E. Klebs, RE, 2/2, 1896, col. 2612-2613, n° 7 s. v. Autronius ; K.-L. Elvers, Neue Pauly, 2, 1996, col. 364, [2] ; Shatzman 1975, p. 308, n° 99 ; Alexander 1990, p. 100‑101, n° 200 ; Nadig 1997, p. 150-151, n° 5 ; DPRR n° AUTR2070.
Cic., Sull., 15 : Ille ambitus iudicium tollere ac disturbare primum conflato uoluit gladiatorum ac fugitiuorum tumultu, deinde, id quod uidimus omnes, lapidatione atque concursu ; […] Ille damnatus ita se gerebat non solum consiliis et sermonibus uerum etiam aspectu atque uoltu ut inimicus esse amplissimis ordinibus, infestus bonis omnibus, hostis patriae uideretur.
[Autronius], accusé de brigue, a voulu empêcher le procès et disperser les juges, d’abord par une émeute, au moyen de gladiateurs et d’esclaves fugitifs, ensuite – nous l’avons tous vu – par une grêle de pierres et des batailles de rues. […] après sa condamnation, par ses démarches, ses propos et même par son aspect et sa physionomie [Autronius] se comportait comme un ennemi des ordres les plus considérables de l’État ; il se montrait hostile aux gens de bien, et apparaissait comme un ennemi public (trad. A. Boulanger, CUF).
Sall., Catil., 17, 3-4 : Eo conuenere senatorii ordinis P. Lentulus Sura, P. Autronius, L. Cassius Longinus, C. Cethegus. P. et Ser. Sullae Ser. filii, L. Vargunteius, Q. Annius, M. Porcius Laeca, L. Bestia, Q. Curius ; praeterea ex equestri ordine M. Fuluius Nobilior, L. Statilius, P. Gabinius Capito, C. Cornelius ; ad hoc multi ex coloniis et municipiis domi nobiles.
À ce rendez-vous se trouvèrent, de l’ordre sénatorial, P. Lentulus Sura, P. Autronius, L. Cassius Longinus, C. Cethegus, P. et Serv. Sulla fils de Servius, L. Vargunteius, Q. Annius, M. Porcius Laeca, L. Bestia, Q. Curius ; puis de l’ordre équestre M. Fulvius Nobilior, L. Statilius, P. Gabinius Capito, C. Cornelius ; enfin beaucoup de nobles citoyens des colonies et des municipes (trad. A. Ernout, CUF).
Sall., Catil., 18, 2 : L. Tullo et M’. Lepido consulibus P. Autronius et P. Sulla designati consules legibus ambitus interrogati poenas dederant.
Sous le consulat de L. Tullus et M’. Lepidus, les consuls désignés P. Autronius et P. Sulla, avaient été poursuivis et condamnés en vertu des lois sur la brigue (trad. A. Ernout, CUF).
Liv., Perioch., 101, 3 : Coniuratio eorum qui in petitione consulatus ambitus damnati erant facta de interficiendis consulibus obpressa est.
Un complot fomenté par ceux qui avaient été condamnés pour brigue au cours de leur candidature au consulat et qui visait à assassiner les consuls, fut réprimé (trad. P. Jal, CUF).
Ascon., p. 75 C : P. Sullam et P. Autronium significat, quorum alterum L. Cotta, alterum L. Torquatus, qui cum haec Cicero dicebat coss. erant, ambitus damnarant et in eorum locum creati erant.
Il fait référence à P. Sulla et P. Autronius, que L. Cotta et L. Torquatus, qui étaient consuls lorsque Cicéron prononçait ce discours, avaient condamné de ambitu et ils avaient été faits consuls à leur place.
Ascon., p. 88 C : Legem Calpurniam significat quam C. Calpurnius Piso ante triennium de ambitu tulerat. Quod dicit autem damnatos esse designatos consules, P. Sullam et P. Autronium, de quibus iam diximus, uult intellegi.
Il fait référence à la lex Calpurnia de ambitu que C. Calpurnius Piso avait portée trois ans auparavant. Et en disant ceci certes il veut faire comprendre que les condamnés étaient les consuls désignés, P. Sulla et P. Autronius, desquels nous avons déjà parlé.
