Infames Romani

Q. Curius [7]

Numéro
23
Identité
Catégorie
Procédures censoriales
Sous catégorie
Eviction du Sénat
Date de l'épisode
-70
Références prosopographiques

F. Münzer, RE, 4/2, 1901, col. 1840, n° 7 s. v. Curius ; K.-L. Elvers, Neue Pauly, 3, 1997, col. 242, [3] ; Nicolet 1972, p. 177-178 ; Marshall 1978 ; Shackleton Bailey 1992, p. 42 ; DPRR n° CURI2155.

Source
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Q. Cic., Comm. Pet., 10 : qui ex curia Curios et Annios, ab atriis Sapalas et Caruilios, ex equestri ordine Pompilios et Vettios sibi amicissimos comparauit


[Catilina] qui a pris pour amis intimes, au Sénat, des Curius et des Annius, des salles de ventes des Sapala et des Carvilius, de l’ordre équestre des Pompilius et des Vettius (trad. L.-A. Constans, CUF).


 


Cic., Att., 1, 1, 2 (peu avant le 17 juillet 65) = Shackleton Bailey, CLA, n° 11 : De iis qui nunc petunt Caesar certus putatur. Thermus cum Silano contendere existimatur ; qui sic inopes et ab amicis et existimatione sunt ut mihi uideatur non esse ἀδύνατον Curium obducere. Sed hoc praeter me nemini uidetur.


Des candidats [au consulat] de cette année, on pense que César [L. Julius Caesar] est sûr de passer. La lutte est, croit-on, entre Thermus et Silanus : ils sont si dépourvus d’amis et de réputation qu’il ne serait pas impossible, à mon avis, de leur opposer Curius. Mais je suis seul de mon avis (texte et trad. L.-A. Constans, CUF, modifiés).


 


Cic., Phil., 5, 12-14 : Antesignanos et manipularis et Alaudas iudices se constituisse dicebat : at ille legit aleatores, legit exsules, legit Graecos […] homo praeterea festiuus, ut ei cum M’. Curio consessore eodemque conlusore facillime possit conuenire. […] Puto ne Curium quidem esse crudelem qui periculum fortunae cotidie facit.


Il [Antoine] avait, disait-il, établi comme juges des soldats de première ligne, des légionnaires, des membres des Alouettes ; mais il a choisi des joueurs, il a choisi des exilés, il a choisi des Grecs […] en outre, c’est un joyeux garçon, bien fait pour s’appareiller avec Curius comme collègue de tribunal et comme compagnon de jeu. […] Je ne crois pas que Curius lui-même soit cruel, lui qui, chaque jour, met sa fortune en jeu. (trad. P. Wuilleumier, CUF).


 


Sall., Catil., 23, 1-2 : Sed in ea coniuratione fuit Q. Curius, natus haud obscuro loco, flagitiis atque facinoribus coopertus, quem censores senatu probri gratia mouerant. Huic homini non minor uanitas inerat quam audacia : neque reticere quae audierat, neque suamet ipse scelera occultare, prorsus neque dicere neque facere quicquam pensi habebat. Erat ei cum Fuluia, muliere nobili, stupri uetus consuetudo. Quoi cum minus gratus esset, quia inopia minus largiri poterat, repente glorians maria montisque polliceri coepit et minari etiam ferro, ni sibi obnoxia foret, postremo ferocius agitare quam solitus erat. At Fuluia insolentia<e> Curi causa cognita tale periculum rei publicae haud occultum habuit, sed sublato auctore de Catilinae coniuratione quae quoque modo audierat compluribus narrauit.


Parmi les conjurés figuraient Q. Curius, personnage d’assez illustre origine, mais tout couvert de hontes et de crimes, et que les censeurs avaient rayé du Sénat pour infamie. La légèreté de cet homme n’était pas moindre que son audace : il ne savait ni taire ce qu’il avait entendu, ni tenir secrets ses propres crimes ; bref il ne pesait ni ses paroles ni ses actions. Il avait une vieille liaison avec une dame de la noblesse, Fulvie ; comme il était moins bien en cour auprès d’elle, parce que le manque d’argent l’avait contraint de se montrer moins généreux, brusquement, faisant le glorieux, il se mit à lui promettre monts et merveilles, tout en la menaçant parfois du poignard si elle lui résistait ; bref il le prenait plus haut que de coutume. Fulvie, une fois connue la cause de cette arrogance, se garda bien de tenir secret le danger qui menaçait la République, mais, sans nommer sa source, elle raconta à plusieurs personnes ce qu’elle savait de la conjuration de Catilina, dans les termes mêmes où elle l’avait appris (trad. A. Ernout, CUF).


 


Ascon., p. 93 C. : « Qua Q. ue Curium, hominem quaestuosum ».


Curius hic notissimus fuit aleator damnatusque postea est. In hunc est endecasyllabus Calui elegans :


« Et talos Curius pereruditus » (texte de Clark modifié)


« Ou par là ce Q. Curius, homme âpre au gain ».


