Infames Romani

P. Septimius Scaevola [51]

Numéro
142
Identité
Catégorie
Procédures judiciaires
Sous catégorie
Condamnés de repetundis
Date de l'épisode
-72
Références prosopographiques

F. Münzer, RE, 2A/2, 1923, col. 1573, n° 51 s. v. Septimius ; J. Bartels, Neue Pauly, 11, 2001, col. 430, [I 6] ; Zumpt 1845, p. 51 ; Zumpt 1871, p. 487 ; Gruen 1974, p. 530-531 ; Alexander 1990, p. 85, n° 172 ; DPRR n° SEPT3254.

Source
Source

Cic., Verr., 1, 38 : qui sit quod, P. Septimio senatore damnato Q. Hortensio praetore de pecuniis repetundis, lis aestimata sit eo nomine, quod ille ob rem iudicandam pecuniam accepisset.


il saura pourquoi, lorsque le sénateur P. Septimius fut condamné pour concussion pendant la préture de Q. Hortensius, l’amende et les frais du procès furent taxés d’après la somme d’argent qu’il avait reçue pour une affaire où il devait être juge (trad. H. de la Ville de Mirmont, CUF).


 


Cic., Cluent., 115-116 : Hic profertur id quod iudicium appellari non oportet, P. Septimio Scaeuolae litem eo nomine esse aestimatam. Cuius rei quae consuetudo sit, quoniam apud homines peritissimos dico, pluribus uerbis docere non debeo. […] Itaque et maiestatis absoluti sunt permulti quibus damnatis de pecuniis repetundis lites maiestatis essent aestimatae, […] quod cum fit, non iudicia rescinduntur sed hoc statuitur, aestimationem litium non esse iudicium. Scaeuola condemnatus est aliis criminibus frequentissimis Apuliae testibus. Omni contentione pugnatum est uti lis haec capitis aestimaretur. Quae res si rei iudicatae pondus habuisset, ille postea uel isdem uel aliis inimicis reus hac lege ipsa factus esset.


Ici on allègue ce qui ne peut s’appeler proprement un jugement ; l’appréciation de la peine a été faite sous ce chef pour P. Septimius Scaevola. Je parle devant des hommes qui sont au courant et je n’ai pas à montrer longuement quels sont les usages en cette matière. Jamais en effet l’exactitude qu’on a coutume d’apporter tant que le jugement n’est pas fixé ne se retrouve au même degré une fois que l’accusé a été condamné. […] C’est pourquoi on a acquitté du chef de lèse-majesté un très grand nombre de gens qui avaient eu leur peine fixée pour lèse-majesté après une condamnation pour concussion. […] Il n’y a point en cela révision de la sentence, mais établissement de ce principe que l’appréciation de la peine n’est pas un jugement. La condamnation de Scaevola est due à d’autres chefs d’accusation, à une foule de témoignages émanant d’Apulie ; on s’est battu avec toute l’ardeur possible pour que ce litige fût estimé capital ; si le fait avait eu tout le poids de la chose jugée, dans la suite ce personnage avec les mêmes ennemis ou avec d’autres aurait été poursuivi aux termes mêmes de la loi en question (trad. P. Boyancé, CUF).

Notice
Notice

À deux reprises dans ses plaidoiries Cicéron fit allusion à P. Septimius Scaevola qui avait été condamné de repetundis sous la préture de Q. Hortensius, soit en 72[1]. Dans les Verrines, il n’en parle que comme un sénateur[2]. Septimius avait donc exercé au moins la questure et avait été recruté au Sénat, toutefois l’absence de précision sur son rang conduit à penser d’une part qu’il n’avait peut-être pas exercé de magistrature supérieure, d’autre part, au vu de la date, qu’il avait pu faire partie des fournées syllaniennes. La seule autre indication dont nous disposons désigne les Apuliens comme accusateurs de Septimius[3], or ces derniers ne sont pas des provinciaux mais des citoyens romains au moins depuis la guerre Sociale. Dès lors, il est difficile de conclure sur la situation de Septimius en Apulie, ni sur la date des faits reprochés. En revanche, Cicéron l’inclut parmi les juges corrompus du fameux procès d’Oppianicus de 74[4]. Le procès eut-il lieu en 72 parce que les faits furent commis en 73 ou parce que les soupçons de corruption fragilisaient Septimius et rendaient la poursuite plus aisée bien que les délits fussent antérieurs ? La seconde hypothèse semble préférable ainsi que le laisse entendre l’issue du procès où Septimius fut condamné à indemniser les Apuliens d’un montant que l’on jugeait équivalent à celui reçu en pots-de-vin[5]. À partir de là, nous pourrions envisager que Septimius, recruté au Sénat par Sylla, avait été envoyé en Apulie soit pour assurer l’ordre soit pour mener à bien certaines opérations liées aux conséquences de la guerre Sociale, ce qui expliquerait les violences reprochées[6].


Le procès, datant de 72, se déroula d’après la lex Cornelia de repetundis qui prévoyait la restitution et des conséquences infamantes[7]. Septimius aurait pu subir un sort plus funeste si les repetundae avaient été jugées cum saeuitia, donc passibles de la peine capitale, comme le réclamaient les victimes[8]. Rien n’indique que Septimius s’exila. Au contraire, même si Cicéron ne fait que rappeler le montant de la litis aestimatio sans en préciser le paiement, la somme réclamée n’était pas trop importante. Elle correspondait à ce qu’on pensait que Septimius avait reçu comme juge, et il devait donc être capable de payer sans trop de difficultés. Ainsi, en 72, Septimius, sans doute questorien, peut-être recruté au Sénat par Sylla et envoyé par lui en Apulie, fut condamné de repetundis, et par conséquent exclu du Sénat et frappé d’une restriction de ses droits civiques.


Nous n’avons aucune information ni sur la suite de la vie de P. Septimius Scaevola ni sur ses éventuels descendants. Il est fort probable que, sénateur syllanien n’ayant pas réussi à progresser dans le cursus, ses déboires judiciaires mirent un terme à sa carrière et anéantit ses espoirs pour son ou ses éventuel(s) fils.






[1] Cic., Verr., 1, 38 et Cluent., 115-116. Cf. MRR, 2, p. 116.


[2] Cic., Verr., 1, 38 : P. Septimio senatore damnato.


[3] Cic., Cluent., 116 : Apuliae testibus.


[4] Cic., Verr., 1, 38 et Cluent., 115.


[5] Cic., Verr., 1, 38.


[6] Cic., Cluent., 116 : uti lis haec capitis aestimaretur. Zumpt 1845, p. 51 suppose qu’il était questeur en Apulie.


[7] Cf. Bur 2018, chapitre 10.8.


[8] Cic., Cluent., 116 : uti lis haec capitis aestimaretur.

Bibliographie
Bibliographie

Alexander 1990 : Alexander M. C., Trials in the late Roman Republic, 149 BC to 50 BC, Toronto, 1990.


Bur 2018 : Bur C., La Citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 avant J.-C. – 96 après J.-C.), Rome, 2018.


Gruen 1974 : Gruen E. S., The Last Generation of the Roman Republic, Berkeley, 1974.


Zumpt 1845 : Zumpt C. T., De legibus iudiciisque repetundarum in Republica Romana commentationes duae, Berlin, 1845.


Zumpt 1871 : Zumpt A. W., Der Criminalprocess der römischen Republik, Leipzig, 1871.


Clément Bur, Infames Romani n°142, Albi, INU Champollion, Pool Corpus, 2018, mis à jour le