Infames Romani

Mauvais escrimeurs

Numéro
99
Identité
Catégorie
Punitions militaires infamantes
Sous catégorie
Peine humiliante
Date de l'épisode
98
Références prosopographiques

Attention ! L'épisode se situe dans la période classique sans qu'on puisse en dire plus.

Source
Source

Veget., 1, 13 : Ex quo intellegi debet, quantum exercitatus miles inexercitato sit melior, cum armatura utcumque eruditi reliquos contubernales suos bellandi arte praecedant. Ita autem seuere apud maiores exercitii disciplina seruata est, ut et doctores armorum duplicibus remunerarentur annonis et milites, qui parum in illa prolusione profecerant, pro frumento horeum cogerentur accipere, nec ante eis in tritico redderetur annona, quam sub praesentia praefecti legionis, tribunorum uel principiorum experimentis datis ostendissent se omnia, quae erant in militari arte, complere.


Une preuve évidente des avantages de cet exercice, c’est la grande supériorité de celui qui connaît un peu l’escrime obtient sur tous ses compagnons. Nos pères introduisirent à cet égard une discipline sévère. Si le maître d’armes touchait, à titre de gratification, une ration double, le soldat, dont les progrès n’étaient point satisfaisants, était condamné à recevoir de l’orge au lieu de blé, et sa ration de froment ne lui était rendue qu’au jour où, en présence du préfet de légion, des tribuns et des centurions principaux, il montrait, dans une série d’épreuves, qu’il était en état de répondre à toutes les exigences du métier (trad. V. Develay, 1859).

Notice
Notice

Végèce, dans son traité d’art militaire, nous renseigne sur une pratique en vigueur dans les armées impériales et peut-être déjà républicaines. Lorsque le maître d’armes jugeait les progrès en escrime d’un soldat trop faibles, celui-ci recevait des rations d’orge. Cette punition, qui frappait à l’origine ceux qui avaient survécu à une décimation, était devenue indépendante depuis au moins 209[1]. Elle fut reprise dans le cadre de l’entraînement des légionnaires parce qu’elle permettait à peu de frais d’humilier ceux qui ne mettaient pas suffisamment de cœur à l’ouvrage et de les inciter à changer leur comportement. En leur donnant la nourriture habituellement réservée aux esclaves et aux bêtes, on les blessait dans leur amour propre et on les stigmatisait, les incitant ainsi à s’améliorer pour retrouver leur place au sein du groupe. Comme souvent en effet, la punition s’arrêtait lorsque le fautif avait prouvé qu’il s’était racheté. Ici, cette procédure était standardisée par le passage de quelques épreuves attestant des progrès accomplis. En l’absence de toute indication, il est difficile de dater cette pratique : lorsque Végèce parlait des maiores, désignait-il les Romains de l’époque républicaine ou déjà les officiers du règne d’Auguste ? Rien ne permet de conclure.






[1] Cf. Bur 2018, chapitre 1.3.1.

Bibliographie
Bibliographie

Bur 2018 : Bur C., La Citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 avant J.-C. – 96 après J.-C.), Rome, 2018.


Clément Bur, Infames Romani n°99, Albi, INU Champollion, Pool Corpus, 2018, mis à jour le