Infames Romani

Cohortes de Corvus

Numéro
84
Identité
Catégorie
Punitions militaires infamantes
Sous catégorie
Peine humiliante
Date de l'épisode
-302
Source
Source

Liv., 10, 4, 3-4 (a. 302) : Omnibus iunioribus sacramento adactis dictator ad exercitum missus omnia spe tranquilliora et composita magistri equitum cura, castra in tutiorem locum redacta, cohortes quae signa amiserant extra uallum sine tentoriis destitutas inuenit, exercitum auidum pugnae, quo maturius ignominia aboleretur.


Le dictateur [M. Valerius Maximus Corvus], après avoir fait prêter serment à tous les iuniores, fut envoyé à l’armée et il trouva tout plus tranquille qu’il ne l’espérait et apprêté par le soin du maître de cavalerie [M. Aemilius Paulus], le camp ramené dans une position plus sûre, les cohortes qui avaient perdu leurs enseignes laissées hors du retranchement sans tentes, l’armée avide de bataille par laquelle elle effacerait l’humiliation très promptement (trad. A. Flobert, Flammarion).

Notice
Notice

En 302, Rome fut confrontée aux séditions d’Arretium et de Corseoli et M. Valerius Maximus Corvus fut nommé dictateur pour les mater[1]. Après avoir soumis les Étrusques, Corvus se tourna vers les Marses. Mais, alors qu’il était retourné à Rome prendre les auspices, son maître de cavalerie[2], M. Aemilius selon Tite-Live, qui refuse d’attribuer à un Fabius les événements qui suivent, connut un honteux revers[3]. En effet, une troupe sortie pour faire du fourrage fut mise en fuite par l’ennemi et, dans la déroute, perdit ses enseignes[4]. Immédiatement, le maître de cavalerie prit les dispositions nécessaires et, investi de l’imperium et commandant l’armée en l’absence du dictateur, il punit les cohortes qui avaient fait preuve de lâcheté. Il leur infligea une punition infamante assez courante : l’obligation de camper hors du retranchement sans tentes. Le châtiment devait les inciter à effacer la honte subie et à motiver le reste de la troupe (exercitum auidum pugnae, quo maturius ignominia aboleretur). Ce type de peine infamante, dont nous avons ici le premier exemple indépendant d’une décimation, visait, ainsi que nous l’avons vu[5], à stigmatiser les cohortes humiliées[6], à les aguerrir en les exposant au danger et à l’inconfort, et à les pousser à se racheter.






[1] MRR, 1, p. 169-170.


[2] MRR, 1, p. 170.


[3] Liv., 10, 3.


[4] Liv., 10, 3, 6.


[5] Cf. Bur 2018, chapitre 1.3.1.


[6] Oakley 2005, p. 74 souligne que le terme destitutus désignait ces cohortes qui avaient subi une ignominia.

Bibliographie
Bibliographie

Bur 2018 : Bur C., La Citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 avant J.-C. – 96 après J.-C.), Rome, 2018.


Oakley 2005 : Oakley S., A Commentary on Livy, Books VI-X. Book X, 4, Oxford, 2005.


Clément Bur, Infames Romani n°84, Albi, INU Champollion, Pool Corpus, 2018, mis à jour le