J. Brzoska, RE, 2/1, 1896, col. 637, n° 4 s. v. Arellius ; A. Stein, PIR², 1, 1933, p. 202, A 1031 ; Demougin 1992, p. 513-514, n° 616.
Plin., nat., 33, 152 : et ipsi Arellium Fuscum motum equestri ordine ob insignem calumniam, cum celebritatem adsectarentur adulescentium scholae, argenteos anulos habentem.
Quant à Arellius Fuscus, qui fut rayé de l’ordre équestre pour une accusation injuste et singulière, à cause des compagnies de jeunes gens qui venaient faire cortège à sa suite, nous l’avons vu nous-mêmes porter des bagues en argent (trad. H. Zenacker, CUF).
Arellius Fuscus est un chevalier Romain exclu de l’ordre équestre en raison des jeunes gens trop nombreux qui le suivaient. Puisque Pline l’a vu après son exclusion, il doit avoir vécu entre Tibère et Vespasien et ne peut être identifié au célèbre rhéteur augustéen[1] dont il est peut-être un parent[2]. Si l’exclusion ne fait aucun doute en raison des termes choisis par Pline, en revanche le motif est obscur.
Arellius était un personnage célèbre qui attirait les jeunes gens sans que nous puissions déterminer les raisons de cette célébrité. A. Stein a cru que l’on reprochait à Arellius les raisons qui poussaient la jeunesse à le suivre et a supposé qu’il avait fondé une secte[3]. À notre avis, la fréquentation assidue de nombreux jeunes hommes s’explique plus probablement par l’excellence d’Arellius dans un domaine tel que le droit, la rhétorique ou une autre discipline prisée des Romains, bien que nous n’ayons conservé aucune trace de son nom ni dans les traités sur l’art oratoire, ni dans le Digeste ou d’autres écrits de juristes. Cependant, le véritable motif de son exclusion est une calumnia s’appuyant sur les cortèges de jeunes Romains et non les cortèges en soi. Le plus probable est qu’Arellius fût accusé de relations coupables avec un ou plusieurs de ces jeunes gens. De telles accusations étaient monnaie courante depuis l’époque républicaine et néanmoins scandaleuses. Une telle attaque justifierait bien l’emploi par Pline d’insignis calumnia et son refus d’expliciter le motif pour ne pas ternir la réputation d’Arellius en jetant sur lui un soupçon.
S’il s’agit bien de la cause de son exclusion, la censure de Claude, unique regimen morum censorial de la période, conviendrait d’autant plus qu’Arellius devait être trop vieux pour participer à la transuectio et donc être assujetti à la probatio, et que le retrait du cheval public seul n’était pas une peine judiciaire attestée[4]. Le fait qu’Arellius ait continué à porter des bagues en argent malgré son exclusion était peut-être une manière de proclamer son innocence et l’iniquité de la décision. Or nous savons que la censure de Claude donna lieu à de nombreuses contestations et que son autorité était faible[5].
En conclusion, Arellius fut vraisemblablement dénoncé à Claude lors de sa censure comme coupable de relations condamnables avec un ou plusieurs des nombreux jeunes gens qui lui faisaient cortège, attirés par sa renommée due sans doute à son talent dans une discipline honorable, et fut exclu pour cela de l’ordre équestre. Nous ne lui connaissons aucun descendant.
[1] Connu par Sen., Contr., 10, praef. 13.
[2] J. Brzoska, RE, 2/1, 1896, col. 637, n° 4 s. v. Arellius ; Demougin 1992, p. 514 qui indique entre Tibère et Néron sans précisions.
[3] Stein 1927, p. 70.
[4] Puisque Pline put voir Arellius alors qu’il était exclu de l’ordre équestre, il devait encore être à Rome ou en Italie, il n’avait donc pas été relégué ou exilé, peines fréquentes à cette période. Demougin 1992, loc. cit. émettait déjà l’hypothèse de placer notre épisode au moment de la censure de Claude.
[5] Suet., Claud., 16.
Demougin 1992 : Demougin S., Prosopographie des chevaliers romains julio-claudiens, Rome, 1992.
Stein 1927 : Stein A., Der römische Ritterstand, Munich, 1927.