Suet., Iul., 9, 1-2 : uenit in suspicionem conspirasse cum Marco Crasso consulari, item Publio Sulla et L. Autronio post designationem consulatus ambitus condemnatis, ut principio anni senatum adorirentur, et trucidatis quos placitum esset, dictaturam Crassus inuaderet, ipse ab eo magister equitum diceretur constitutaque ad arbitrium re publica Sullae et Autronio consulatus restitueretur. Meminerunt huius coniurationis Tanusius Geminus in historia, Marcus Bibulus in edictis, C. Curio pater in orationibus.
on le [César] soupçonna d’avoir comploté avec le consulaire Marcus Crassus, de concert avec Publius Sylla et L. Autronius, condamnés pour brigue après avoir été désignés comme consuls, d’attaquer le Sénat au commencement de l’année et d’égorger les sénateurs qu’ils auraient désignés, après quoi, Crassus se serait emparé de la dictature et aurait pris César pour maître de cavalerie, puis, une fois l’État organisé à leur guise, le consulat aurait été rendu à Sylla et à Autronius. Cette conjuration est mentionnée par Tanusius Geminus, dans son histoire, par Marcus Bibulus, dans ses édits, par C. Curion le père, dans ses discours (trad. H. Ailloud, CUF).
D.C., 36, 44, 3 : Πούπλιός τε γὰρ Παῖτος καὶ Κορνήλιος Σύλλας, ἀδελφιδοῦς ἐκείνου τοῦ πάνυ Σύλλου, ὕπατοί τε ἀποδειχθέντες καὶ δεκασμοῦ ἁλόντες ἐπεβούλευσαν τοὺς κατηγορήσαντάς σφων Κότταν τε καὶ Τορκουᾶτον Λουκίους, ἄλλως τε καὶ ἐπειδὴ αὐτοὶ ἀνθῃρέθησαν, ἀποκτεῖναι.
Publius Paetus et Cornelius Sulla, neveu du grand Sylla, qui avaient été élus consuls puis condamnés pour corruption, avaient comploté de tuer leurs accusateurs, Lucius Cotta et Lucius Torquatus (essentiellement parce qu’ils avaient été choisis pour les remplacer) (trad. G. Lachenaud et M. Coudry, CUF).
D.C., 37, 25, 3 : ὁ δὲ τῷ τε Παίτῳ τῷ Πουπλίῳ καὶ τῷ Σύλλᾳ τῷ Κορνηλίῳ τῷ μετ’ αὐτοῦ ἁλόντι τό τε βουλεύειν καὶ τὸ ἄρχειν ἐξεῖναι ἐδίδου.
Un autre [tribun] accordait à Publiait Paetus et à Cornelius Sylla, qui avait été condamné avec lui, le droit de siéger au Sénat et d’être magistrats (trad. G. Lachenaud et M. Coudry, CUF).
Schol. Bob., p. 79 St. : Postea, iam damnatis Sylla et Autronio, poenam de ambitu grauiorem consules C. Antonius et Cicero sanxerunt, ut praeter haec ueteribus legibus constitua etiam exilio multarentur.
Ensuite, Sylla et Autronius ayant déjà été condamnés, les consuls C. Antonius et Cicéron leur infligèrent une peine de ambitu plus lourde, pour qu’outre celles établies par les anciennes lois ils fussent punis de l’exil.
P. Autronius Paetus fut dans sa jeunesse un ami de Cicéron avec qui il exerça la questure en 75[1]. Préteur vers 68[2], il brigua le consulat pour 65 et fut élu avec P. Cornelius Sulla[3], mais tous les deux furent condamnés de ambitu[4]. Le procès eut lieu devant le préteur C. Aquillius Gallus et Paetus était accusé par son concurrent au consulat, L. Aurelius Cotta[5]. La condamnation fut obtenue malgré les efforts de Paetus qui utilisa la violence pour empêcher le procès de se tenir[6]. Non seulement sa victoire aux élections fut annulée, provoquant la tenue de nouveaux comices[7], mais il fut exclu du Sénat et des honneurs d’après les dispositions de la lex Calpurnia de ambitu[8]. Cette humiliation fut sans doute le motif qui le poussa à s’allier à Catilina pour fomenter un complot. La fameuse liste des conjurés réunis en juin 64 à l’initiative de Catilina le présente pourtant comme membre de l’ordre sénatorial[9]. Cependant, J. Linderski a déjà signalé les confusions provoquées par Salluste qui indique l’appartenance actuelle ou passée de ces personnages et ce passage ne permet donc pas de conclure à une appartenance au Sénat à cette date[10]. En outre, signalons simplement que la première conjuration de 65 dans laquelle il aurait joué un rôle de premier plan est désormais considérée comme une forgerie[11], tandis que sa participation à celle de 63 se conclut par une condamnation lors des procès qui suivirent la répression armée[12]. Cicéron témoigna même contre lui[13] et Paetus préféra s’exiler en Grèce après la condamnation. On n’entend plus parler de lui ensuite. Il était peut-être le père de L. Autronius P. f. L. n. Paetus, qui fut consul suffect en 33 et célébra un triomphe sur l’Afrique en 28[14].
