Suet., Tib., 19, 1 : Disciplinam acerrime exegit animaduersionum et ignominiarum generibus ex antiquitate repetitis atque legato legionis, quod paucos milites cum liberto suo trans ripam uenatum misisset, ignominia notato.
Tout à fait rigoureux en matière de discipline, il remit en usage diverses punitions et flétrissures d’autrefois et nota d’infamie même un légat de légion, qui avait envoyé quelques soldats chasser au-delà du fleuve avec son affranchi (trad. H. Ailloud, CUF).
À la suite du désastre de Varus, Tibère, de retour en Germanie, reprit en main les légions du Rhin. Devant une telle humiliation pour Rome, Tibère aurait ressuscité l’ancienne disciplina aux dires de Suétone. Ce dernier se contente pourtant de signaler un simple exemple de dégradation bien éloigné de la férocité des châtiments d’autrefois comme la décimation. Un légat fut en effet ignominia notatus et cette expression issue du vocabulaire censorial désigne bien évidemment une procédure comparable, c’est-à-dire la perte du rang et la consignation de celle-ci dans les registres militaires avec son motif[1]. Le légat, amateur de gibier sans doute, avait envoyé quelques soldats chasser de l’autre côté du Rhin. Tibère, qui avait montré une extrême prudence impliquant une grande austérité[2], considéra sans doute que l’officier n’avait pas conscience de la situation et qu’il agissait de façon trop légère.
[1] Cf. Bur 2018, chapitre 4.5.
[2] Suet., Tib., 18, 2-3.
Bur 2018 : Bur C., La Citoyenneté dégradée : une histoire de l’infamie à Rome (312 avant J.-C. – 96 après J.-C.), Rome, 2018.