Infames Romani

Lurius P. f. ? M. n. ? Varus [4]

Numéro
149
Identité
Catégorie
Procédures judiciaires
Sous catégorie
Condamnés de repetundis
Date de l'épisode
43
Références prosopographiques

F. Miltner, RE, 13/2, 1927, col. 1853, n° 4 s. v. Lurius ; L. Petersen, PIR², 5/1, 1970, p. 111, L 428 ; Brunt 1961, p. 225, n° 20 ; Bleicken 1962, p. 160, n° 10 ; Talbert 1984, p. 508, n° 13 ; Fitz 1993, p. 143, n° 50 ; Tortoriello 2004, p. 523-525, n° 39.

Attention ! La date de la condamnation est approximative.

Source
Source

Tac., Ann., 13, 32, 2 : Redditur ordini Lurius Varus consularis, auaritiae criminibus olim perculsus.


On rend à l’ordre sénatorial le consulaire Lurius Varus, jadis frappé sous le grief d’exactions (trad. P. Wuilleumier, CUF).


 


Suet., Oth., 2, 4 : Ac tantum potentia ualuit, ut damnatum repetundis consularem uirum, ingens praemium pactus, prius quam plane restitutionem ei impetrasset, non dubitaret in senatum ad agendas gratias introducere.


Sa puissance devint même si grande, qu’un personnage consulaire lui ayant promis une récompense considérable, il n’hésita pas, sans attendre d’avoir complètement obtenu sa réhabilitation, à l’introduire au Sénat pour lui faire présenter ses remerciements (trad. H. Ailloud, CUF).

Notice
Notice

Lurius Varus serait un descendant, peut-être le petit-fils, de M. Lurius[1], proconsul de Sardaigne en 40 avant J-.C. et commandant de l’aile droite de la flotte d’Octavien à Actium[2]. Son père pourrait être P. Lurius Agrippa, triumuir monetalis du début de l’ère augustéenne[3]. La famille était probablement originaire de Reate, dans le Samnium[4]. Un passage de Tacite nous apprend qu’en 57[5], Lurius Varus, autrefois condamné pour auaritia, fut rétabli par Néron dans l’ordre sénatorial[6]. L’historien le présente comme un consularis mais nous n’avons aucune trace de son consulat et A. Degrassi se contente de le placer avant 56[7]. R. Syme a suggéré de le situer sous Caligula[8] ou au début du règne de Claude et d’attribuer à Lurius la province de Pannonie pour 43, hypothèse suivie par J. Fitz puis A. Tortoriello[9]. J. Bleicken place, lui, sa condamnation durant le règne de Claude[10]. L’accusation d’auaritia peut difficilement désigner autre chose que les repetundae. Cette interprétation est confirmée par un rapprochement avec un passage de Suétone dans lequel un personnage consulaire acheta à Othon, alors influent auprès de Néron, sa réhabilitation parce qu’il avait été damnatus repetundis[11]. Lurius Varus aurait donc été consul vers 40-43, puis légat en Pannonie en 43 et après son retour à Rome condamné de repetundis sous Claude. Il subit les châtiments prévus par la loi à savoir une infamie judiciaire et politique et la restitution des sommes extorquées[12]. Cependant la réparation du préjudice n’entama pas trop sa fortune puisqu’il put acheter à prix d’or sa restitution à Othon selon Suétone. Lurius, toujours riche malgré sa condamnation, devait être resté à Rome et guetter un moment favorable pour rentrer en grâce[13]. Le changement de régime et l’influence d’un personnage bien en cour et vénal lui en offrirent l’occasion. Néanmoins, le récit de Suétone laisse entendre que l’opération fut mal menée et peut-être qu’un scandale éclata ou, du moins, que la corruption parut trop évidente atténuant la portée de la réhabilitation : la peine était effacée mais la honte perdurait. Enfin, sa situation devint peut-être plus difficile avec la disgrâce d’Othon peu après. Nous ne savons ce que devint Lurius Varus après sa restitution et nous ne lui connaissons aucun descendant.