Ce Curius fut un joueur notoire et fut condamné ensuite. Contre lui il y a un élégant endécasyllabe de Calvus :


« Et Curius très instruit des osselets »


 


App., BC, 2, 1, 3 : Καὶ τάδε πάντα ἔτι ἀγνοούμενα Φουλβία γύναιον οὐκ ἀφανὲς ἐμήνυε τῷ Κικέρωνι· ἧς ἐρῶν Κόιντος Κούριος, ἀνὴρ δι’ ὀνείδη πολλὰ τῆς βουλῆς ἀπεωσμένος καὶ τῆσδε τῆς Κατιλίνα συνθήκης ἠξιωμένος, κούφως μάλα καὶ φιλοτίμως ἐξέφερεν οἷα πρὸς ἐρωμένην, ὡς αὐτίκα δυναστεύσων.


Tous ces agissements encore clandestins furent dénoncés par Fulvia, une femme qui ne sortait pas de l’ombre, à Cicéron : son amant, Quintus Curius, un homme qui, pour de nombreuses raisons blâmables, avait été exclu du Sénat, et par là jugé digne d’entrer dans le complot de Catilina, avait, dans son extrême légèreté et par vantardise, révélé à sa maîtresse que sous peu il allait disposer d’un grand pouvoir (trad. J.-I. Combes-Dounous, La Roue à Livres).


 


Quint., Inst. Or., 6, 3, 72 : Refutatio cum sit in negando redarguendo defendendo eleuando, ridicule negauit Manius Curius ; nam cum eius accusator in sipario omnibus locis aut nudum eum in neruo aut ab amicis redemptum ex alea pinxisset, « ergo ego » inquit « numquam uici ».


La réfutation consistant à nier, riposter, justifier, atténuer, M’. Curius a fait rire en niant. Son accusateur l’avait peint sur un rideau, et, dans toutes les scènes, il le montrait ou nu et dans les fers ou ruiné au jeu et racheté par ses amis : « Donc, dit-il, je n’ai jamais gagné » (trad. J. Cousin, CUF).


 


Suet., Iul., 17 : Recidit rursus in discrimen aliud inter socios Catilinae nominatus et apud Nouium Nigrum quaestorem a Lucio Vettio indice et in senatu a Quinto Curio, cui, quod primus consilia coniuratorum detexerat, constituta erant publice praemia. Curius e Catilina se cognouisse dicebat, Vettius etiam chirographum eius Catilinae datum pollicebatur. Id uero Caesar nullo modo tolerandum existimans, cum inplorato Ciceronis testimonio quaedam se de coniuratione ultro ad eum detulisse docuisset, ne Curio praemia darentur effecit ; Vettium pignoribus captis et direpta supellectile male mulcatum ac pro rostris in contione paene discerptum coiecit in carcerem ; eodem Nouium quaestorem, quod compellari apud se maiorem potestatem passus esset.


Il [César] retomba encore dans un nouveau danger, car il fut dénoncé comme complice de Catilina à la fois devant le questeur Novius Niger, par le délateur Lucius Vettius, et au Sénat, par Quintus Curius, auquel on avait décerné des récompenses publiques pour avoir le premier révélé le plan des conjurés. Curius prétendait avoir appris la chose de Catilina, Vettius allait jusqu’à promettre de produire un billet écrit par César à Catilina. Alors César, estimant qu’il ne devait à aucun prix tolérer pareille accusation, démontra en implorant le témoignage de Cicéron, qu’il avait de lui-même indiqué au consul certains détails de la conjuration, et fit priver Curius de ses récompenses ; quant à Vettius, on lui infligea une saisie, on pilla son mobilier, il fut maltraité et presque mis en pièces en pleine assemblée, devant la tribune aux harangues, puis César le fit jeter en prison ; il y fit mettre aussi le questeur Novius, pour avoir supporté que l’on accusât devant lui un magistrat supérieur (trad. H. Ailloud, CUF).

Notice
Notice

Avertissement : cette notice a servi de base à mon article Bur 2013.


Q. Curius est le fameux informateur de Cicéron pour la conjuration de Catilina. Dans le portrait qu’il dresse d’un des protagonistes essentiels de cette affaire, Salluste nous précise qu’il fut exclu du Sénat par les censeurs[1].


Dans ce même passage, nous apprenons que Curius était natus haud obscuro loco, ce qui a été interprété par E. S. Gruen et B. A. Marshall comme désignant l’appartenance à une famille sénatoriale[2]. Cependant nous n’avons aucune trace d’un Curius membre du Sénat dans la génération précédant celle de notre personnage et nous devons donc conclure qu’il était issu d’une famille honorable, peut-être sénatoriale. De même, sa carrière reste obscure puisque nous n’avons presque aucune indication sur les différentes magistratures qu’il pourrait avoir revêtues. Aussi faut-il partir de l’information la plus sûre dont nous disposions : son exclusion du Sénat par les censeurs. Or nous savons qu’en 70 les censeurs rayèrent 64 sénateurs de l’album[3] après une quinzaine d’années sans censure tandis que les censeurs de 65 et de 64 ne firent aucune lectio[4]. Il est donc fort probable que Curius fût chassé de la curie par les censeurs de 70. Salluste utilise le verbe mouere, il ne s’agit donc pas d’un refus de le sélectionner parmi les sénateurs mais bien de l’exclusion d’un membre effectif du Sénat[5]. À moins qu’il n’ait été recruté par Sylla, Curius devait être entré au Sénat grâce à une questure conférant le ius s. d. au plus tard en 71[6]. L’absence de lectio senatus durant de longues années faisait que les détenteurs du ius s. d. pouvaient apparaître comme des sénateurs de plein droit et justifier l’utilisation erronée de mouere au lieu de praeterire par Salluste à une époque où les deux verbes commençaient à désigner la même chose[7].


