Infames Romani

Jeune Amant

Numéro
65
Identité
Catégorie
Procédures censoriales
Sous catégorie
Retrait du cheval public
Date de l'épisode
-18
Source
Source

D.C., 54, 16, 6 : Καὶ ἕτερον δέ τι τοιόνδε τιμητεύων ἐπεποιήκει· ἐπειδὴ γὰρ προσήγαγέ τις αὐτῷ νεανίσκον γυναῖκα ἐκ μοιχείας γεγαμηκότα, καὶ πλεῖστα ὅσα κατηγόρησεν αὐτοῦ, διηπορήθη μήτε παριδεῖν τὸ πρᾶγμα μήτ´ ἐπιτιμῆσαί τι τολμήσας, καὶ μόλις ποτὲ ὀψὲ ἀνενεγκὼν « πολλά » ἔφη « καὶ δεινὰ αἱ στάσεις ἤνεγκαν, ὥστε ἐκείνων μὲν ἀμνημονῶμεν, τοῦ δὲ δὴ λοιποῦ προνοῶμεν ὅπως μηδὲν τοιοῦτο γίγνηται ».


Il [Auguste] fit aussi, comme censeur, une autre chose que je vais dire : un jeune homme, coupable d’avoir épousé une femme avec laquelle il avait commis l’adultère, ayant été amené devant lui, accablé de charges sans nombre par l’accusateur, il hésita, n’osant ni négliger le cas, ni infliger une punition ; cependant, à la fin, après s’être avec peine recueilli : « Les guerres civiles, dit-il, ont produit bien des maux ; oublions-les et veillons à ce qu’il n’arrive plus désormais rien de pareil » (trad. E. Gros, Firmin Didot 1845-1870).

Notice
Notice

Après avoir exposé la difficile purge du Sénat de 18, Dion Cassius poursuit avec la législation morale que prit Auguste dans les années qui suivirent et interrompt son récit en rapportant une anecdote survenue alors que le Prince était τιμητεύων. En s’appuyant sur ce seul verbe, pour lequel le TLG donne le sens Censor sum[1], J. W. Rich plaçait l’épisode en 29‑28[2], lorsqu’Auguste et Agrippa accomplirent le cens de manière assez traditionnelle[3]. Pourtant, bien qu’ils revêtirent la censoria potestas à cette occasion[4], le verbe utilisé par Dion Cassius, pour lequel H. G. Liddell et R. Scott proposent comme second sens « hold a census »[5], pourrait également renvoyer aux opérations censoriales de 18. La présence d’un accusateur découle à la fois du verbe et du silence embarrassé d’Auguste. En effet, les faits reprochés au jeune homme rappelaient ce que le Prince lui-même avait fait dans sa jeunesse, vingt ans plus tôt, épousant Livie alors qu’elle était encore enceinte de son premier mari[6]. L’accusateur qui poussa le jeune homme devant Auguste pourrait alors être un membre du décemvirat sénatorial qui assista le Prince pour la recognitio equitum de 18[7]. Le jeune homme en question serait alors un jeune chevalier convoqué au titre de la grande revue de l’ordre équestre entreprise cette année-là en parallèle de la révision du Sénat. Notons enfin que si Dion Cassius insiste sur le mariage peu honorable comme motif de blâme, on lui reprochait également d’autres choses sur lesquelles l’historien ne nous éclaire pas. Après une longue hésitation, Auguste décida finalement de ne pas dégrader ni de blâmer le jeune homme et en profita pour rappeler la décadence de la fin de la République qu’il fallait absolument subjuguer.






[1] TLG, 8, col. 2201 s. v. τιμητεύων.


[2] Rich 1990, p. 193.


[3] Sur ce cens : cf. Bur 2018, chapitre 6.1.1.


[4] CIL, 9, 422 = Dessau, ILS, 6123 : imp. Caesar VI M. Agrippa II | idem censoria potest. lustrum fecer.


[5] Liddell et Scott 1996, p. 1794 s. v. τιμητεύων.


[6] Rich 1990, loc. cit.


[7] Demougin 1988, p. 164 et Bur 2018, chapitre 6.2.

Bibliographie
Bibliographie

Bur 2018 : Bur C., La Citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 avant J.-C. – 96 après J.-C.), Rome, 2018.


Demougin 1988 : Demougin S., L’Ordre équestre chez les Julio-Claudiens, Rome, 1988.


Liddell et Scott 1996 : Liddell H. G. et Scott R., Greek-English Lexicon, Oxford, 19969.


Rich 1990 : Rich J. W., Cassius Dio. The Augustan Settlement (53-55.9), Warminster, 1990.


Clément Bur, Infames Romani n°65, Albi, INU Champollion, Pool Corpus, 2018, mis à jour le