[1] Cic., Sull., 18. Cf. MRR, 2, p. 97.
[2] MRR, 2, p. 138 et n. 2 p. 141.
[3] Cf. notice n° 160.
[4] Cic., Sull., 11 et 49-50 et 81 ; Fin., 2, 62 ; Sall., Catil., 18, 2 ; Liv., Perioch., 101 ; Ascon., p. 75 et 88 C. ; Suet., Iul., 9 ; D.C., 36, 44, 3-5 ; Schol. Bob., p. 78-79 St.
[5] Drumann et Groebe 1919, p. 572 ; Gruen 1974, p. 272 ; Marshall 1985, p. 261-262 ; Alexander 1990, p. 100-101, n° 200 ; David 1992, p. 757 ; Licandro 1999, p. 365-366.
[6] Cic., Sull., 15.
[7] D’Ippolito 1965 ; Sumner 1965 contra Mello 1963.
[8] Ascon., p. 88 C. ; D.C., 37, 25, 3 ; Schol. Bob., p. 78-79 St. Cf. Bur 2018, chapitre 11.4.
[9] Sall., Catil., 17, 3.
[10] Linderski 1963. Le projet de loi du frère de Sulla, L. Caecilius Rufus, tribun de la plèbe en 63, proposait de réintégrer au Sénat Sulla et peut-être également Paetus si Dion Cassius ne fit pas de confusion. Cependant il ne fut pas voté. Cf. Cic., Sull., 62-65 et D.C., 37, 25, 3.
[11] Seager 1964 ; Gruen 1969 ; Marshall 1977.
[12] Alexander 1990, p. 113, n° 229 citant Cic., Sull., 7 et 10 et 18 et 71 ; Cic., Att., 3, 2 et 3, 7, 1.
[13] Crawford 1984, p. 92-94.
[14] P. von Rohden, RE, 2/2, 1896, col. 2612, n° 6 s. v. Autronius ; K.-L. Elvers, Neue Pauly, 2, 1996, col. 364, [1]. Sur le triomphe : Itgenshorst 2005, p. 420-421 n° 292 et Bastien 2007, p. 415.
Alexander 1990 : Alexander M. C., Trials in the late Roman Republic, 149 BC to 50 BC, Toronto, 1990.
Bastien 2007 : Bastien J.-L., Le triomphe romain et son utilisation politique à Rome aux trois derniers siècles de la République, Rome, 2007.
Bur 2018 : Bur C., La Citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 avant J.-C. – 96 après J.-C.), Rome, 2018.
Crawford 1984 : Crawford J. W., M. Tullius Cicero : The Lost and Unpublished Orations, Göttingen, 1984.
D’Ippolito 1965 : D’Ippolito F., « Un caso di “ambitus” del 66 a.C. », Labeo, 1965, 11, p. 42-46.
David 1992 : David J.-M., Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome, 1992.
Drumann et Groebe 1919 : Drumann W. et Groebe P., Geschichte Roms, 5, Leipzig, 1919².
Gruen 1969 : Gruen E. S., « Notes on the “first catilinarian conspiracy” », CPh, 1969, 64, p. 20-24.
Gruen 1974 : Gruen E. S., The Last Generation of the Roman Republic, Berkeley, 1974.
Itgenshorst 2005 : Itgenshorst T., Tota illa Pompa : der Triumph in der römischen Republik, Göttingen 2005.
Licandro 1999 : Licandro O., In magistratu damnari, Turin, 1999.
Marshall 1985 : Marshall B. A., A Historical Commentary on Asconius, Columbia, 1985.
Mello 1963 : Mello M., « Sallustio e le elezioni consolari del 66 a.C. », PP, 1963, 18, p. 36-54.
Nadig 1997 : Nadig P., Ardet ambitus. Untersuchungen zum Phänomen der Wahlbestechungen in der römischen Republik, Francfort, 1997.
Seager 1964 : Seager R., « The First Catilinarian Conspiracy », Historia, 1964, 13, p. 338-347.
Shatzman 1975 : Shatzman I., Senatorial wealth and Roman politics, Bruxelles, 1975.
Sumner 1965 : Sumner G. V., « The Consular Elections of 66 B.C. », Phoenix, 1965, 19, p. 226-231.