Salluste, qui le présentait comme flagitiis atque facinoribus coopertus, précise que l’exclusion était due à son probrum[8]. Nous nous trouvons ici face à un portrait traditionnel des citoyens punis par les censeurs qui concorde également avec le tableau des conjurés brossé par Salluste dans son œuvre. Pour éclairer le motif de l’exclusion[9], il faut nous intéresser à d’autres passages. Le premier est un fragment du discours de Cicéron In toga candida conservé par l’intermédiaire d’Asconius[10]. Le Q. Curius dont parle Cicéron est vraisemblablement le même que le Curius que dénigre son frère[11]. En effet les deux textes se préoccupent de la campagne de Cicéron pour le consulat et il serait surprenant qu’il s’agisse de deux Curius distincts. Cicéron dut réutiliser dans son discours un des arguments proposés par son frère. Il est donc presque sûr que le Curius ami de Catilina doive être identifié avec le Q. Curius dont parle Cicéron. Et ce Q. Curius évoqué par les frères Cicéron doit à son tour être identifié avec notre personnage en raison de ses liens avec Catilina[12]. Ainsi nous apprenons d’Asconius que Curius était un notissimus aleator, dont Licinius Calvus s’était moqué par un vers spirituel, et qu’il était mal famé si l’on en croit Q. Cicéron[13]. Nous pouvons obtenir confirmation de cette réputation de joueur grâce à une allusion de Cicéron[14] et une anecdote rapportée par Quintilien[15]. Q. Curius y apparaît comme un joueur invétéré, ce qui l’amène à des situations parfois périlleuses, frôlant peut-être la faillite. Ainsi Quintilien rapporte qu’on le peignait aut nudum eum in neruo aut ab amicis redemptum ex alea. Cette passion justifiait que Salluste parlât d’audax et elle fut sans doute le motif principal, associé si l’on en croit l’historien à sa légèreté et d’autres scelera, de son exclusion du Sénat par les censeurs de 70. Les jeux de hasard étaient en effet très mal vus à Rome et cette passion était indigne d’un sénateur[16]. Nous pouvons même envisager qu’elle l’avait amené à se voir privé de sa fortune, ou d’une grosse partie de celle-ci, comme le suggérait son accusateur d’après Quintilien[17].


Exclu du Sénat en 70, la carrière de Curius est sujette à débats jusqu’à l’épisode de la conjuration de Catilina. En effet les sources sont contradictoires et ont suscité des commentaires érudits. Curius est ainsi mentionné par Salluste comme membre de l’ordo senatorius lors de la fameuse réunion des conjurés de juin 64, désigné comme homo quaestorius dans le discours de Cicéron de la même année, In toga candida, et enfin il pourrait être le candidat au consulat de 64 dont parlait ce même Cicéron l’année précédente[18]. La première interprétation de ces textes fut donnée par M. Hölzl qui considéra que Q. Curius avait continué sa carrière après 70, qu’il était devenu préteur avant 67 de manière à pouvoir briguer le consulat de 64[19]. Pour résoudre la contradiction donnée par Asconius, il proposait de corriger quaestorius en praetorius. Puis F. Münzer, se refusant à modifier les textes, distingua deux Curius, l’un exclu du Sénat en 70 et partisan de la conjuration, l’autre candidat au consulat en 65[20]. Pour justifier sa solution, il mettait en avant la nécessité de parcourir de nouveau le cursus déjà accompli pour retrouver sa place au Sénat et briguer le consulat, ce qui était impossible en cinq ans. Ce dernier argument fut repris par L.‑A. Constans qui proposa une solution considérée depuis comme définitive à la lettre à Atticus[21]. Il corrigea Curius, mal établi dans les manuscrits, par Turius, c’est-à-dire L. Turius[22], le préteur de 75 en charge de la quaestio de repetundis[23]. Or le Brutus de Cicéron nous apprend qu’il avait échoué de peu au consulat, par conséquent il conviendrait comme candidat au consulat de 64[24]. La candidature de Curius au consulat écartée, le débat fut déplacé sur les autres textes puisqu’il s’agissait désormais de savoir si Curius avait exercé une seconde questure depuis son exclusion comme le laissaient entendre le fragment de Cicéron chez Asconius et Salluste. La question fut résolue en plusieurs étapes. D’abord l’analyse de Salluste par J. Linderski[25] a révélé que dans la liste des membres de l’ordo senatorius se trouvaient plusieurs personnages qui ne pouvaient pas être sénateurs à cette date. Autrement dit, la présence de Q. Curius dans cette liste ne prouve pas son appartenance au Sénat en juin 64 mais seulement qu’à un moment de sa vie il fut sénateur. Puis B. A. Marshall a démontré que le titre de quaestorius donné par Cicéron d’après Asconius à Q. Curius ne correspondrait qu’à la qualité d’un personnage ayant revêtu la questure et non au titre de sénateur de rang questorien[26]. Ainsi la théorie actuelle, présentée par la bibliographie la plus récente, est de considérer que Q. Curius fut questeur avant 70, exclu du Sénat à cette date, et ne put relancer sa carrière politique ce qui le mena à rejoindre la conjuration de Catilina en 64[27]. Cette reconstruction cohérente est néanmoins fragile.


