Infames Romani

C. Herennius [7]

Numéro
166
Identité
Catégorie
Procédures judiciaires
Sous catégorie
Condamnés de peculatu
Date de l'épisode
-74
Références prosopographiques

F. Münzer, RE, 8, 1912, col. 663-664, n° 7 s. v. Herennius ; Syme 1955, p. 63 ; Alexander 1990, p. 81, n° 162 ; DPRR n° HERE2024.

Attention ! La condamnation eut lieu entre 74 et 70 av. J.C.

Source
Source

Cic., Verr., 1, 39 : Quid est quod in C. Herennio, quod in C. Popilio, senatoribus, qui ambo peculatus damnati sunt.


Il saura pourquoi, dans le cas de C. Herennius et de C. Popilius, ces sénateurs qui ont été condamnés tous les deux pour péculat (trad. H. de la Ville de Mirmont, CUF).


 


Plut., Pomp., 18, 5 : Ἑρέννιον δὲ καὶ Περπένναν, ἄνδρας ἡγεμονικοὺς τῶν πρὸς Σερτώριον καταπεφευγότων καὶ στρατηγούντων ἐκείνῳ, νικήσας περὶ Οὐαλεντίαν ὑπὲρ μυρίους ἀπέκτεινεν.


En revanche, il vainquit à Valence Herennius et Perpenna, deux des généraux qui s’étaient réfugiés auprès de Sertorius et qui servaient sous ses ordres (trad. R. Flacelière et E. Chambry, CUF).

Notice
Notice

Cicéron ne fait que signaler la condamnation pour péculat de C. Herennius dans les Verrines[1]. Ce nom revient à deux autres reprises dans nos sources : chez Salluste et Aulu-Gelle, il s’agit d’un tribun qui s’opposa à la demande de Sylla de triomphe pour Pompée ; chez Plutarque, on trouve un Herennius, légat de Sertorius, vaincu par ce même Pompée à Valence en 75[2]. F. Münzer, proposant de les identifier, reconstruisait ainsi son parcours : tribun hostile à Sylla en 80[3], il fut accusé de péculat peu après sa sortie de charge et s’enfuit en Espagne rejoindre Sertorius où il trouva la mort[4]. L’identification entre notre personnage et celui de la bataille de Valence est d’autant plus plausible que Plutarque louait Sertorius pour l’accueil qu’il réservait aux sénateurs en exil[5]. Cicéron n’attestait pas seulement le rang sénatorial d’Herennius, mais il proclamait qu’il avait été corrompu comme juge. Dans ce cas, l’exil ne suivit pas immédiatement la fin de son tribunat. Il fut condamné de peculatu sans doute pour des actes accomplis lors d’une autre magistrature revêtue entre 80 et 77, peut-être une questure qui lui donna le ius s. d. et le droit de siéger dans les jurys s’il ne l’avait pas déjà. Il préféra alors quitter Rome parce que d’autres procès se préparaient, notamment devant la quaestio de repetundis à cause des pots-de-vin reçus comme juge[6]. Il rejoignit l’Espagne où Sertorius accueillait les individus de son espèce.


Cependant, R. Syme montra que l’ensemble des sénateurs cités par Cicéron dans ce passage étaient des juges corrompus du procès d’Oppianicus de 74. Par conséquent, il faut distinguer le condamné de peculatu juge en 74 et le légat de Sertorius mort en 75[7] et dater le procès de C. Herennius entre 74 et 70[8]. Sénateur à cette date, nous ne savons pas pour quelle raison il avait été accusé, mais, comme nous le rappelions ci-dessus, cela ne pouvait provenir des soupçons de corruption. En refusant l’identification, il n’y a plus de preuves que C. Herennius se fût exilé après sa condamnation. Comme les autres juges dénoncés par Cicéron, il pouvait être encore présent à Rome. L’issue du procès de Cluentius risquait de susciter à son encontre des accusations de corruption et donc un procès devant la quaestio de repetundis puisque sa condamnation en faisait une proie facile. En effet, il était écarté de la vie publique à cause des différentes conséquences infamantes qu’il subissait d’après la lex Cornelia de peculatu. Aussi préféra-t-il peut-être quitter Rome à cause de ces menaces, mais cela n’est pas certain. Nous ne lui connaissons aucun descendant.






[1] Cic., Verr., 1, 39.


[2] Sall., Hist., 21 ; Gell., 10, 20, 10 ; Plut., Pomp., 18, 5.


[3] MRR, 2, p. 79.


[4] F. Münzer, RE, 8, 1912, col. 663-664, n° 7 suivi par Alexander 1990, p. 81 n. 2.


[5] Plut., Sert., 22, 5. Malheureusement, dans cette Vie Parallèle, Plutarque ne mentionne pas de Herennius.


[6] Contrairement à ce qu’affirment Zumpt 1871, p. 527 ; Syme 1955, p. 63 et Alexander 1990, p. 81 avec un « ? », le motif de l’accusation de péculat ne pouvait résider dans les soupçons de corruption puisque ce délit relevait des repetundae.


[7] Syme 1955, p. 63 suivi par MRR, 3, p. 101 et Deniaux 1979, p. 638-639.


[8] Il est impossible de supposer, comme T. R. S. Broughton (MRR, 3, p. 101), que le procès eut lieu avant 74 puisqu’une condamnation de peculatu provoquait une exclusion du Sénat et par conséquent des fonctions de juge (cf. Bur 2018, chapitre 12.5)

Bibliographie
Bibliographie

Alexander 1990 : Alexander M. C., Trials in the late Roman Republic, 149 BC to 50 BC, Toronto, 1990.


Bur 2018 : Bur C., La Citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 avant J.-C. – 96 après J.-C.), Rome, 2018.


Deniaux 1979 : Deniaux E., « À propos des Herennii de la République et de l’époque d’Auguste », MEFRA, 1979, 91, p. 623-650.


Syme 1955 : Syme R., « Missing Senators », Historia, 1955, 4, p. 52-71.


Zumpt 1871 : Zumpt A. W., Der Criminalprocess der römischen Republik, Leipzig, 1871.


Clément Bur, Infames Romani n°166, Albi, INU Champollion, Pool Corpus, 2018, mis à jour le