite précipitée. Cette nouvelle indisposa vivement Corbulon, qui réprimanda Paccius, les préfets et les soldats et qui leur donna l’ordre de camper hors du retranchement ; ils endurèrent cette humiliation et n’en furent relevés qu’à la prière de toute l’armée (trad. P. Wuilleumier et J. Hellegouarc’h, CUF).
Tac., Ann., 15, 12, 2 : Primum e perculsis Paccium, primi pili centurionem, obuium habuit, dein plerosque militum.
Le premier des fuyards qu’il rencontra sur la route fut le centurion primipile Paccius, et après lui beaucoup de soldats (trad. J. Hellegouarc’h, CUF).
Paccius Orfitus était un ancien primipile à qui Cn. Domitius Corbulon, au début de la campagne d’Arménie, au printemps 58[1], avait confié le commandement de postes de défense. Enfreignant les ordres de son général, il avait attaqué l’ennemi et essuyé une humiliante défaite qui avait conduit l’ensemble de ses troupes et lui-même à subir une peine infamante, l’ordre de camper hors du retranchement[2]. Nous le retrouvons quelques années plus tard, au cours de la même campagne, en 62, mais cette fois dans l’armée de L. Junius Caesennius Paetus, gouverneur de Cappadoce en 61-63[3], s’il faut identifier le Paccius du second passage avec celui du premier comme le proposent A. Stein, J. Hellegouarc’h et L. Petersen[4]. Ils étayent cette hypothèse en avançant que le second passage suggère une dégradation de Paccius[5]. En effet, alors qu’il était qualifié d’ancien primipile dans le premier passage de Tacite (primi pili honore perfuncto), il est désormais primi pili centurio dans le second. Ce retour au grade antérieur signalerait peut-être une dégradation liée à sa conduite de 58. Il est significatif que Paccius retrouvât une position malgré tout honorifique dans l’armée, ce qui suggère que la dégradation ne faisait qu’annuler l’avancement sans pour autant faire du fautif un simple fantassin. En outre, Paccius fut vraisemblablement transféré dans une nouvelle légion, et même une nouvelle armée, soit pour lui permettre de retrouver l’autorité nécessaire pour diriger des hommes au combat, soit à titre de punition en l’éloignant de ses camarades. Apparemment, les deux sanctions n’eurent pas l’effet escompté puisqu’il fut le premier à fuir dans le combat rapporté par Tacite.
[1] Heil 1997, p. 86-100.
[2] Cf. notice n° 98.
[3] Magie 1950, p. 579 n. 34 et p. 1583 ; Heil 1997, p. 101-116 ; Thomasson 1984, col. 263‑264, 29/4.
[4] A. Stein, RE, 18/2, 1942, col. 2065 n° 14 s. v. Paccius ; Hellegouarc’h 1990, p. 36 n. 6 et 144 n. 3 ; L. Petersen, PIR², 6, 1998, p. 5, P 18.
[5] Contra Dobson 1978, p. 196, n° 64 qui suppose que dans l’intervalle de temps, Paccius aurait revêtu à Rome un ou plusieurs tribunats, ce qui nous paraît peu crédible.
Dobson 1978 : Dobson B., Die Primipilares. Entwicklung und Bedeutung, Laufbahnen und Persönlichkeiten eines römischen Offiziersranges, Cologne – Bonn, 1978.
Heil 1997 : Heil M., Die orientalische Außenpolitik des Kaisers Nero, 1997.
Hellegouarc’h 1990 : Hellegouarc’h J., Tacite. Annales livres XIII-XVI, Paris, 1990.
Magie 1950 : Magie D., Roman Rule in Asia Minor, Princeton, 1950.
Thomasson 1984 : Thomasson B. E., Laterculi praesidum, 1, Göteborg, 1984.