H. Gundel, RE, 8A/1, 1955, col. 383-384, n° 1 s. v. Varinius ; Wiseman 1971, p. 270, n° 462 ; Rosenstein 1990, p. 203, n° 91 ; Ryan 1996b ; DPRR n° VARI2102.
Cic., Flacc., 45 : Custos T. Aufidio praetore in frumento publico est positus ; pro quo cum a P. Varinio praetore pecuniam accepisset, celauit suos ciuis ultroque eis sumptum intulit. Quod postea quam Temni litteris a P. Varinio missis cognitum atque patefactum est, cumque eadem de re Cn. Lentulus, qui censor fuit, Temnitarum patronus, litteras misisset, Heraclidam istum Temni postea nemo uidit.
Un homme qui, constitué gardien du blé public, sous la préture de T. Aufidius, a reçu pour ce blé une somme du préteur P. Varinius, l’a caché à ses concitoyens et qui plus est, leur a imputé la dépense. Plus tard, le fait a été révélé à Temnos par une lettre de P. Varinius et Cn. Lentulus, l’ancien censeur, patron des Temnites, leur a écrit lui aussi, au sujet de la même affaire (trad. A. Boulanger, CUF).
Liv., Perioch., 95 : Crixo et Spartaco ducibus bello excitato Claudium Pulchrum legatum et P. Varenum praetorem proelio uicerunt.
Crixus et Spartacus étant les chefs, après avoir soulevé une guerre ils vainquirent par un combat le légat Claudius Pulcher et le préteur P. Varenus (trad. P. Jal, CUF).
Plut., Crass., 9, 5-7 : δεύτερος ἐκπέμπεται πρὸς αὐτοὺς στρατηγὸς Πούπλιος Βαρῖνος, οὗ πρῶτον μὲν ὑποστράτηγόν τινα Φούριον ἔχοντα τρισχιλίους στρατιώτας ἐτρέψαντο συμβαλόντες, ἔπειτα σύμβουλον αὐτῷ καὶ συνάρχοντα Κοσσίνιον ἀποσταλέντα μετὰ πολλῆς δυνάμεως ἐπιτηρήσας ὁ Σπάρτακος λουόμενον περὶ Σαλίνας μικρὸν ἐδέησε συναρπάσαι. Χαλεπῶς δὲ καὶ μόλις ἐκφυγόντος, εὐθὺς μὲν ἐκράτησε τῆς ἀποσκευῆς, ἐκ ποδὸς δὲ κατέχων καὶ διώκων φόνῳ πολλῷ τὸ στρατόπεδον εἷλεν. Ἔπεσε δὲ καὶ Κοςσίνιος. Αὐτὸν δὲ τὸν στρατηγὸν ἄλλαις μάχαις πολλαῖς καταγωνισάμενος, τέλος δὲ τούς τε ῥαβδούχους καὶ τὸν ἵππον αὐτοῦ λαβὼν αἰχμάλωτον.
On envoya contre eux un second préteur, Publius Varinius. Ils en vinrent d’abord aux mains avec son lieutenant Furius, qui avait trois mille hommes sous ses ordres ; ils le mirent en déroute. Ensuite son conseiller et collègue Cossinius, envoyé avec des forces importantes, fut surpris alors qu’il se baignait à Salinae par Spartacus et faillit être enlevé par lui. Il s’enfuit de justesse et difficilement. Spartacus s’empara aussitôt de ses bagages, le suivit et le traqua à pied, lui tua beaucoup de monde et prit son camp. Cossinius tomba lui aussi. Spartacus battit le préteur lui-même dans beaucoup d’autres rencontres, et finalement il lui enleva ses licteurs et son cheval (trad. R. Flacelière, CUF).
App., BC, 1, 541 : καὶ πρῶτος ἐπ’ αὐτὸν ἐκπεμφθεὶς Οὐαρίνιος Γλάβρος, ἐπὶ δ’ ἐκείνῳ Πόπλιος Οὐαλέριος, […] Οὐαρινίου δὲ καὶ τὸν ἵππον αὐτὸς Σπάρτακος περιέσπασεν· παρὰ τοσοῦτον ἦλθε κινδύνου Ῥωμαίων ὁ στρατηγὸς αὐτὸς αἰχμάλωτος ὑπὸ μονομάχου γενέσθαι.
On envoya d’abord contre [Spartacus] Varinius Glaber puis, après celui-ci, Publius Valerius ; […] Spartacus en personne s’empara même du cheval que montait Varinius : c’est dire si le général romain en personne fut en grand danger d’être fait prisonnier par un gladiateur ! (Trad. P. Goukowsky, CUF).