En premier lieu, il faut reprendre le texte de Cic., Att., 1, 1, 2. L.-A. Constans a proposé de suivre la leçon de la classe Σ, considérée comme la meilleure, concordante avec la tradition indépendante des codici transalpini donnée par la citation de Bosius du manuscrit ayant appartenu à Jean de Tournes mort en 1564 (Zb), contre la version de la première main du Mediceus 49, 18, représentant la famille Δ, adoptée jusqu’à présent par les éditeurs. Cependant, il n’y a pas unanimité chez les philologues et il est curieux de remarquer que H. Sjögren, qui démontra la supériorité de la classe Σ, préféra néanmoins suivre M1 pour notre passage dans son édition[28]. De même, Boot qui avait opté pour Turium dans sa première édition, revint à Curium dans la seconde en admettant s’être trompé. Enfin, le fait que L.‑A. Constans recoure à une démonstration historique tend à prouver que les arguments philologiques ne permettent pas de conclure en faveur de l’une ou l’autre lecture.


En effet L.-A. Constans réfute la leçon de M1 donnant curum en avançant l’impossibilité pour Q. Curius exclu du Sénat en 70 d’accomplir une seconde fois l’ensemble du cursus jusqu’à la préture afin d’avoir le droit de briguer le consulat de 64, dans le respect de la lex Villia annalis et des lois syllaniennes codifiant la carrière. Or non seulement aucune source n’indique une telle obligation mais nous disposons de deux exemples contemporains qui attestent qu’un sénateur rayé de l’album n’avait pas à repartir de zéro : C. Antonius Hybrida et P. Cornelius Lentulus Sura[29]. L’exclusion du Sénat ne signifiait pas l’annulation des magistratures précédentes mais simplement le refus de considérer l’individu comme digne d’entrer dans la curie. La nota censoriale n’eut jamais d’effets légaux[30] de telle sorte qu’un prétorien exclu du Sénat restait un prétorien et pouvait, à ce titre, briguer le consulat, bien que cela eût été certainement très difficile[31]. Nous avons donc tout lieu de penser que l’argument qui faisait de Q. Curius un candidat impossible pour le consulat de 64 ne tient pas. De plus le L. Turius proposé par L.-A. Constans est présenté de manière assez sympathique par Cicéron dans le Brutus alors qu’il apparaît comme une nullité dans la lettre à Atticus, ce qui rend difficile l’identification. Ainsi, nous pensons qu’il est tout à fait possible que Q. Curius briguât le consulat de 64.


Sur ce point, revenons au texte de Cicéron. Ce dernier trouvait les deux candidats, Thermus et Silanus, si faibles qu’il aurait été possible de leur obducere Curius. Cela signifie soit que Curius était effectivement candidat et avait des chances de l’emporter en raison de la faible qualité de ses adversaires, soit que même un Curius aurait pu l’emporter s’il avait candidaté. Dans les deux cas, il nous paraît établi que, dans l’esprit de Cicéron, Curius avait le droit de briguer le consulat, c’est-à-dire qu’il avait été préteur au plus tard en 67. De ces deux hypothèses, la première nous semble préférable puisque l’échec à ces élections pourrait expliquer le ralliement de Q. Curius à la conjuration de Catilina l’année suivante[32]. Cependant, si Curius avait été préteur en 68 ou 67, pourquoi dans son discours de 64 Cicéron le désigne-t-il comme quaestorius[33] ? Nous avons déjà signalé que M. Hölzl proposait de corriger en praetorius, solution qui pourrait convenir. A. C. Clark émet, lui, dans son édition d’Asconius l’hypothèse de lire quaestuosus[34]. Cette correction plus légère a également le mérite d’éclairer la scholie d’Asconius. En effet les joueurs étaient toujours à la recherche d’argent pour pouvoir se livrer à leur passion. En adoptant cette correction, nous éliminons la contradiction mais aussi les limites posées à la carrière de Curius avant 70. La citation de Cicéron servait en effet à rappeler la honteuse exclusion du Sénat et son motif. La modification du texte d’Asconius nous permet de supposer que Curius mena une carrière avant 70, fut au moins questeur afin d’entrer au Sénat, peut-être même édile. Le fait que Cicéron cite Curius n’est pas anodin, il devait être un personnage connu, et six ans après la censure, sa mauvaise réputation dut être réactivée par la candidature et l’échec au consulat. Ce personnage était fameux et faisait partie de l’actualité, Q. Cicéron en parle également à Cicéron pour dénoncer les relations de Catilina, concurrent de son frère[35]. Or cette allusion de Q. Cicéron à des Curii ne peut, selon nous, que désigner notre Q. Curius, d’abord parce qu’on ne connaît aucun autre Q. Curius actif politiquement dans ces années, et ensuite parce qu’il semble être un personnage bien connu, au moins pour ses excès. Qui plus est Q. Cicéron le range parmi les amici ex curia, donc parmi les amis de Catilina membres du Sénat. Ce texte n’a jamais servi à prouver l’appartenance au Sénat de Q. Curius en ce début 64, que ce soit grâce à une seconde questure ou à une préture[36].


