Infames Romani

Q. Calidius [5]

Numéro
140
Identité
Catégorie
Procédures judiciaires
Sous catégorie
Condamnés de repetundis
Date de l'épisode
-77
Références prosopographiques

F. Münzer, RE, 3/1, 1897, col. 1354, n° 5 s. v. Calidius ; K.-L. Elvers, Neue Pauly, 2, 1997, col. 937, [3] ; Zumpt 1845, p. 51 ; Zumpt 1871, p. 485-486 ; Gruen 1974, p. 525 ; Alexander 1990, p. 70-71, n° 139 ; DPRR n° CALI1812.

Source
Source

Cic., Verr., 1, 38 : Q. Calidius damnatus dixerit minoris HS triciens praetorium hominem honeste non posse damnari.


Q. Calidius a dit, après sa condamnation, qu’un homme qui a été préteur ne peut pas être honorablement condamné pour moins de trois millions de sesterces (trad. H. de la Ville de Mirmont, CUF).


 


Ps. Ascon., p. 219 St. : Q. Calidius, M. Calidi oratoris pater, ex praetura Hispaniensi accusatus a Gallio, pro quo postea Cicero dixit, atque damnatus, cum sensisset iudicibus pecuniam contra se datam, in eos iudices qui paruo pretio corrupti se damnauerunt exclamauit : « Vel idoneam » inquit « mercedem pro meo capite pacisci debuistis. Hoc saltim honestatis esset in uobis uapis, ut hominem praetorium non uili pretio uenderetis ! ». Et “honeste” hironice dictum est.


Q. Calidius, le père de l’orateur M. Calidius, fut accusé à la sortie de sa préture en Espagne par Gallius, pour lequel Cicéron parla ensuite, et il fut condamné, comme il se rendait compte que de l’argent avait été donné aux juges contre lui, il s’exclama contre ces juges qui, corrompus par un petit prix, le condamnèrent : « Ou plutôt vous devez stipuler une somme correcte pour ma tête. Du moins cela serait honnête que vous ne vendiez pas un personnage prétorien à un vil prix ! ». Et “honnête” fut dit de façon ironique.

Notice
Notice

Lors de son tribunat de la plèbe, en 99, Q. Calidius porta la loi rappelant d’exil Q. Caecilius Metellus Numidicus[1] et reçut pour cela de nombreux éloges. Il acquit ainsi le soutien des Metelli ce qui lui permit de devenir préteur en 79[2]. En effet, le fils de Numidicus, Metellus Pius, consul de l’année 80, favorisa son élection[3]. Celle-ci survenait vingt ans après son tribunat, signe que sans ce soutien inespéré, il n’aurait sans doute jamais atteint le rang prétorien en raison de ses maigres ressources. Le sort lui échut la province d’Espagne Citérieure[4] et à son retour, vraisemblablement vers 77, il fut accusé de repetundis par Q. Gallius[5]. Le procès se tint peu après la fin de la dictature syllanienne et se déroula donc d’après la lex Cornelia de repetundis. Celle-ci prévoyait en cas de condamnation la restitution au double, l’exclusion du Sénat, la perte du droit de briguer une magistrature et de parler devant une contio et une diminution des droits judiciaires[6]. Calidius ne put échapper à la condamnation, déplorant la corruption des juges[7] et ne pouvant compter sur la protection de Metellus Pius, proconsul en Espagne Ultérieure jusqu’en 71[8]. La perte du rang prétorien semble confirmée par le fait que Q. Gallius n’ait pas respecté le biennium entre l’édilité et la préture[9]. Très probablement, la condamnation signa la fin de la carrière de Calidius, lui qui, sans l’aide de Metellus Pius, serait sans doute resté tribunicien.


Cependant, M. Calidius[10], préteur en 57[11], était son fils, comme le laisse entendre le Pseudo-Asconius et le fait qu’il poursuivit Q. Gallius, l’accusateur de son père[12]. Sa belle carrière pourrait suggérer que Q. Calidius avait effectivement tiré de gros profits de sa propréture qui n’avaient pas trop souffert de sa condamnation. L’humiliation provoquée par celle-ci avait été atténuée par son panache et les soupçons de corruption que Calidius avait lancés. Le fils se retrouvait donc dans une meilleure posture que son père pour se lancer dans le cursus honorum, puisqu’il pouvait compter sur un patrimoine accru, des réseaux étoffés sans que la dégradation paternelle, qu’il tenta d’ailleurs d’effacer en poursuivant Q. Gallius, ne fût trop honteuse.






[1] Cf. notice n° 179.


[2] MRR, 2, p. 83


[3] Cic., Planc., 69 ; Val. Max., 5, 2, 7 ; Vir. Ill., 62, 3.


[4] MRR, 2, p. 86.


[5] Cic., Verr., 1, 38 et 2, 3, 63 ; Ps. Ascon., p. 219 St. Pour le choix de Gallius avec sans doute Q. Lollius comme subscriptor, cf. Zumpt 1871, p. 485-486 n. 5 suivi par David 1992, p. 787.


[6] Cf. Bur 2018, chapitre 10.8.


[7] Les faibles sommes données aux juges confirment l’impression d’un Q. Calidius aux moyens exigus.


[8] MRR, 2, p. 83, 86, 89, 93, 98, 104, 111, 117 et 123.


[9] David 1992, loc. cit.


[10] F. Münzer, RE, 3/1, 1897, col. 1353-1354, n° 4 s. v. Calidius ; W. Will, Neue Pauly, 2, 1997, col. 937 [2] ; David 1992, p. 821-822.


[11] MRR, 2, p. 200.


[12] Sur ce procès, voir David 1992, loc. cit.

Bibliographie
Bibliographie

Alexander 1990 : Alexander M. C., Trials in the late Roman Republic, 149 BC to 50 BC, Toronto, 1990.


Bur 2018 : Bur C., La Citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 avant J.-C. – 96 après J.-C.), Rome, 2018.


David 1992 : David J.-M., Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome, 1992.


Gruen 1974 : Gruen E. S., The Last Generation of the Roman Republic, Berkeley, 1974.


Zumpt 1845 : Zumpt C. T., De legibus iudiciisque repetundarum in Republica Romana commentationes duae, Berlin, 1845.


Clément Bur, Infames Romani n°140, Albi, INU Champollion, Pool Corpus, 2018, mis à jour le