Infames Romani

M. Epidius [2]

Numéro
170
Identité
Catégorie
Procédures judiciaires
Sous catégorie
Condamnés de calumnia
Date de l'épisode
-50
Références prosopographiques

J. Brzoska, RE, 6/1, 1907, col. 59, n° 2 s. v. Epidius ; M. Dürkop, Neue Pauly, 3, 1997, col. 1104-1105 s. v. Epidius ; David 1992, p. 787 (surtout p. 105).

Attention ! La condamnation eut lieu vers la fin de la première moitié du Ier siècle av. J.C., sans plus de précisions.

Source
Source

Suet., Gr. Rhet., 28, 1 : <M.> Epidius calumnia notatus, ludum dicendi aperuit docuitque inter ceteros M. Antonium et Augustum : quibus quondam Cannutius obicientibus sibi quod in re publica administranda potissimum consularis Isaurici sectam sequeretur : malle – respondit – Isaurici esse discipulum quam Epidii calumniatoris.


(M.) Epidius, marqué d’infamie pour calomnie, ouvrit une école de rhétorique et, parmi d’autres, y eut pour élèves M. Antonius et Auguste. Ceux-ci, un jour qu’ils reprochaient à Cannutius d’apprendre à gérer les affaires publiques en se faisant le disciple d’Isauricus, le consulaire, s’entendirent répondre : je préfère être l’élève d’Isauricus que celui d’Epidius, le calomniateur (trad. David 1992, p. 105).

Notice
Notice

M. Epidius, dont le prénom n’est conservé que dans l’index du traité de Suétone, était un rhéteur probablement contemporain de Cicéron puisque nous apprenons qu’il eut Marc Antoine et Auguste pour élèves par la suite. Selon J.-M. David, il « appartenait à ce milieu d’orateurs d’origine municipale qui cherchaient à faire carrière à Rome en profitant des possibilités offertes par l’accusation populaire »[1]. Il était de ce fait probablement chevalier. Malheureusement une affaire tourna mal et il fut condamné pour calomnie. Bien que Suétone n’indique pas devant quelle quaestio il fut déclaré calumniator et que nous ne puissions donc pas déterminer les peines infligées, il ne faut pas douter qu’il subit des sanctions infamantes dont le principal objectif était de l’exclure de la vie judiciaire[2]. Ayant perdu le ius accusandi et surtout tout crédit, il mit fin à sa carrière à Rome et se résigna à ouvrir une école de rhétorique. Il devait jouir d’une grande réputation d’orateur puisqu’il attira des élèves de l’aristocratie romaine comme Marc Antoine, peut-être Virgile, et même le futur Auguste. Malgré tout, l’humiliation de sa condamnation le poursuivait : « la calumnia le marquait par épithète »[3], situation rappelant le K marqué sur le front dont parlait Cicéron[4]. À cause de la différence de prénom, on ne croit pas pouvoir l’identifier à C. Epidius qui, d’après Pline, avait écrit des commentarii sur les prodiges[5]. En revanche, il est possible que C. Epidius Marullus, le tribun de la plèbe de 44[6], fût son fils ou son neveu[7].






[1] David 1992, p. 105.


[2] Cf. Bur 2018, chapitre 12.8.


[3] David 1992, p. 105.


[4] Cic., Rosc. Am., 57. Sur l’existence de cette sanction, voir Bur 2018, chapitre 12.8.


[5] Plin., nat., 17, 243.


[6] F. Münzer, RE, 6/1, 1907, col. 59-60, n° 3 s. v. Epidius. Sur le tribunat de 44 : Niccolini 1934, p. 346-350 et MRR, 2, p. 324.


[7] Hypothèse de David 1992, p. 787.

Bibliographie
Bibliographie

Bur 2018 : Bur C., La Citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 avant J.-C. – 96 après J.-C.), Rome, 2018.


David 1992 : David J.-M., Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome, 1992.


Niccolini 1934 : Niccolini G., I Fasti dei tribuni della plebe, Milan, 1934.


Clément Bur, Infames Romani n°170, Albi, INU Champollion, Pool Corpus, 2018, mis à jour le