Arrivés à ce point, nous devons examiner les arguments mis en avant par F. X. Ryan pour réfuter l’appartenance de Q. Curius au Sénat en 63[37]. Selon lui les praemia accordés à Q. Curius pour son aide dans la répression de la conjuration constituent une preuve irréfutable. Pour cela nous avons un passage discuté, au moins quant à la date, du Pseudo-Asconius affirmant qu’un sénateur ne peut pas être un index[38]. Rien ne prouve que la règle, peut-être plus de fait que de droit, était déjà en vigueur au moment de la conjuration de Catilina. Toutefois, si nous l’admettons, la suite du texte est éclairante : Index est autem qui facinoris cuius ipse est socius latebras indicat impunitate proposita. L’indicateur est donc celui qui participait au délit et en sortait avec impunité au moment où il révélait ses informations. Or les exemples produits par F. X. Ryan de sénateurs ayant donné des informations sans recevoir de praemia ne correspondent pas à cette définition. Q. Fabius Sanga tout d’abord, qui n’était pas membre de la conjuration mais le patron des Allobroges et qui agit à ce titre en servant d’intermédiaire entre eux et Cicéron au moment où ils décidèrent de révéler ce qu’ils savaient[39]. Le second, L. Saienus, clairement désigné comme sénateur, ne fit que lire une lettre contenant des informations à une période où la Ville était en pleine effervescence et fourmillait de rumeurs après que la conjuration avait été révélée au grand jour[40]. Ainsi ni Fabius Sanga ni Saienus ne reçurent de praemia parce qu’ils ne furent pas des indices, non pas en raison de leur statut sénatorial, respectivement très probable et attesté, mais simplement parce qu’ils n’agirent pas en tant qu’index, c’est-à-dire de conjurés qui avoueraient leurs crimes et livreraient des informations, mais en tant qu’acteurs de la répression. La comparaison de ces deux cas avec celui de Q. Curius ne nous semble donc pas pertinente. En revanche, il reste indéniable que Curius avait participé à la conjuration, qu’il donna des informations à Cicéron[41] et qu’il reçut des praemia[42] ce qui pourrait le définir comme index et donc l’écarter du rang sénatorial[43]. Q. Curius participa en effet à la conjuration, cela est clairement affirmé par Salluste à diverses reprises[44]. Cependant Q. Curius se ravisa et trahit très vite la conjuration : « Dès son entrée en charge, à force de promesses il [Cicéron] avait obtenu par l’entremise de Fulvie que Q. Curius, dont j’ai parlé plus haut, lui livrât les plans de Catilina »[45]. Curius avoua tout à Cicéron a principio consulatus, donc dès janvier 63, époque où les conjurés n’avaient encore rien fait si ce n’est des projets. Et Curius continua à participer au complot puisqu’il informa ensuite Cicéron des meurtres prévus pour les élections consulaires à l’été 63[46]. Tout se passe comme si Curius jouait le rôle d’un espion infiltré pour le compte de Cicéron et de ses amis. À partir du moment où la conjuration fut combattue ouvertement, à la fin 63, Curius n’apparaît plus : son rôle était fini. En ne quittant pas la conjuration, en ne se remettant pas aux mains du consul et de l’État, Q. Curius ne suivait pas la procédure habituelle des indices telle qu’on la connaît au moins pour les Bacchanales[47]. Surtout Cicéron, en ce début 63, ne fit que multa pollicere d’après Salluste[48]. Il n’est nulle part question de fides publica alors que celle-ci fut accordée à Volturcius[49] et à Tarquinius[50]. Nous retrouvons cette formule pour la mystérieuse affaire Vettius où ce dernier réclama au Sénat la fides publica avant de révéler ce qu’il savait sur un soi-disant attentat contre Pompée[51]. Tout cela donne l’impression que Curius n’était pas considéré comme un index par Cicéron, mais plutôt comme un infiltré fournissant des informations. Le verbe pollicere renvoie selon nous plutôt à des rapports entre aristocrates, Cicéron encourageant Curius à révéler ce qu’il savait et à rester dans le complot pour continuer à le renseigner. Si Curius n’était pas un index au sens strict, qu’il ne bénéficiait pas de la fides publica, pourquoi reçut-il des praemia ? Cela pouvait être l’objet des promesses de Cicéron, des récompenses pour sa conduite exemplaire, ou du moins qualifiée comme telle, qui permit de protéger la République. Rien n’indique qu’il s’agissait des praemia prévues par le Sénat en échange d’informations sur la conjuration[52]. Ces praemia pouvaient certes être une somme d’argent, ce que pouvait apprécier un homo quaestuosus, mais aussi des honneurs et louanges quelconques[53]. Un dernier élément sur les praemia confirme le rang prétorien de Curius et qu’il n’était pas un index de la conjuration. Lorsque, par appât du gain ou afin de gagner des appuis au Sénat, il dénonça César comme complice de Catilina[54], ce dernier se défendit vivement et fit annuler les praemia qui lui avaient été accordés auparavant[55]. Tandis que Vettius dénonçait César à Novius Niger, Curius le faisait in senatu ce qui pourrait indiquer une appartenance au Sénat plutôt qu’une convocation comme index. Surtout, alors que César alla jusqu’à mettre en prison Vettius pour ses fausses accusations et même Novius Niger, pourtant questeur, il se contenta de faire priver Curius de ses praemia. Cette douceur envers Curius allait à l’encontre de ce qui avait été fait à L. Tarquinius quelques mois plus tôt lorsqu’il avait tenté d’impliquer Crassus dans le complot[56]. La conduite de César envers Novius Niger, questeur urbain chargé de recevoir et de payer les informations, ne s’explique selon F. X Ryan que par sa maior potestas[57]. Or, si Curius était bien un prétorien comme nous le supposons, la potestas de César, tout comme son auctoritas, étaient peut-être insuffisantes pour infliger un tel châtiment à Curius et il ne put que le priver de ses praemia. Ainsi, nous ne pensons pas que l’octroi de praemia était la preuve de son statut d’index lui-même preuve de sa non‑appartenance au Sénat. Au contraire, l’épisode relaté par Suétone nous semble un nouvel indice en faveur de son rang prétorien en 62.


