Infames Romani

Umbonius Silo [2]

Numéro
168
Identité
Catégorie
Procédures judiciaires
Sous catégorie
Condamnés de peculatu
Date de l'épisode
44
Références prosopographiques

R. Hanslik, RE, suppl. 9, 1962, col. 1745, n° 2 s. v. Umbonius ; Brunt 1961, p. 225, n° 15 ; Alföldy 1969, p. 153-154.

Source
Source

D.C., 60, 24, 5-6 : Καὶ Οὐμβώνιον Σιλίωνα ἄρχοντα Βαιτικῆς μεταπέμψας ἐξέωσεν ἐκ τοῦ συνεδρίου ὡς καὶ σῖτον ὀλίγον τοῖς ἐν τῇ Μαυριτανίᾳ στρατευομένοις ἀποστείλαντα· τοῦτο γὰρ κατηγορήθη, ἐπεὶ τό γε ἀληθὲς οὐχ οὕτως εἶχεν, ἀλλ’ ὅτι τισὶ τῶν ἀπελευθέρων προσέκρουσε. Καὶ ὃς συνήνεγκε μὲν ἐς τὸ πρατήριον πάντα τὰ ἑαυτοῦ ἔπιπλα, πολλά τε καὶ περικαλλῆ ὄντα, ὡς καὶ πάντα αὐτὰ ἀποκηρύξων, μόνην δὲ δὴ τὴν βουλευτικὴν ἐσθῆτα ἐπώλησεν, ἐνδεικνύμενός σφισι διὰ τούτου ὅτι οὔτε τι δεινὸν πεπονθὼς εἴη καὶ δύναιτο ἰδιωτεύων ἡδέως βιοτεύειν.


Il fit venir de Bétique Umbonius Silion, qu'il chassa du sénat, pour avoir envoyé trop peu de blé aux troupes qui servaient en Mauritanie : c'était le crime dont on le chargeait; mais son crime réel était d'avoir offensé des affranchis du prince, Silion mit sous la haste tout son nombreux et magnifique mobilier, comme pour tout mettre à l'enchère, mais il ne vendit que sa toge de sénateur, montrant par là qu'il n'était pas bien malheureux et qu'il pourrait vivre agréablement dans une condition privée (trad. E. Gros, Firmin Didot 1845-1870).

Notice
Notice

Umbonius Silio ne surgit dans nos sources que dans un unique récit de Dion Cassius[1]. Proconsul en Bétique vers 43-44[2], il fut exclu du Sénat parce qu’il avait livré trop peu de grain aux troupes servant en Maurétanie. Le verbe employé par Dion Cassius, ἐξωθέω, désigne très clairement l’exclusion sans préciser cependant la procédure. P. A. Brunt[3] considérait qu’il avait été condamné de repetundis, mais il ne figure pas dans la liste de R. J. A. Talbert[4] et G. Alföldy, prudemment, ne parle que de la sanction en la présentant comme une punition de Claude[5]. Pourtant, si Umbonius avait été exclu par un vote du Sénat ou par Claude lors de la révision annuelle de l’ordre sénatorial, la vente aux enchères de ses biens à laquelle il feignit de se livrer n’aurait aucune raison d’être. Ou alors il faudrait supposer qu’en plus de l’exclusion, Umbonius avait été condamné à rembourser l’argent du grain qu’il était accusé d’avoir détourné. Le plus simple serait donc de supposer qu’Umbonius fut en réalité convoqué au Sénat pour répondre des accusations de détournement et qu’il fut condamné de peculatu. Il subit les peines prévues par la loi Julia, à savoir la restitution et diverses conséquences infamantes, en particulier l’exclusion du Sénat et des honneurs[6].


Umbonius put s’acquitter de l’amende sans difficultés et ne fit croire à une vente aux enchères que pour se moquer des affranchis qui désiraient sa perte. En effet, à en croire Dion Cassius, l’accusation officielle n’aurait été qu’un prétexte et la véritable cause de la procédure serait l’inimitié de certains affranchis influents auprès de Claude. Afin d’atténuer le déshonneur de sa condamnation et de son exclusion, il voulut peut-être mettre en avant la modicité des sommes réclamées afin de rendre visible la vraie raison de sa chute et ainsi dénoncer les manigances de quelques affranchis. Enfin, une telle attitude s’accorderait mal avec une relégation, souvent accompagnée d’une confiscation du patrimoine, et avec un exil volontaire puisque le geste d’Umbonius était une bravade. Toujours est-il qu’Umbonius, après cette brusque apparition, disparaît de nouveaux de nos sources et que nous ne connaissons aucun autre Umbonius pour cette période.






[1] D.C., 60, 24, 5-6.


[2] Alföldy 1969, p. 153-154 et Thomasson 1984, col. 21, 4/6.


[3] Brunt 1961, p. 225, n° 15.


[4] Talbert 1984, Appendice 9, p. 507-510.


[5] Alföldy 1969, loc. cit.


[6] Cf. Bur 2018, chapitre 12.5.

Bibliographie
Bibliographie

Alföldy 1969 : Alföldy G., Fasti Hispanienses, Wiesbaden, 1969.


Brunt 1961 : Brunt P. A., « Charges of Provincial Maladministration under the Early Principate », Historia, 1961, 10, p. 189-227.


Bur 2018 : Bur C., La Citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 avant J.-C. – 96 après J.-C.), Rome, 2018.


Talbert 1984 : Talbert R. J. A., Senate of Imperial Rome, Princeton, 1984.


Thomasson 1984 : Thomasson B. E., Laterculi praesidum, 1, Göteborg, 1984.


Clément Bur, Infames Romani n°168, Albi, INU Champollion, Pool Corpus, 2018, mis à jour le