Macr., Sat., 2, 4, 25 : Mira etiam censoris Augusti et laudata patientia. Corripiebatur eques Romanus a principe tamquam minuisset facultates suas. At ille se multiplicasse coram probauit. Mox eidem obiecit quod ad contrahendum matrimonium legibus non paruisset. Ille uxorem sibi et tres esse liberos dixit. Tum adiecit : posthac, Caesar, cum de honestis homonibus inquiris, honestis mandato.
Même en qualité de censeur, Auguste accepta les attaques avec une constance admirable qui lui valut des éloges. Un chevalier romain était blâmé par le Prince qui lui reprochait d’avoir diminué sa fortune. Mais, il prouva publiquement qu’il l’avait augmentée. Ensuite, il lui reprocha de ne pas avoir obéi aux lois concernant le mariage. Mais l’autre répondit qu’il avait une femme et trois enfants. Puis il ajouta : « Dorénavant, César, quand tu enquêtes sur les personnes honorables, confie l’enquête à des personnes honorables » (trad. C. Guittard, La Roue à Livres).
Compilant les bons mots en rapport avec Auguste, Macrobe nous fournit le récit d’un entretien entre le Prince et un chevalier lors d’une révision de l’ordre équestre. En effet, Macrobe précise qu’Auguste était alors censor, or nous savons qu’il ne revêtit jamais la censure mais fut investi à quelques reprises de la potestas censoria[1]. S. Demougin, s’appuyant certainement sur la réplique du chevalier à propos des enquêteurs, plaçait l’épisode en 18, lors de la véritable recognitio equitum accomplie par Auguste assisté d’un décemvirat sénatorial créé pour l’occasion[2]. Cette date est compatible avec la mention des lois sur le mariage dont la première, la lex Iulia de maritandis ordinibus fut promulguée en 18[3]. Bien qu’il n’y eût pas exclusion de l’ordre équestre, cet épisode est intéressant puisqu’il nous montre deux motifs allégués par Auguste comme justifiant une telle exclusion – la perte du cens requis et le non-respect des lois sur le mariage – et donne des indications sur la procédure. Auguste en personne interrogea le chevalier après avoir été alerté par les enquêteurs et cet entretien devait confirmer ou infirmer les résultats de l’enquête. L’inspection ayant été particulièrement mal menée, le chevalier put ici préserver son existimatio et sa dignitas.
[1] Cf. Bur 2018, chapitre 6.2.1.
[2] Demougin 1988, p. 163-164.
[3] Rotondi 1912, p. 443-445 et surtout Moreau, Lepor n° 449.
Bur 2018 : Bur C., La Citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 avant J.-C. – 96 après J.-C.), Rome, 2018.
Demougin 1988 : Demougin S., L’Ordre équestre chez les Julio-Claudiens, Rome, 1988.