En outre la privation des praemia ne dut pas remettre en cause l’éventuelle immunité accordée à Curius[58]. En effet, les praemia sont en général distingués de l’immunitas ou de la fides publica dans nos sources[59]. Donc soit Curius n’eut jamais besoin de l’immunitas, soit celle-ci ne fut pas remise en cause par César. De ce fait la condamnation mentionnée par Asconius ne doit pas porter sur un crime lié à la conjuration[60]. Celle-ci dut porter sur un autre délit qui lui fut reproché postea le discours de Cicéron In toga candida de 64 : soit ce fut une condamnation légère avant la conjuration qui ne remit pas en cause sa situation, soit une condamnation après la conjuration pour laquelle nous ne pouvons rien dire. En raison de la chronologie serrée de ces années 65-62, et puisque le procès date au plus tôt de 64, c’est-à-dire après l’échec de Curius au consulat donc à une période où Curius ne représentait un danger pour personne, nous préférons suivre la deuxième solution qui permet d’expliquer l’absence de Curius dans les années qui suivent la conjuration[61]. Nous pouvons éventuellement lier cette condamnation au procès dont parlait Quintilien[62], mais l’accusation reste inconnue. Rien ne prouve non plus qu’il s’exilât. Le passage des Philippiques le range à coup sûr parmi les aleatores désignés comme juges par Antoine, mais nous ne pouvons déterminer s’il faisait aussi partie des exsules[63]. Nous pouvons simplement conclure qu’il était proche d’Antoine et qu’il obtint de lui le droit d’être juge, mais ce poste ne permet pas de déterminer s’il était encore sénateur à cette époque.


En conclusion, nous pensons que Q. Curius fut au moins questeur voire édile avant 70 date à laquelle il fut chassé du Sénat entre autres pour sa passion du jeu et la mise en péril de son patrimoine. Comme d’autres exclus, il poursuivit sa carrière et parvint à la préture en 68 ou 67 mais échoua au consulat en 65. Déçu, il se lança aux côtés de Catilina mais le trahit rapidement, dès le début 63, et devint une sorte d’espion pour le compte de Cicéron et de ses alliés. Il espérait sans doute utiliser cela pour relancer sa carrière mais il alla trop loin en dénonçant César comme conjuré. Ses derniers espoirs furent peut-être brisés ensuite par une condamnation dont on ne sait rien. Il réapparaît en 44 comme juge choisi par Antoine, avant de disparaître de nouveau.


Nous ne connaissons aucun descendant de Q. Curius.






[1] Sall., Catil., 23, 1.


[2] Gruen 1974, p. 198 n. 141 ; Marshall 1978, p. 208.


[3] Liv., Perioch., 98, 2. Cf. MRR, 2, p. 126-127 et Suolahti 1963, p. 457-464.


[4] MRR, 2, p. 157 et 161 et Suolahti 1963, p. 464-475.


[5] Cf. Bur 2018, chapitre 4.1.