Aucune source ne signale une exclusion du Sénat de P. Varinius, mais, en raison de sa probable réitération de la préture, T. R. S. Broughton et T. P. Wiseman ont supposé qu’il avait été chassé de la curie par les censeurs de 70[1]. Le blâme aurait été la conséquence de sa campagne désastreuse contre Spartacus. Homo nouus[2], nous n’avons aucune indication sur la carrière préalable de Varinius. Lors de sa préture[3], il fut vaincu à plusieurs reprises par les esclaves et Spartacus faillit le faire prisonnier après avoir tué ses licteurs et s’être emparé de son cheval[4]. Un tel échec était une réelle humiliation et pouvait attirer les critiques et quolibets des Romains au point de provoquer la réaction des censeurs soucieux du prestige de la classe dirigeante romaine. Évincé du Sénat, il aurait réussi à retrouver sa dignité en revêtant une seconde préture puisqu’il est attesté comme gouverneur d’Asie en 65. Ce dernier point est très discuté[5]. Ainsi, le cas de C. Antonius Hybrida[6] servit de modèle à T. R. S. Broughton et T. P. Wiseman pour expliquer la curieuse carrière de P. Varinius. Cependant nous voyons difficilement un préteur humilié par un gladiateur obtenir si rapidement une nouvelle préture, qui plus est si un tel parcours s’avère exceptionnel. Rien ne pourrait justifier une telle faveur populaire, d’autant plus que Varinius était de naissance obscure et ne semble pas avoir accompli d’exploit par ailleurs d’après nos sources. Enfin, s’il avait été exclu du Sénat par les censeurs pour cette défaite, nous pouvons supposer que les sources qui avaient conservé le souvenir de la prise du cheval en auraient fait mention. Si P. Varinius fut effectivement préteur une seconde fois en 65, la réitération pourrait être expliquée selon T. C. Brennan de la même manière que celle de C. Aurelius Cotta, le consul de 200[7]. Il s’agirait d’effacer le souvenir d’une préture sans éclat par une seconde magistrature afin de relancer sa carrière politique et de se mettre en bonne place pour briguer le consulat.
Pour conclure, P. Varinius fut vraisemblablement préteur en 66 pour la seconde fois, non pas pour retrouver la place au Sénat qu’il aurait perdue en 70 à cause de l’humiliation subie contre Spartacus, mais, plus probablement, pour effacer le mauvais souvenir laissé par sa première préture. Il ne parvint pas cependant au consulat.
Nous ne lui connaissons aucun fils ayant atteint une magistrature.
[1] MRR, 2, p. 142 n. 9 ; Wiseman 1971, p. 270, n° 462.
[2] Wiseman 1971, loc. cit. ; Ryan 1996b, p. 375 parle d’obscure naissance tandis que Brennan 2000, 2, p. 565 affirme qu’aucun autre Varinius n’est connu pour avoir exercé une charge sous la République. Les manuscrits du Pro Flacco de Cicéron offrent plusieurs leçons pour le nom du préteur : Varinio, Varino et Varreno pour la première occurrence du § 45 et Varinio et Varino pour la seconde. Les commentateurs ont unaniment opté pour Varinio en s’appuyant sur le nom donné par Appien et Plutarque. De même, les éditeurs ont tous corrigé le texte de la Periocha du livre 95 de Tite-Live de Varenus en Varinius.
[3] Malgré Front., Str., 1, 5, 22 qui le présente comme proconsul, P. Varinius a presque unanimement été considéré comme un préteur de 73 (MRR, 2, p. 110 et p. 115 n. 1 d’après Gabba 1958, p. 319-320) jusqu’à Ryan 1996b. Cependant Brennan 2000, 2, p. 432 et 751 revint à la première hypothèse et en fit un préteur de 73 attesté ayant reçu un « enhanced imperium » pour agir contre Spartacus, sur le modèle de ce qui avait été fait au début de la guerre sociale.
[4] Plut., Crass., 9, 7 et App., BC, 1, 541.
[5] La promagistrature en Asie, province réservée alors aux prétoriens, est attestée uniquement par Cic., Flacc., 45. H. Gundel, RE, 8A/1, 1955, col. 383-384, n° 1 s. v. Varinius avait proposé de la placer à la suite de la première préture de Varinius, en 72, mais ne fut pas suivi. Broughton, loc. cit. et MRR, 3, p. 215 date plutôt la promagistrature de 65 et en déduit une seconde préture en 66. Contra, Ryan 1996b, qui réfute cette seconde préture en s’appuyant sur le délai de dix ans nécessaire pour revêtir une seconde fois une magistrature et suppose à partir de là que Varinius n’était pas préteur en 73 mais promagistrat, et n’atteignit la préture qu’en 67-66. Brennan 2000, 2, p. 565 et 718 revient à l’hypothèse de T. R. S. Broughton, car il ne pensait pas que Sylla avait interdit la réitération de la préture (p. 425) et qu’une exception à la règle des dix ans pouvait avoir été accordée à Varinius (p. 787 n. 27).
[6] Cf. notice n° 20.
[7] Brennan 2000, 2, p. 809 n. 329 fait référence à son article Brennan 1989 pour expliquer la seconde préture de P. Varinius.
Brennan 1989 : Brennan T. C., « C. Aurelius Cotta, praetor iterum (CIL, 1², 610) », Athenaeum, 1989, 67, p. 467-487.
Brennan 2000 : Brennan T. C., The Praetorship in the Roman Republic, New York – Oxford, 2000 (2 vol.).Rosenstein 1990 : Rosenstein N., Imperatores Victi. Military Defeat and Aristocratic Competition in the Middle and Late Republic, Berkeley, 1990.
Gabba 1958 : Gabba E., Appiani Bellorum civilium liber primus, Florence, 1958.
Ryan 1996b : Ryan F. X., « The praetorships of Varinius, Cossinius and Glaber », Klio, 1996, 78/2, p. 374‑379.
Wiseman 1971 : Wiseman T. P., New Men in the Roman Senate, Londres, 1971.