Infames Romani

Hostilius Firminus [14]

Numéro
177
Identité
Catégorie
Procédures judiciaires
Sous catégorie
Condamnés dans un procès indéterminé
Date de l'épisode
98
Références prosopographiques

K. Kadlec, RE, 8/2, 1913, col. 2506, n° 14 s. v. Hostilius ; L. Petersen, PIR², 4, 1943, p. 101, n° 225 ; Bleicken 1962, p. 163-164, n° 24 ; Eck 1970, p. 41 ; Jones B. 1979, p. 107, n° 129 ; Talbert 1984, p. 510, n° 30 ; Thomasson 1996, p. 106, n° 20.

Source
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Plin., Ep., 2, 12, 2-4 (à Arrianus) : Firminus inductus in senatum respondit crimini noto. Secutae sunt diuersae sententiae consulum designatorum. Cornutus Tertullus censuit ordine mouendum, Acutius Nerua in sortitione prouinciae rationem eius non habendam. Quae sententia tamquam mitior uicit, cum sit alioqui durior tristiorque. Quid enim miserius quam exsectum et exemptum honoribus senatoriis, labore et molestia non carere ? Quid grauius quam tanta ignominia adfectum non in solitudine latere, sed in hac altissima specula conspiciendum se monstrandumque praebere ? Praeterea quid publice minus aut congruens aut decorum notatum a senatu in senatu sedere, ipsisque illis a quibus sit notatus aequari ; summotum a proconsulatu quia se in legatione turpiter gesserat, de proconsulibus iudicare, damnatumque sordium uel damnare alios uel absoluere !


Firminus, introduit devant le Sénat, répondit à l’accusation dont il connaissait la teneur. Suivirent, dans des sens opposés, les opinions des consuls désignés ; Cornutus Tertullus fut d’avis qu’on devait l’exclure du Sénat, Acutius Nerva qu’il fallait ne pas le prendre en compte dans le tirage au sort des provinces. Cette opinion prévalut comme étant la plus douce, alors qu’elle est à d’autres égards plus dure et plus sévère. En effet qu’y a-t-il de plus déplorable que d’être retranché, écarté des honneurs sénatoriaux sans être exempté des tracas et des ennuis ? Quoi de plus pénible, pour un homme frappé d’un tel opprobre, que de ne pas pouvoir se cacher dans la solitude, mais de rester en vue sur les hauteurs, pour être dévisagé et montré du doigt ? Et par ailleurs, du point de vue de l’État, quoi de plus paradoxal ou de plus inconvenant que de laisser un homme marqué de flétrissure par le Sénat siéger au Sénat et rester l’égal de ceux-là mêmes qui l’ont flétri ; un homme écarté du proconsulat pour s’être conduit honteusement dans ses fonctions de légat, juger des proconsuls ; un homme condamné pour des vilenies en condamner ou en absoudre d’autres ? (Trad. H. Zenacker, CUF).

Notice
Notice

Originaire d’Italie du Nord, Hostilius Firminus fut le légat du proconsul d’Afrique Marius Priscus en 97-98[1]. Ce dernier, accusé par Pline au Sénat, fut condamné et Hostilius fut également poursuivi parce qu’il avait aidé Priscus et qu’il avait lui-même accepté de l’argent sous un faux titre[2]. La culpabilité ayant été prouvée, le Sénat fut interrogé sur la peine à lui infliger. A. N. Sherwin-White avait fait remarquer qu’Hostilius n’avait pas été formellement accusé par les provinciaux[3], ce qui signifie peut-être que, contrairement à ce que pensait P. A. Brunt, il ne s’agissait pas d’un procès de repetundis[4]. Cela expliquerait le débat au Sénat sur la peine à infliger à Hostilius. En effet, la loi prévoyait l’exclusion du Sénat et la réparation du tort[5], pourtant les sénateurs hésitèrent entre l’exclusion et une sanction plus douce, l’écarter du tirage au sort des provinces, solution qui fut finalement adoptée[6]. Une telle peine présuppose vraisemblablement le rang prétorien comme le notait B. E. Thomasson[7]. A. N. Sherwin-White rapproche cette sanction de l’épisode où Cornelius Dolabella avait voulu instaurer une interdiction de faire participer au tirage au sort les personnages marqués par l’infamia[8], mesure refusée par Tibère. Aussi nous paraît-il faux de dire, comme P. A. Brunt, qu’Hostilius fut condamné sine infamia parce qu’il fut maintenu au Sénat. Au contraire, les méfaits commis en Afrique lui attirèrent une mauvaise réputation telle que les sénateurs jugèrent préférable de ne pas lui accorder une province, convaincus qu’il s’y livrerait à des vols et des pillages. Nous ne disposons d’aucune information ni sur la fin de sa vie, ni sur ses éventuels descendants.


 






[1] Thomasson 1996, p. 106, n° 20.


[2] Plin., Ep., 2, 11, 23 et 12, 2. Brunt 1961, p. 227, n° 37 et supposent une accusation de repetundis.


[3] Sherwin-White 1966, p. 172.


[4] Brunt 1961, p. 227, n° 37 suivi par Bleicken 1962, p. 163, n° 23.


[5] Cf. Bur 2018, chapitre 10.9.


[6] Plin., Ep., 2, 12, 2.


[7] Thomasson 1996, loc. cit.


[8] Tac., Ann., 3, 69, 1.

Bibliographie
Bibliographie

Bleicken 1962 : Bleicken J., Senatsgericht und Kaisergericht. Eine Studie zur Entwicklung des Prozeßrechtes im frühen Prinzipat, Göttingen, 1962.


Brunt 1961 : Brunt P. A., « Charges of Provincial Maladministration under the Early Principate », Historia, 1961, 10, p. 189-227.


Bur 2018 : Bur C., La Citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 avant J.-C. – 96 après J.-C.), Rome, 2018.


Eck 1970 : Eck W., Senatoren von Vespasian bis Hadrian : prosopographische Untersuchungen mit Einschluß der Jahres- und Provinzialfasten der Statthalter, Munich, 1970.


Jones B. 1979 : Jones B. W., Domitian and the Senatorial Order, Philadelphie, 1979.


Sherwin-White 1966 : Sherwin-White A. N., The Letters of Pliny. A Historical and Social Commentary, Oxford, 1966.


Talbert 1984 : Talbert R. J. A., Senate of Imperial Rome, Princeton, 1984.


Thomasson 1996 : Thomasson B. E., Fasti Africani, Stockholm, 1996.


Clément Bur, Infames Romani n°177, Albi, INU Champollion, Pool Corpus, 2018, mis à jour le