[6] Sur la date de la censure et sa questure : F. Münzer, loc. cit. ; K.-L. Elvers, loc. cit. ; MRR, 2, p. 122.


[7] Cf. Bur 2018, chapitre 4.2.


[8] Sall., Catil., 23, 1. App., BC, 2, 1, 3 signale également cette exclusion mais ne nous en donne pas la raison.


[9] A. O’Brien Moore, RE, Suppl. 6, 1935, s. v. Senatus, col. 689 se contente de signaler sa « schändliche Leben ».


[10] Ascon., p. 93 C.


[11] Q. Cic., Com. Pet., 10.


[12] C’est l’avis général des historiens, notamment des deux commentateurs d’Asconius Marshall 1985, p. 316 et Lewis 2006, p. 303.


[13] L’amitié de Catilina avec Curius est signalée par Q. Cicéron après celles qu’il entretient avec des histrions et des gladiateurs présentés comme ses compagnons de débauche.


[14] Cic., Phil., 5, 12-14 : nous suivons P. Wuilleumier, dans son édition du texte de la CUF qui préfère la leçon du manuscrit Vaticanus qui omet le prénom du Curius en question et qui considère donc le M’. comme une erreur ou une interpolation dans les manuscrits de la famille C et D.


[15] Quint., Inst. Or., 6, 3, 72 : Quintilien relate une anecdote sur un Manius Curius dont le nom est bien établi et développé. Il nous faut ici supposer une confusion de l’orateur (confusion possible car Cicéron avait parmi ses clients un M’. Curius, negotatior – cf. David 1992, p. 162-163 et 805) ou des premiers copistes. Cette erreur a peut-être un lien avec celle signalée à la note précédente. En outre F. Münzer, RE, suppl. 3, 1918, col. 265 identifie le compagnon d’Antoine et l’accusé présenté par Quintilien.


[16] Sur les leges aleariae, voir Bur 2018, chapitre 12.10.


[17] Si le jeu le conduisit à perdre sa fortune, alors le motif aurait été le même que celui de C. Antonius Hybrida (cf. notice n° 20).


[18] Sall., Catil., 17, 3 ; Ascon., p. 93 C. ; Cic., Att., 1, 1, 2.


[19] Hölzl 1890, p. 32-33.


[20] Ainsi nous avons F. Münzer, RE, 4/2, 1901, col. 1839, n° 1 et col. 1840, n° 7 s. v. Curius.


[21] Constans 1931, p. 222-223 dont la lecture fut suivie notamment par Shackleton Bailey, CLA, 1, p. 292‑293 puis dans 1991, p. 20 et 1992, p. 42 mais aussi par Wiseman 1971, p. 267-268, n° 448 ; Nicolet 1972, p. 177-178 ; Gruen 1974, p. 177 n. 58 ; Marshall 1985, p. 317 ; Deniaux 1993, p. 488 ; Brennan 2000, 2, p. 749 maintient un Q. Curius préteur en 67 ? en s’appuyant sur la candidature mais dans sa note 324, p. 915 il signale la possibilité de lire Turius dans la lettre de Cicéron.


[22] F. Münzer, RE, 7A/2, 1948, col. 1388-1389, n° 2 s. v. Turius ; Sumner 1973, p. 127, n° 179.


[23] MRR, 2, p. 97 qui reprend la théorie de Münzer d’une confusion entre L. Furius et L. Turius dans Ps. Ascon., p. 193 St.


[24] Cic., Brut., 237. L’échec à ces élections est évident puisque nous savons que les consuls de 64 furent L. Julius Caesar et C. Marcius Figulus, cf. MRR, 2, p. 161. Le long intervalle entre la préture de Turius, en 75, et sa candidature au consulat n’est pas un problème et il y a d’autres cas similaires.


[25] Linderski 1963.


[26] Ryan 1994 qui s’appuie notamment sur la qualification de consularis de Cornelius Lentulus Sura dans Vell., 2, 34, 4 pour réfuter la seconde questure défendue par Marshall 1978 et 1985, p. 316-317 et Lewis 2006, p. 303.


[27] Ainsi K.-L. Elvers, Brill’s New Pauly, 3, p. 1017, [3].


[28] Sjögren 1910 et 1916.


[29] Cf. notice n° 20 et 22. Signalons également l’exemple bien antérieur de C. Licinius Geta (notice n° 14) : ce consul de 116 fut chassé du Sénat par les censeurs de 115 et devint malgré cela censeur en 108. L’intervalle entre les deux censures ne laisse pas le temps à Geta de recommencer l’intégralité de son cursus afin de briguer la censure


[30] Cic., Cluent., 120.


[31] Cf. Bur 2018, chapitre 20.1.2.


[32] On sait que les consuls de 64 furent L. Julius Caesar et C. Marcius Figulus : cf. MRR, 2, p. 161.


[33] Ascon., p. 93 C.


[34] Clark 1907, p. 93 indique en marge du texte : fort. quaestuosum.


[35] Q. Cic., Com. Pet., 10.


