Infames Romani

Centurions de Germanicus

Numéro
116
Identité
Catégorie
Punitions militaires infamantes
Sous catégorie
Missio ignominiosa
Date de l'épisode
16
Références prosopographiques

Attention ! L'épisode est daté de 14-16 ap. J.C.

Source
Source

Tac., Ann., 1, 44, 5 : Centurionatum inde egit : citatus ab imperatore nomen, ordinem, patriam, numerum stipendiorum, quae strenue in proeliis fecisset, et cui erant, dona militaria edebat ; si tribuni, si legio industriam innocentiamque adprobauerant, retinebat ordinem ; ubi auaritiam aut crudelitatem consensu obiectauissent, soluebatur militia.


Puis Germanicus fit l’examen des centurions : appelé par le général, chacun déclarait son nom, son corps, sa patrie, ses années de service, ses exploits dans les combats et, s’il en avait, ses récompenses militaires ; si les tribuns, si la légion attestaient son zèle et sa probité, il conservait son grade ; quand ils lui reprochaient d’un commun accord sa cupidité ou sa cruauté, il était renvoyé du service (trad. P. Wuilleumier et J. Hellegouarc’h, CUF).

Notice
Notice

Après avoir calmé les légions du Rhin révoltées, en 14-16, Germanicus examina les centurions pour satisfaire les soldats et rétablir la disciplina. La procédure semble être un hapax[1] : chaque sous-officier faisait une professio et était ensuite soumis à l’approbation de la troupe et des officiers. Soit il paraissait digne de son grade et il le conservait, soit il était accusé de crudelitas ou d’auaritia et il était congédié avec ignominie. En effet, bien que le terme ignominia n’apparaisse pas dans le texte, nous pensons que le renvoi, désigné par soluebatur militia, ne pût être autre qu’ignominieux en raison des conditions de sa proclamation. Étant dans un contexte de sédition, il était naturel que les fautes reprochées ne fussent pas en rapport avec le combat mais avec la vie du camp : cruauté envers les soldats sous son commandement et avarice peut-être dans le partage des fournitures. Germanicus instaura une sorte de tribunal militaire populaire, rappelant à certains égards la recognitio equitum, qui renvoya ignominieusement semble-t-il plusieurs centurions des légions du Rhin, afin de rétablir l’autorité des officiers et des sous-officiers sur les hommes et ainsi restaurer la discipline sur l’ensemble de l’armée.






[1] Le terme centurionatus ne revient d’ailleurs qu’à une seule autre reprise dans nos sources littéraires sous la plume de Valère Maxime rapportant l’exploit d’un soldat de César qui obtint ainsi le grade de centurion désigné par ce mot (Val. Max., 3, 2, 23). Cf. TLL, 3, col. 845 s. v. Centurionatus.

Bibliographie
Bibliographie


Clément Bur, Infames Romani n°116, Albi, INU Champollion, Pool Corpus, 2018, mis à jour le