[1] F. Miltner, RE, 13/2, 1927, col. 1853, n° 2 s. v. Lurius ; L. Petersen, PIR², 5/1, 1970, p. 110, L 425.


[2] D.C., 48, 30, 7-8 et Vell., 2, 85, 2.


[3] F. Miltner, RE, 13/2, 1927, col. 1853, n° 2 s. v. Lurius ; L. Petersen, PIR², 5/1, 1970, p. 111, L 426.


[4] Torelli 1982, p. 195 suivi par Fitz 1993, p. 143, n° 50 et Tortoriello 2004, p. 523-525, n° 39.


[5] La date est donnée par Tac., Ann., 13, 31, 1.


[6] Tac., Ann., 13, 32, 2.


[7] Degrassi 1952, p. 15. Gallivan 1974, p. 300 et 1978, p. 422 affine légèrement la datation en proposant « before 54 ».


[8] La suggestion de Fitz 1993, loc. cit. de l’identifier avec le Οὐάριος envoyé par Caligula avec Πόντοος pour reconstruire la cité d’Antioche dévastée par un séisme (Malal., Chron., 244) est réfutée par la suite du récit où l’on apprend que Caligula, à la suite de sanglantes émeutes dans la province, punit les sénateurs en leur confiscant l’ensemble de leurs richesses (Malal., Chron., 245).


[9] Syme 1979-1991, 4, p. 366-370 ; Fitz 1993, loc. cit. ; Tortoriello 2004, loc. cit.


[10] Bleicken 1962, p. 160 n° 10.


[11] Suet., Oth., 2, 4. La chronologie est un argument en faveur du rapprochement des deux passages puisque, dès 58, Othon était exilé en Lusitanie par Néron qui l’y avait envoyé comme gouverneur (Suet., Oth., 3, 3), mais l’hypothèse reste fragile.


[12] Cf. Bur 2018, chapitre 10.9. Brunt 1961, p. 225, n° 20 ne parle que de l’infamia, soit d’exclusion du Sénat.


[13] Il ne s’était pas enfui avant le verdict pour suspendre le procès puisque Suétone dit qu’il fut damnatus. Gallivan 1974, p. 301 ne suppose l’exil que parce qu’il y a eu condamnation.

Bibliographie
Bibliographie

Bleicken 1962 : Bleicken J., Senatsgericht und Kaisergericht. Eine Studie zur Entwicklung des Prozeßrechtes im frühen Prinzipat, Göttingen, 1962.


Brunt 1961 : Brunt P. A., « Charges of Provincial Maladministration under the Early Principate », Historia, 1961, 10, p. 189-227.


Bur 2018 : Bur C., La Citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 avant J.-C. – 96 après J.-C.), Rome, 2018.


Degrassi 1952 : Degrassi A., I Fasti consolari dell’impero romano dal 30 avanti Cristo al 613 dopo Cristo, Rome, 1952.


Fitz 1993 : Fitz J., Die Verwaltung Pannoniens in der Römerzeit, 1, Budapest, 1993.


Gallivan 1974 : Gallivan P. A., « Some Comments on the Fasti for the Reign of Nero », CQ, 1974, p. 290‑311.


Gallivan 1978 : Gallivan P. A., « The Fasti for the Reign of Claudius », CQ, 1978, p. 407-426.


Syme 1979-1991 : Syme R., Roman Papers, Oxford, 1979-1991 (7 vol.).


Talbert 1984 : Talbert R. J. A., Senate of Imperial Rome, Princeton, 1984.


Torelli 1982 : Torelli M., « Ascesa al Senato e rapporti con i territori d’origine – Italia : Regio IV (Samnium) », dans Epigrafia e ordine senatorio, 2, Rome, 1982, p. 165-199.


Tortoriello 2004 : Tortoriello A., I Fasti consolari degli anni di Claudio, Rome, 2004.


Clément Bur, Infames Romani n°149, Albi, INU Champollion, Pool Corpus, 2018, mis à jour le