[36] Le parallèle avec le texte de Salluste (C., 17, 3) ne nous semble pas pertinent : pourquoi Q. Cicéron accorderait-il, dans une lettre à son frère, le rang de sénateur à Curius s’il avait été exclu du Sénat en 70 sans y être revenu ? Nous pouvons envisager une plaisanterie de Quintus si Annius avait été également exclu en 70 mais rien ne vient étayer cette hypothèse. La dernière possibilité serait un jeu de mots de Quintus Cicéron qui sous-entendrait eiectus. Au lieu de désigner les amis sénateurs de Catilina, il rappelerait que l’adversaire de son frère fréquentait des individus exclus du Sénat par les censeurs. Toutefois, cette dernière hypothèse pourrait être à double sens : Curius pouvait être e curia et eiectus e curia. Aussi nous préférons comprendre que l’expression désigne ici un sénateur.


[37] Ryan 1994, p. 259-260.


[38] Ps. Ascon., p. 197 St. : neque senatoria persona potest indicium profiteri saluis legibus.


[39] Sall., Catil., 41, 4-5. Ajoutons que ce Q. Fabius Sanga, inconnu par ailleurs, n’est pas qualifié de sénateur, nous pouvons simplement le supposer à partir de sa fonction de patrocinium cf. Harmand 1957, chapitres 1 et 4.


[40] Sall., Catil., 30, 1-2. En outre rien ne prouve que les prodiges et rumeurs qui circulaient alors étaient le fait de sénateurs comme l’affirme F. X. Ryan.


[41] Sall., Catil., 26, 3 et 28, 2 ; App., BC, 2, 3.


[42] Suet., Iul., 17.


[43] C’est l’argument de David 1986, p. 85 pour montrer que les indices étaient des gens de faible statut pour qui la fides publica était une garantie essentielle visant à remplacer les relations de protection qu’ils pouvaient trahir et les praemia une nécessité pour leur garantir une nouvelle vie et un nouveau statut.


[44] En particulier Sall., Catil., 17, 3.


[45] Sall., Catil., 26, 3.


[46] Sall., Catil., 28, 2.


[47] Liv., 39, 11-14.


[48] Sall., Catil., 26, 3.


[49] Sall., Catil., 47, 1 et Cic., Cat., 3, 8.


[50] Sall., Catil., 48, 3.


[51] Cic., Att., 2, 24, 2.


[52] Sall., Catil., 30, 5-6. D’ailleurs Curius n’est pas associé aux indices sérieux, Volturcius et les Allobroges dans le passage Sall., Catil., 50, 1.


[53] Cic., Cat., 3, 26 : « Pour de si grands services, je ne réclame de vous, citoyens, aucune des récompenses dues à la vertu (praemium uirtutis), aucune marque d’honneur (nullum insigne honoris), aucun monument de gloire (nullum monumentum laudis) ». Cicéron pourrait se grandir face à Curius, qui pouvait se prévaloir comme un autre héros de la répression, en refusant le praemium uirtutis qu’avait pu réclamer et accepter Curius.


[54] Gruen 1974, p. 286 précise qu’il s’agissait pour les inimici de César non d’obtenir sa condamnation, mais d’ébrécher son image déjà plus ou moins ternie par les événements de début janvier 62. Voir notice n° 124.


[55] Suet., Iul., 17.


[56] Sall., Catil., 48, 5-9.


[57] Ryan 1995a.


[58] Étant plutôt considéré comme un espion ayant abandonné la conjuration dès le début 63, il ne devait pas pouvoir être inquiété.


[59] Sall., Catil., 30, 6 : libero inpunitatem eius rei et sestertia ducenta ; Liv., 39, 19, 7 : De ceterorum indicum impunitate praemiisque consulibus permissum est ; App., BC, 1, 54 : ἐλευθέρῳ μὲν ἀργύριον, δούλῳ δὲ ἐλευθερίαν, συνεγνωκότι δὲ ἄδειαν·.


[60] Ascon., p. 93 C. ; cf. Alexander 1990, p. 109, n° 218. Gruen 1974, p. 526 s’appuyant sur l’immunité accordée à Curius comme délateur propose comme dates pour le procès soit 64 si la condamnation n’impliquait pas l’exil soit après 63 mais sans lien avec la conjuration.


[61] Curius devait vouloir mettre à profit sa participation à l’écrasement de la conjuration pour relancer sa carrière et redorer son blason, mais l’épisode des praemia dut réactiver la mauvaise réputation dont il souffrait et le fragiliser suffisamment pour qu’il soit condamné peu après. Il est d’ailleurs intéressant de constater que Curius n’apparaît jamais dans les discours publiés de Cicéron, les Catilinaires, peut-être en raison d’une concurrence de Curius que Cicéron méprisait (Att., 1, 1, 2 ; Q. Cic., Com. Pet., 10 et plus tard encore Phil., 5, 12-14) et qu’il considérait avoir manipulé pour obtenir des informations grâce à ses promesses (Sall., Catil., 26, 2 présente alors le consul comme un homme adroit).


[62] Quint., Inst. Or., 6, 3, 72.


[63] Cic., Phil., 5, 12-14 et 8, 27.

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