Infames Romani

Avienus [1]

Numéro
109
Identité
Catégorie
Punitions militaires infamantes
Sous catégorie
Missio ignominiosa
Date de l'épisode
-46
Références prosopographiques

E. Klebs, RE, 2/2, 1896, col. 2385, n° 1 s. v. Avienus ; Suolahti 1955, A/247 ; DPRR n° AVIE2614.

Source
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Ps. Caes., Afr., 54 : Quibus legionibus expositis memor in Italia pristinae licentiae militaris ac rapinarum certorum hominum paruulam modo causulam nactus, quod C. Auienus tribunus militum X legionis nauem <ex> commeatu familia sua atque iumentis occupauisset neque militem unum ab Sicilia sustulisset, postero die de suggestu conuocatis omnium legionum tribunis centurionibusque : « Maxime uellem, inquit, homines suae petulantiae nimiaeque libertatis aliquando finem fecissent meaeque lenitatis modestiae patientiaeque rationem habuissent. Sed quoniam ipsi sibi neque modum neque terminum constituunt, quo ceteri dissimiliter se gerant, egomet ipse documentum more militari constituam. C. Auiene, quod in Italia milites populi Romani contra rem publicam instigasti rapinasque per municipia fecisti quodque mihi reique publicae inutilis fuisti et pro militibus tuam familiam iumentaque in naues imposuisti tuaque opera militibus tempore necessario res publica caret, ob eas res ignominiae causa ab exercitu meo te remoueo hodieque ex Africa abesse et quantum pote proficisci iubeo. […] Itaque traditos centurionibus et singulis non amplius singulos additos seruos in nauem imponendos separatim curauit.


Lorsque les légions eurent débarqué, César qui n’oubliait pas les précédents actes d’indiscipline en Italie et les rapines de certains personnages, prenant occasion du fait minime que C. Avienus, tribun militaire de la Xe légion, avait accaparé un navire du convoi avec son personnel et ses chevaux, sans emmener de Sicile un seul soldat à son bord, rassembla le lendemain les tribuns et les centurions de toutes les légions et les harangua de son tribunal : « J’aurais bien voulu, leur dit-il, que l’on cessât une bonne fois de se conduire insolemment et d’en prendre trop à son aise, et que l’on me sût gré de mon indulgence, de ma modération, de ma patience. Mais puisqu’on ne veut pas se fixer soi-même de mesure et de limite, selon le code militaire je ferai moi-même un exemple qui doit dicter à l’avenir un comportement différent. C. Avienus, parce qu’en Italie, tu as soulevé contre l’État les soldats du peuple romain et que tu as razzié les municipes ; parce que tu as porté préjudice à moi et à l’État ; qu’au lieu de soldats, tu as embarqué ton propre personnel et tes chevaux, et que par ta faute, l’État manque de soldats au moment où il en a besoin, pour toutes ces raisons je te chasse ignominieusement de mon armée, j’ordonne qu’aujourd’hui même tu aies quitté l’Afrique et que tu partes sans délai. […] » Puis, il les remit à des centurions, fit donner à chacun un esclave seulement et les fit embarquer séparément sur un navire (trad. A. Bouvet et J.-C. Richard, CUF).

Notice
Notice

Le débarquement en Afrique de l’armée césarienne donna lieu à plusieurs incidents[1] qui faisaient suite à des actes d’indiscipline. La guerre civile se prolongeait et certains soldats s’impatientaient d’obtenir les récompenses promises. Aussi, avant de poursuivre les opérations, César décida-t-il de restaurer la discipline en faisant quelques exemples après avoir prononcé un discours empli de reproches à l’égard de ses hommes. Le premier fut C. Avienus, tribun militaire de la Xe légion inconnu par ailleurs. Il fut congédié ignominieusement parce qu’il avait fait preuve d’un esprit séditieux, de négligence et qu’il avait agi contra more militari selon les propos mêmes de César. Naturellement, dans un contexte de guerre civile, il était difficile d’infliger un châtiment plus lourd que la missio ignominiosa comme le montre la précaution de César qui tint à renvoyer isolément les tribuns militaires qu’il congédia. Il craignait sans doute qu’ils ne tentassent de s’associer pour fomenter un complot ou une sédition contre lui. D’ailleurs, la missio signifiait la perte de tous les bénéfices promis depuis des années et était à ce titre une peine relativement dure[2].






[1] Voir aussi la notice précédente sur les marins de Thapsus n° 108.


[2] Cf. Bur 2018, chapitre 1.3.2.

Bibliographie
Bibliographie

Bur 2018 : Bur C., La Citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 avant J.-C. – 96 après J.-C.), Rome, 2018.


Suolahti 1955 : Suolahti J., Junior Officers of the Roman Army in the Republican Period, Helsinki, 1955.


Clément Bur, Infames Romani n°109, Albi, INU Champollion, Pool Corpus, 2018, mis à jour le